Depuis mercredi, YouTube a renforcé sa politique sur le harcèlement, afin de bannir de sa plateforme les « menaces cachées ou implicites » ainsi que les insultes diffamatoires basées sur l’ethnie, le genre ou l’orientation sexuelle. Cette décision fait polémique, certains créateurs de contenu étant sceptiques quant à la capacité de l’entreprise de faire respecter ces nouvelles règles.
La nouvelle politique interdit désormais toutes les « menaces cachées ou implicites », et plus seulement les menaces explicites, comme c’était le cas auparavant, explique Matt Halprin, vice-président de YouTube et responsable de la sécurité sur la plateforme. Les directives interdisent également le contenu « simulant de la violence envers un individu ou des termes impliquant que des violences physiques pourraient avoir lieu ».
Les youtubeurs ne pourront donc plus faire des vidéos qui « insultent quelqu’un sur la base de ses caractéristiques personnelles comme son ethnie, son genre ou son orientation sexuelle ». YouTube estime que cela empêchera tout vidéaste de gagner de l’argent sur la plateforme s’il « enfreint notre politique de harcèlement de manière répétée ». Si malgré tout ce genre de comportement venait à se reproduire, l’entreprise annonce qu’elle prendra les mesures nécessaires, notamment en bloquant le compte concerné ou en le supprimant définitivement.
YouTube a déclaré avoir rencontré des organisations de lutte contre le harcèlement en ligne, des défenseurs de la liberté d’expression et des organisations politiques de tous les partis afin de les informer de ce changement dans sa réglementation. Celui-ci intervient six mois après la polémique concernant Steven Crower, un vidéaste ayant insulté un journaliste de Vox, Carlos Maza, pendant des mois, et la réaction de YouTube à ce sujet. La plateforme avait en effet conclu que Steven Crower n’avait pas transgressé sa politique concernant le harcèlement et les discours haineux, mais avait tout de même démonétisé sa chaîne, l’empêchant ainsi de gagner de l’argent grâce à ses vidéos.
Par ailleurs, la plateforme de vidéos la plus populaire au monde s’efforce de combattre les vidéos faisant l’apologie du suprémacisme blanc et d’autres exemples flagrants de discours haineux, mais les médias ont constaté que YouTube n’était pas cohérent. En juin dernier, Forbes vous parlait des vidéos « niant l’existence d’événements violents dont la réalité est avérée, comme l’Holocauste » qui sont désormais retirées de la plateforme, tandis qu’au mois d’août, un groupe de vidéastes a intenté une action en justice contre YouTube pour discrimination contre les youtubeurs LGBTQ. La plateforme a également été accusée d’être plus clémente avec les youtubeurs à succès.
Carlos Maza, le journaliste victime de harcèlement sur YouTube, a annoncé dans un tweet : « Ces politiques ne fonctionnent que si YouTube est prêt à faire tomber ses vidéastes dissidents les plus populaires. Pour l’instant, il n’y a aucune raison de croire qu’ils en seraient capables ».
Il poursuit : « Les insultes ne sont qu’une petite partie du problème sur YouTube. Le plus gros problème, c’est le contenu haineux qui cible des groupes entiers. Ben Shapiro qui fait l’amalgame entre musulmans et terroristes. Lauren Southern qui s’insurge contre les “migrations massives”. Il s’agit bien d’un discours haineux, mais avec le sourire ».
TL;DR: YouTube loves to manage PR crises by rolling out vague content policies they don't actually enforce.
These policies only work if YouTube is willing to take down its most popular rule-breakers. And there's no reason, so far, to believe that it is.
— Carlos Maza (@gaywonk) December 11, 2019
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