La quête de l’immortalité est au cœur des préoccupations des transhumanistes. Cette mouvance hétérogène est née à la fin des années 1980 au coeur de la Silicon Valley, en Californie, depuis ce mouvement transhumaniste n’a cessé depuis d’essaimer et de gagner en notoriété en Europe et en Amérique du Nord, ses plus grands défenseurs se regoupent des philosophe et bioéthicien de renom, des sociologues.
Ainsi « Humanity + » « constitue à ce jour la plus importante association transhumaniste avec près de 6000 membres revendiqués »… si les idéologies des groupes transhumanistes divérgent la capacité d’améliorer l’être humain et ses performances grâce aux avancées techno-scientifiques et biomédicales et souvent viser l’immortalité. Il ne s’agit pas de juger, mais de se poser des questions, aujourd’hui l’’immortalité numérique est à portée. Avec les prodigieuses avancées de l’Intelligence artificielle (IA), nous sommes maintenant en mesure de nous fabriquer un avatar virtuel pour après notre mort. C’est indéniablement « un petit pas pour un homme » vers une immortalité plus « aboutie ». Est-ce pour autant « un bond de géant » pour notre humanité ? Je vous laisse seul juge de ce quelle permet :
Savoir si la recherche de l’immortalité a un sens est un débat on ne peut plus d’actualité et particulièrement complexe, qui engage tant la philosophie que l’éthique. Or c’est une question qui va s’avérer de plus en plus souvent posée au regard des progrès médicaux et technologiques inédits des dernières décennies visant à prolonger et améliorer la vie de l’homme. Au regard d’arguments en sa faveur qui ne peuvent être ignorés, d’arguments « contre » qui ne peuvent non plus être passés sous silence, au cœur de ce questionnement : la condition humaine.
Ceci étant dit, comme le note le biologiste franco-croate Miroslav Radman si l’on parle d’immortalité, les choses sont très relatives : « le seul candidat est la vie même qui dure déjà entre 3,5 et 4 milliards d’années. Mais, la vie n’est pas une entité, c’est un processus robuste qui génère ses produits fragiles – les organismes vivants. » L’homme est ainsi un produit « fragile » mais qui apparaîtra immortel par rapport à un ver qui ne vit que deux semaines.
L’ambition de ne plus mourir
Pour autant, la quête de l’immortalité, au sens strict de ne jamais mourir est au cœur des préoccupations de certains hommes. En juin 2023, Neuralink, start-up de neurotechnologie dirigée par Elon Musk annonçait avoir reçu l’autorisation des autorités sanitaires américaines pour commencer les essais cliniques de ses puces cérébrales (des implants visant à améliorer les capacités cérébrales humaines et soigner certaines maladies comme celle de Parkinson) sur des humains. Notons que Il n’est pas le seul
Ces avancées ne peuvent que réjouir ceette communauté transhumaniste qui revêt – selon les groupes – divers ambitions et objectifs, dont l’amélioration des capacités humaines, mais pas seulement.
Selon les transhumanistes, la quête de l’immortalité passe par le développement de technologies qui prolongent la durée de vie humaine de manière significative, ce grâce à des avancées médicales – les travaux de NeuroLink vont dans ce sens – la régénération des tissus et éventuellement le transfert de conscience vers des substrats artificiels. Notons que l’homme qui révolutionne ce monde
Des être humains sans corps ?
La doctrine philosophique transhumaniste vise à « libérer l’humanité de ses limites biologiques en surmontant l’évolution naturelle. Changer l’humain serait positif, car cela pourrait signifier la libération des contraintes de la nature, comme la maladie ou la mort. »
Comme le souligne le sociologue français David Le Breton certains transhumanistes ont même pour ambition de se passer définitivement de toute enveloppe corporelle et organique. Ils voient désormais l’incarnation comme un obstacle majeur à l’épanouissement de soi et, au-delà, au déploiement de la technoscience. Le corps est à leurs yeux une limite tragique qui alimente la vulnérabilité inhérente à la condition humaine. Sans le corps, pensent-ils, ils seraient immortels, imperméables à toute maladie, sans limites, étrangers au vieillissement, uniquement sous l’égide de leurs propres pensées.
