Le pilulier connecté, nouvelle création de Medissimo, une entreprise française de l’e-santé dédiée au bon usage du médicament. L’entreprise a pris le virage numérique il y a quatre ans en remportant le premier prix de l’innovation au Consumer Electronics Show de Las Vegas. Depuis, elle se concentre sur le développement d’applications web à destination des pharmaciens et des aidants, afin de réduire les taux de non-observance thérapeutique.
Alors que le gouvernement vient de dévoiler un plan pour les aidants, Forbes a pu rencontrer Caroline Blochet, fondatrice et PDG de Medissimo. Cette entreprise française de l’e-santé propose des piluliers connectés et sécurisés en pharmacie par une application web.
Bonjour Caroline Blochet, qui êtes-vous ?
Caroline Blochet : Docteur en pharmacie, j’ai complété mon cursus par un diplôme en école de commerce avant de démarrer mon parcours dans les secteurs de la pharmacie et des services aux personnes âgées à partir de la pharmacie. C’est ma propre expérience en officine et mon profond intérêt pour l’e-santé qui m’ont poussée à me questionner sur l’amélioration de la délivrance et du suivi des traitements des patients chroniques. Je me suis dis que le numérique pouvait aider, et j’ai donc décidé de fonder Medissimo.
Que propose Medissimo ?
Medissimo est une entreprise française qui conçoit, produit et commercialise plusieurs piluliers destinés à être préparés directement en pharmacie à l’aide d’une plateforme numérique et d’un QR code. Nous avons d’ailleurs été récompensés au CES de Las Vegas de 2014 pour notre pilulier connecté ! Depuis, nous avons développé Médication : une application mobile iOS et Android de suivi des médicaments à distance par les aidants.
Quel est le rôle de la plateforme numérique ?
À partir de 2014, Medissimo prend le virage numérique pour couvrir l’intégralité du circuit du médicament à partir de sa plateforme en hébergement de données de santé. En 2019, Medissimo commercialise la nouvelle application web SIAPDA en pharmacie pour sécuriser la mise en pilulier (PDA), remplaçant ainsi le système d’information historique. Côté infirmiers, Medissimo propose SIAAM, une application web pour la qualité du suivi médicamenteux qui sécurise le circuit du médicament en permettant la traçabilité de l’administration du traitement préparé en pharmacie. Sans oublier côté médecins, notre application web de bon usage du médicament en établissement (IATRO) permettant le suivi d’indicateurs pour conduire la politique de réduction du risque d’hospitalisation dû aux médicaments. Le suivi s’effectue en temps réel avec des alertes, sur le risque de chutes notamment.
« Chaque année, la non-observance thérapeutique fait 8 à 12 000 victimes soit deux à trois fois plus que le nombre de tués sur les routes françaises. » Pouvez-vous m’expliquer ce qu’est la non-observance thérapeutique ?
C’est le non respect de la prescription médicale. Le défaut d’observance a pour effet de réduire, voire d’anéantir, l’efficacité des médicaments, de ne pas permettre leur évaluation et leur adaptation judicieuse, et, dans certains cas, de conduire à des complications de la maladie, voire à une hospitalisation. L’observance est en moyenne de 77 %, alors qu’elle passe à 98 % grâce aux piluliers sécurisés. Chaque année, la non-observance thérapeutique fait 8 à 12 000 victimes soit deux à trois fois plus que le nombre de tués sur les routes françaises. En 2000 l’OMS déclarait également que « résoudre le problème de la non observance thérapeutique serait plus efficace que l’avènement de n’importe quel progrès médical ».
Selon vous, pourquoi cette notion est-elle encore méconnue du grand public ?
Cela est très paradoxal quand on a en tête ces informations. Sans doute parce que la relation des Français aux médicaments est complexe. De nombreuses études sociologiques montrent la complexité de nos comportements face aux médicaments : certains les considèrent comme des remèdes miracles quand d’autres les voient comme de véritables poisons. Concernant leur usage, les dangers ne sont pas toujours identifiés, et respecter la prescription au quotidien n’est pas simple, souvent une corvée, même lorsque l’on est convaincu de la nécessité de prendre son médicament. Le grand âge et les troubles cognitifs et de la vision qui y sont parfois associés constituent une autre difficulté dans laquelle les aidants jouent un rôle important.
En 2000 l’OMS déclarait également que « résoudre le problème de la non-observance thérapeutique serait plus efficace que l’avènement de n’importe quel progrès médical ». Comment vous est venue l’idée d’intégrer du web dans les piluliers ?
Mon expérience en officine a été déterminante. J’ai rapidement compris que c’était la solution la plus simple et la plus économique pour accéder à la donnée d’observance obligatoire pour aider au bon usage du médicament. Depuis, je suis en contact permanent avec mes confrères pharmaciens pour tester nos services et rester au plus près de la réalité de vie des personnes âgées. Depuis toujours, nous réalisons des études pour valider l’efficacité de nos solutions, des études que nous publions dans des revues scientifiques.
Pensez-vous que la technologie peut améliorer le traitement des patients au global ?
Oui, je pense que la technologie est un formidable levier pour aider à l’efficacité d’un traitement parce qu’elle implique le patient et qu’elle simplifie sa prise en charge, elle la coordonne. La technologie rapproche le patient de son environnement, elle humanise le soin médicamenteux. Bien sûr, par technologie, j’entends des solutions qui répondent aux bonnes pratiques autour du médicament, qui répondent aussi aux exigences en matière de protection des données de santé. Nous portons la conviction qu’un meilleur accès à nos services numériques contribuera à la qualité du soin et à la maîtrise des dépenses liées au vieillissement.
Quels sont – ou ont été – les principaux challenges technologiques de Medissimo ?
Le challenge consiste à faciliter la conduite du changement, à aider les professionnels de santé et leurs personnes âgées pour changer d’habitude : pour passer d’une logique de boîtes de médicaments à une logique de piluliers personnalisés, prêt à l’emploi avec des services de suivi. Prendre le virage numérique est un défi important. Nous avons également internalisé la production de nos piluliers dans notre usine de Poissy et les avons rendus à 99 % recyclables.
Quelles nouveautés technologiques de Medissimo peut-on espérer pour les prochaines années ?
Des services numériques pour démocratiser l’accès aux piluliers sécurisés et permettre aux patients de vieillir en bonne santé en suivant l’efficacité de leur traitement tranquillement. MYMEDIPAC permettra de leur simplifier encore plus la vie grâce à la commande en ligne et la livraison à domicile de piluliers préparés par le pharmacien après l’envoi numérisé de l’ordonnance du médecin.
Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?
Nous souhaitons proposer au plus grand nombre nos piluliers sécurisés par nos services numériques. Selon la CNAM, environ 3,9 millions de patients sont en risque iatrogénique en France (victimes des effets néfastes d’un médicament). Nous savons tous que de nombreux aidants et patients rencontrent aujourd’hui des difficultés avec la prise de médicaments, et nous espérons pouvoir les aider, grâce au concours du pharmacien en interprofessionnalité.
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