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Transformation digitale des territoires : une manne technologique au service du progrès collectif

OPINION | Tout territoire dispose d’un « système d’acteurs », composé de décideurs institutionnels, entreprises, habitants, associations, etc.), qui sont chargés de l’animer, de l’améliorer et de le transformer. En effet, chaque territoire est unique et doit tirer profit de ses atouts grâce à l’intelligence collective et à l’action harmonieuse du secteur public et privé.

 

Désormais, la digitalisation des territoires représente un enjeu de taille pour les collectivités locales. Par une profonde connaissance des besoins locaux et une proximité naturelle avec les populations, ces administrations ont la légitimité de mieux outiller les territoires en dispositifs d’inclusion numérique adaptés. Dans l’objectif de lutter contre les inégalités territoriales, il est indispensable de revisiter la pertinence de certaines politiques publiques locales et d’œuvrer pour le ciblage des investissements publics.

 

l’Etat a donné le coup d’envoi au plan d’investissement

Malgré l’élargissement des prérogatives des collectivités territoriales en matière d’aménagement numérique, les responsables locaux ont besoin d’être accompagnés par les cabinets de conseil spécialisés et les régulateurs, dans le but d’élaborer un diagnostic et définir une feuille de route, qui permet à la fois d’identifier les axes prioritaires, de construire un plan d’actions ciblé, de concevoir des solutions judicieuses et de sélectionner les prestataires qui seront en charge du déploiement, de la maintenance et de la commercialisation. La transversalité des compétences des équipementiers, des opérateurs, des intégrateurs et des constructeurs, est indispensable pour garantir une ingénierie d’excellence. Afin de rendre un service irréprochable aux populations, il faudrait prévoir une véritable gouvernance politique qui vise à évaluer et adapter les modèles partenariaux.

En France, l’Etat a donné le coup d’envoi au plan d’investissement d’avenir qui comporte un volet aménagement numérique des territoires conséquent pouvant lutter contre la fracture numérique entre zone urbaine et rurale. Les priorités sont données au très haut débit via le déploiement des réseaux FTTH (fibre optique) et la mise en place du Wifi public territorial notamment en zones blanches. L’élément phare qui détermine pour chaque collectivité territoriale l’ensemble des points saillants, se matérialise par les Schémas Directeurs Territoriaux d’Aménagement Numérique (SDTAN). Grâce à la forte impulsion de l’ARCEP en tant qu’autorité régulatrice, les réseaux d’initiatives publiques se multiplient et attirent davantage d’investisseurs privés en mesure de compléter l’offre publique et raviver ainsi les territoires. Dans ce sens, les partenariats public-privé prônent la méthode pragmatique et soutiennent une large couverture via la mutualisation des infrastructures télécoms pour garantir une efficience réelle et globale. En clair, il parait déterminant d’encourager des méthodes collaboratives pour aller vers des sociétés inclusives et cohésives. La mise en place du Pass numérique, un dispositif d’aide destiné prioritairement aux personnes âgées et isolées, va dans ce sens et mérite d’être conforté.

 

L’Australie met le focus sur une stratégie de transformation digitale des territoires

En Amérique du nord, le Canada renforce sa politique d’aménagement numérique en faveur des territoires. Un nombre important de programmes d’actions sont révélateurs de l’investissement du pays pour assurer une couverture territoriale élargie. En effet, la région du Québec a lancé son plan « Québec Branché » doté d’une première enveloppe de 100 millions de dollars, et qui porte sur la fourniture de l’internet Haute Vitesse aux régions rurales dans la volonté de dynamiser les économies locales et de faciliter ainsi l’implantation des entreprises innovantes. Bien que certains acteurs le considèrent imparfait, ce programme diversifie ses objectifs et comporte le financement de réseau de base, réseaux hybrides et des projets du dernier kilomètre dans une logique de renforcement des capacités actuelles.