Cette position peut être discutée. De quoi dépend l’épanouissement personnel ? Est-il vraiment indépendant du corps et des sens ? Si l’on se réfère aux théories de l’énaction, qui s’intéressent à la manière dont les organismes et esprits humains s’organisent eux-mêmes en interaction avec l’environnement, les processus cognitifs sont fondamentalement enracinés dans les états corporels et dans les systèmes sensori-moteurs activés dans le cerveau.
Est-ce qu’entrer en relation avec les autres et l’extérieur, sans corps, ne changerait pas totalement notre conscience de nous-mêmes ? Les arguments en faveur de cette quête d’immortalité sont multiples et argumentés mais ils mettent de côté une partie non négligeable de notre humanité, le corps sensible.
Quel sens de la vie pour les immortels ?
Pour autant des opposants à cette quête comme, Miroslav Radman, qui se définit comme un biocrate, soit un défenseur de la biologie humaine, avance que le « rêve transhumaniste » ne relève pas du domaine du naturel, et que, si l’on suit cet « idéal », « le corps humain risque de devenir un simple « châssis » biologique pour les prothèses artificielles ».
D’autres problématiques verraient par ailleurs le jour : d’un point de vue plus pragmatique se pose le problème des ressources naturelles et de la surpopulation. Une surpopulation qui pourrait être gérée par la variable financière, discriminant les mortels des immortels. La question serait alors : qui peut s’offrir l’immortalité ?
Dans certaines traditions par exemple slaves et chinoises : un corps enjambé par un animal, particulièrement un chat ou un chien, peut devenir un mort-vivant. De même, un corps blessé et non traité au moyen d’eau bouillante peut devenir un vampire. Dans la littérature également, l’immortalité est souvent associée à une déshumanisation à travers l’image du vampire, transmutation d’un individu ordinaire en un cadavre vivant, marginal dénué de tout sens moral, capable de transformer d’autres en monstres comme lui.
L’immortalité impliquerait-elle la perte de son humanité, à l’instar des morts-vivants, c’est-à-dire une déshumanisation au sens propre, biologique comme figuré, une abolition de l’éthique et de la liberté ? Si tel était le cas, vu les mœurs peu amènes des vampires tels qu’ils sont décrits dans de nombreuses œuvres, cela signerait une abolition de l’espoir, tant la vie est faite de sensorialité, de joie, de peine, de remords, de regrets… Si un jour la formule de l’immortalité est trouvée, il faudra veiller à la manier avec sagesse, car les « hommes » qui souhaiteraient en faire usage pourraient prendre le risque de devenir des monstres sans âme.
P.S. : Si ces évolutions faites de science sans la moindre conscience, nient l’éthique, la philosophie, les entreprises tels que Neurolink, n’admettront pas que, et a des fins louables, elles cherches des cobayes, pour les aider dans des maladies motrices… le fait que seuls les plus nantis, pourront se doter d’add-on, physique, etc devaient advenir, assez rapidement inabordable pour le qui dam, puis seronts commercialisés des add-on intellectuels…. de la différence entre la chirurigie réparatrice et ceelle de confort, je recommande à la NASA de repenser la carte de Pioneer (cf.image d’illustration), nos amis extraterrestres s’ils existent pourraient dans un temps « proche » être un peu déconcertés, pour ne pas dire paumés, et errer sur la terre à la façon de Diogène, parcourant les rues d’Athènes en plein jour, une lanterne à la main ; interpellant les passants qui, surpris, lui demandaient ce qu’il faisait, ce à quoi il répondait sans relace : « Je cherche un homme (ἄνθρωπον ζητῶ). ».
Par Caroline Cuny, Professeure en psychologie, Grenoble École de Management (GEM) et Yannick Chatelain, Professeur Associé. Digital I IT. GEMinsights Content Manager, Grenoble École de Management (GEM). La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation. Il a été ici augmenté et complété par ses auteurs pour Forbes France
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