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Voitures Autonomes : Les Développeurs Américains Veulent Aller Trop Vite, Selon Un Ingénieur De BMW

voiture autonome
TF-Images/Getty Images

L’ingénieur en chef de BMW a suggéré cette semaine que l’accident mortel impliquant une voiture autonome Uber était « inévitable », en insistant sur le fait que ce véhicule n’était pas assez sophistiqué pour pouvoir se déplacer de manière autonome en toute sécurité. Klaus Fröhlich, le directeur du développement du conseil de gestion du groupe BMW, a ensuite ajouté qu’aucun constructeur ou aucune entreprise spécialisée dans les nouvelles technologies ne disposaient de capteurs ou de systèmes informatiques assez développés pour commencer la production de voitures autonomes de niveau 4 ou 5 en vue d’une commercialisation.

Lors de la conférence annuelle du groupe BMW, Klaus Fröhlich a déclaré qu’il était « très regrettable » qu’Elaine Herzberg ait été tuée par une voiture autonome qui n’a ni freiné, ni dévié de sa trajectoire pour l’éviter, alors qu’elle traversait la route à côté de son vélo à Tempe en Arizona.

L’objectif premier des voitures autonomes est justement d’éviter les accidents de cette nature, surtout dans des conditions aussi optimales. Mais dans le cas présent, le véhicule n’a pas réagi.

« Pour l’instant, étant donné la qualité et les capacités des capteurs, des performances et de la vitesse du traitement informatique, il n’est pas possible de faire fonctionner des voitures entièrement autonomes sans accidents », explique Klaus Fröhlich.

BMW dispose de partenariats étroits avec deux des plus grands fournisseurs mondiaux dans ces deux domaines. D’un côté, il y a MobilEye, spécialiste de systèmes de vision informatisée à l’aide de caméras, et de l’autre, Intel, qui booste la puissance informatique, la redondance et la fiabilité du système de traitement de données.

Mais Klaus Fröhlich a néanmoins précisé que BMW ne ralentirait pas le développement de ses véhicules autonomes. Selon lui, en Europe, la vitesse de développement est plus raisonnable et réfléchie que dans certains États des États-Unis : « Nos prédictions quant au développement des véhicules autonomes restent inchangées malgré la gravité indéniable de cet accident. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir proposer des véhicules autonomes à la vente. Il ne s’agit surtout pas d’une course ».

Cette année, BMW doublera sa flotte de véhicules autonomes pour atteindre 80 unités afin de mettre en œuvre ses programmes d’essais avec des partenaires tels qu’Intel ou MobilEye en Allemagne, en Israël et en Californie.

Tous les prototypes autonomes de BMW se servent, entre autres, de caméras thermiques. Le véhicule d’Uber ne disposait pas de cette technologie et l’accident mortel a eu lieu la nuit, alors que le radar ou le lidar auraient dû détecter la présence de cette piétonne.

BMW devrait débuter ses essais de véhicules autonomes de niveau 5 (c’est-à-dire, entièrement autonomes) avec les clients de sa flotte à Hambourg cette année, si, et seulement « si nous pouvons le faire en toute sécurité ».

BMW n’a pas encore fait 250 millions de kilomètres d’essais, mais seulement 20 millions avec chaque véhicule, collectant au passage 40 téraoctets de données par jour. Le comptage des kilomètres est simulé grâce à des programmes virtuels de supercalculateurs : « Dans un environnement spécifiquement conçu pour les véhicules autonomes, il est plus facile d’anticiper la réaction des autres usagers de la route, explique Klaus Fröhlich. C’est donc plus facile de programmer les reflexes des véhicules et cela peut même permettre à une voiture d’être équipée de moins de capteurs et de moins de puissance informatique qu’un véhicule devant circuler dans le trafic normal avec beaucoup de facteurs aléatoires comme des coursiers à vélo par exemple ».

Les poursuites judiciaires auxquelles Uber s’expose, malgré son poids actuel, représentent un test pour l’entreprise dont la courte histoire est déjà jonchée de scandales, marqués par une culture d’entreprise immature, de mensonges ou de fraudes qui ont déçu ses concurrents, ses clients, ses chauffeurs ainsi que les autorités à tous les niveaux.

Même son programme de développement de véhicules autonomes a été criblé de polémiques. La plus célèbre d’entre étant le retrait du permis de circuler pour sa flotte de seize véhicules en Californie en 2016 pour avoir refusé d’obéir à certaines conditions imposées par l’État.

Dans un tweet qui a depuis très mal vieilli, Doug Ducey, le gouverneur de l’Arizona disait : « Voilà à quoi ressemble la surréglementation ! », en réaction à la décision de la Californie de retirer son permis à Uber et avant d’inviter sa flotte à poursuivre ses essais sur les routes de l’État de l’Arizona.

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