Dans un article résumant les remarques faites lors d’une précédente conversation, Elon Musk, le fondateur et PDG de Space X, expose son argument de la faisabilité d’une « ville autarcique sur Mars, » approfondissant une vision qu’il avait déjà formulée en 2012, et qui a continué de mûrir depuis.
Si Elon Musk a une préoccupation, c’est bien sa croyance dans la nécessité pour l’Homme de devenir une « espèce multi-planétaire. » L’alternative à cela, selon lui, est que si nous restions confinés à la planète Terre, l’humanité se retrouverait face à une extinction inévitable, laquelle pourrait donc être empêchée par la colonisation d’autres planètes (au moins jusqu’à l’effondrement de l’Univers suite à des températures trop élevées, ce qui rendrait tout type de vie impossible, mais qui nous laisse des milliards d’années supplémentaires, que nous n’aurions pas autrement.)
Pourquoi Mars, plutôt que la lune, pourtant plus proche et qui pourrait sembler plus accessible pour l’humanité ? Elon Musk a plusieurs arguments en faveur de la planète rouge.
« Je pense que devenir multi-planétaire en commençant par la lune est compliqué, car elle est bien plus petite qu’une planète, » écrit-il. « Elle n’a pas d’atmosphère. Elle n’est pas aussi riche en ressources que Mars. Sa journée comprend 28 heures, quand celle de Mars est de 24.5 heures. En général, Mars présente bien plus les caractéristiques nécessaires à l’établissement d’une civilisation autarcique. »
Il y existe aussi un facteur amusant, sur la planète Mars, ajoute Elon Musk. « Ce serait assez drôle d’être sur Mars car nous jouirions d’une gravité d’à peu près 37% de celle de la Terre, ce qui signifie que nous pourrions soulever de lourds objets et bondir dans tous les sens. »
L’une des grandes raisons pour lesquelles beaucoup de personnes devraient aller sur Mars, toujours selon Elon Musk, est que cela permettrait de diminuer le coût du voyage. Cela est possible, avec une approche de « style Apollo », qui aurait un « coût optimiste » d’à peu près 10 milliards par personne. « On ne peut créer une civilisation autarcique si le prix du billet est de 10 milliards par personne. »
À la place, son but pour Space X est de diminuer le coût pour qu’il soit « à peu près équivalent au prix moyen d’une maison aux Etats-Unis, lequel est d’environ 200 000 dollars. »
Bien sûr, parvenir à ce coût ne serait pas chose aisée, précise-t-il. « C’est assez délicat car nous devons trouver comment diminuer considérablement le coût des voyages sur Mars. »
Il pense néanmoins qu’il existe un certain nombre de facteurs qui pourraient rapidement décroître le coût du voyage sur Mars. Tout d’abord, il y a la réutilisation des vaisseaux spatiaux. Ensuite, il y a l’idée de ravitailler le vaisseau en combustible lorsqu’il est en orbite. Et enfin, l’idée de produire du combustible sur Mars (pour que l’on n’ait pas à le faire venir de la Terre).
En septembre dernier, Elon Musk a révélé que Space X avait déjà commencé à investir des millions de dollars dans le développement d’un vaisseau interplanétaire, qui pourrait transporter cent passagers à la fois sur Mars. Elon Musk pense qu’il faudrait au moins un million de personnes pour une colonie indépendante, et concède donc le fait qu’il faudrait « beaucoup de vols » pour y arriver, signifiant que cela prendrait « de 40 à 100 ans pour parvenir à une civilisation sur Mars pleinement autarcique. »
Le premier pas vers une colonie martienne est d’obtenir un vaisseau spatial pour Mars. Dans cette visée, Space X planifie actuellement d’envoyer l’un de ses vaisseaux Dragon sur Mars en 2020. (C’était originellement prévu pour 2018, mais l’échéance a été repoussée cette année pour que l’entreprise puisse se concentrer sur ses missions avec équipage sur la Station spatiale et le développement de sa fusée Falcon Heavy, les deux projets étant également en retard.)
Après cela, l’entreprise souhaite continuer à développer son système de vaisseau spatial interplanétaire, qui pourrait en fin de compte rapporter quelques bénéfices, sur Terre, à l’entreprise. « Peut-être existe t-il un marché pour le transport très rapide d’objets à travers le monde, en partant du principe que nous pouvons atterrir quelque part où le bruit n’est pas un problème, car les fusées sont très bruyantes. Nous pourrions transporter des cargaisons n’importe où sur Terre en 45 minutes tout au plus, » écrit Elon Musk dans son article. « Par conséquent, nous pourrions aller presque partout sur Terre en 20-25 minutes. Si une plateforme flottante existait près de la côte new-yorkaise, à une trentaine de km environ, on pourrait aller de New York à Tokyo en 25 minutes, et traverser l’Atlantique en 10 minutes. Le plus long serait de monter à bord, puis le reste irait très vite. Ainsi, il y a des possibilités intéressantes de ce côté-là, bien que nous ne comptions pas là-dessus. »
Elon Musk est, comme toujours, assez offensif avec son planning, déclarant qu’une période de 10 ans est suffisante pour faire partir les premiers colons, « si les choses se déroulent super bien. » Il admet pourtant ne pouvoir dire avec certitude de quoi cette période de temps sera faite. Il affirme en revanche clairement qu’établir une civilisation sur Mars est sa vision pour son entreprise, sans considération du temps que cela prendra.
« Il existe énormément de risques. Cela va coûter très cher, » prévient Elon Musk. « Il y a de fortes chances que nous n’y arrivions pas, mais nous ferons de notre mieux et essaierons de faire le plus de progrès possible. »
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