Cela m’arrive plus souvent que j’aimerais l’admettre : je suis dans une file d’attente, je sors mon mobile, j’ouvre Facebook, je consulte mon mur, je ferme l’application… et la rouvre négligemment comme si je ne venais pas juste de m’en servir.
Vous êtes coutumier du fait ? Ces activités redondantes induites par l’ennui, de même que les vibrations du téléphone et l’insomnie due à la consultation d’écran juste avant le coucher, sont un phénomène qui n’existait pas il y quelques années. Mais depuis l’annonce du premier iPhone, il y a tout juste dix ans, les inquiétudes autour de ces appareils qui transforment leurs utilisateurs en robots sans cervelle ont atteint un point culminant.
Alors, Internet est-il vraiment mauvais pour votre cerveau ? Voici ce que nous en savons.
1. Internet ne nous grille pas le cerveau…
Avoir la réponse à n’importe quelle question dans la poche n’est pas en soi une mauvaise chose. « Le quotient intellectuel moyen de la population dans sa globalité augmente tous les 10 ans », déclare Alvaro Fernandez, dirigeant de Sharp Brains, une entreprise de neurosciences appliquées. « Le quotient intellectuel n’est pas la seule chose qui importe, mais si quelque chose était extrêmement nocif pour le cerveau, nous l’aurions déjà relevé ».
2. … mais l’ennui est bon pour la réflexion.
Cal Newport, professeur d’informatique à Georgetown, est plus nuancé. Il n’a pas de compte sur les réseaux sociaux. « Ces technologies créent une dépendance », explique-t-il. « Votre cerveau développe un réflexe de type Pavlovien lorsque, à la moindre manifestation d’ennui, au plus petit manque de stimulation, vous avez besoin d’ouvrir l’application ». Il n’avance pas que Facebook entrave votre développement professionnel, mais il croit que la disponibilité immédiate de distractions faciles empêche la concentration et ne motive pas à la réflexion.
3. Vous n’êtes probablement pas dépendant de votre smartphone.
Les utilisateurs de smartphones ont peut-être un comportement Pavlovien en réponse à l’ennui, mais le terme « dépendance » est sans doute trop fort. D’un point de vue psychologique, pour parler de dépendance, il faut que l’objet ou le comportement cause une véritable détresse à la personne qui s’en sert ou qui agit d’une certaine façon. Dans une étude récente, des chercheurs ont tenté de trouver un lien entre le jeu sur internet et la dépendance. Bien que 2 ou 3 % des sujets présentaient suffisamment d’autres symptômes pour qualifier leur état de dépendance, très peu de personnes en était vraiment préoccupé. Environ 75 % des joueurs sur internet ne présentent aucun symptôme (ils aiment juste jouer). Si la recherche sur la dépendance au jeu sur internet peut être extrapolée à internet dans son ensemble – ce qui constituerait une catégorie d’étude trop large – il n’y pas à s’inquiéter de conséquences psychologiques dans le cadre d’une utilisation normale de son smartphone.
4. Les inquiétudes les plus importantes sont plus immédiates.
Avez-vous déjà vu quelqu’un à ce point plongé dans son smartphone qu’il se cogne contre un poteau ? C’est là que le danger arrive. En 2014, 3 180 personnes ont été tuées aux Etats-Unis à cause d’une distraction au volant, et souvent à cause d’un smartphone. 431 000 autres ont été blessées. Apprendre à vivre sans votre mobile n’est pas seulement bon pour vos capacités intellectuelles, c’est aussi un moyen très important de rester en vie.
5. Les enfants ont besoin d’apprendre à vivre dans la vraie vie avant d’entrer dans le monde numérique
Alavaro prévient : « Nous devons faire très attention aux enfants. Les appareils intelligents créent une dépendance si les enfant y sont confrontés trop tôt. Les adultes doivent empêcher les enfants d’être sans cesse distraits ». Il compare smartphones et consorts aux voitures. « Lorsque les automobiles sont arrivées sur le marché, elle étaient plutôt dangereuses, non pas en raison de leur technologie, mais parce que les humains ne savaient pas encore bien s’en servir. De la même façon que nous faisons évoluer le code de la route, nous ferions mieux d’intégrer les appareils connectés à nos vies plutôt que d’être distraits par eux. Mais pour apprendre à se concentrer et à suivre les règles, les enfants doivent pouvoir appréhender le monde qui les entoure sans compter sur un écran ».
Alors, non, votre iPhone ne vous grille pas le cerveau. Mais, non, vous ne devriez pas le sortir de la poche à chaque fois que l’ennui pointe. Et essayez de relever le nez de temps en temps, vous éviterez le poteau.
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