D’un autre côté, l’Australie met le focus sur une stratégie de transformation digitale des territoires qui tend vers l’ouverture de passerelles positives établissant de meilleures conditions pour une économie numérique progressiste. L’objectif affiché est de booster la création de nouveaux emplois en soutenant le monde des affaires et en développant de nouvelles compétences dans le digital. Cette politique ambitieuse est conditionnée à l’amélioration de l’intelligence des communautés locales. Certaines villes australiennes sont à l’avant-garde, à l’mage de Newcastle qui a lancé le projet HIP, centré sur le déploiement de la plateforme australienne la plus aboutie d’« Internet des objets ». Cette initiative sert à promouvoir la « Civic Innovation » en poussant vers le développement d’un écosystème urbain favorable à des démarches orientées Smart Cities.

En Afrique, le Rwanda se positionne comme un hub de l’innovation numérique à l’échelle du continent africain. Sur le terrain, un portail citoyen a été mis en place au niveau de la ville de Kigali. Les responsables de cette ville tournée vers les services, estiment que ce type d’innovation tissera des liens plus forts entre les élus et les représentés, et produira in fine de nouveaux services de proximité.

 

Casablanca, principal pôle économique du Maroc, s’est équipée d’une plateforme OpenData

Au Maroc, les décideurs s’activent pour constituer un écosystème capable de traduire opérationnellement les ambitions nationales. Dans ce cadre, le ministère de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire cherche à établir des partenariats solides dans le cadre de sa stratégie d’intelligence des territoires conformément au programme Maroc Digital 2025. Egalement sur le plan régalien, le ministère de l’intérieur envisage de structurer un service d’aménagement numérique en collaboration avec l’ANRT (Agence nationale de réglementation des télécommunications), et qui fixera les objectifs déclinables à l’échelle locale de manière à permettre l’ouverture des marchés au secteur privé pour déployer des technologies avancées.

Beaucoup d’efforts ont été faits par le Maroc dans le processus de modernisation des infrastructures télécoms. De manière opérationnelle, le territoire de l’éco-cité Zenata, qui accueillera 300 000 habitants à terme, a d’ores et déjà expérimenté un large réseau public IOT axé sur LoRa, une technologie à bas débit, de longue portée et à faible coût de communication, dans le cadre du programme d’Open Innovation Smart Z. Cela va permettre de créer une communauté d’innovation territoriale et d’optimiser les systèmes urbains, pour offrir un meilleur service aux futurs occupants de ce territoire qui se veut connecté, intelligent et socialement responsable.

Aussi, la ville de Casablanca, principal pôle économique du Maroc, s’est équipée d’une plateforme OpenData dans le cadre du schéma directeur de transformation digitale pour répondre aux défis de l’urbanisation galopante aux conséquences multiformes. La stratégie du territoire Casablancais se concrétise peu à peu. En clair, la gestion municipale se réforme sur plusieurs aspects. La combinaison des transports et de la vidéo-protection interopérable et multi-servicielle, est la solution retenue pour fluidifier le trafic urbain et lutter contre l’insécurité. Afin de commander pertinemment les équipements et profiter pleinement de leurs potentialités, un poste de supervision est également déployé au niveau du territoire métropolitain.

A Singapour, l’analyse des données via les objets connectés et le rapprochement des meilleures technologies numériques des habitants aident les planificateurs territoriaux, à prendre des décisions fondées sur des éléments factuels, à évaluer les politiques publiques locales et à placer le citoyen au cœur des systèmes de planification sur le long terme.

 

L’émergence des réseaux IOT densifiés

Egalement, avec l’installation de la 5G dans le paysage territorial, il est crucial de fixer des règles strictes pour préserver la santé des citoyens et les données à caractère privé tout en instaurant une politique efficace en matière de cyber-sécurité. Ce nouveau réseau mobile ultra-puissant permettra une connexion sans fil d’infrastructures, des routes, des bâtiments, des équipements et du mobilier urbain. Ce qui constituera une nouvelle force de frappe pour aller vers un pilotage astucieux des territoires et favorisera le développement de nouveaux usages numériques. Au regard du débit élevé et de la faible latence de la 5G, une grande diversité des usages voit le jour dans le secteur de la santé, les transports, l’industrie et le commerce. Désormais, la réalité augmentée facilitera la détection des anomalies au niveau des réseaux et améliorera directement la performance. Ces grands bouleversements technologiques contribuent structurer des « Smart Territories » au service du bien-être collectif.

L’émergence des réseaux IOT densifiés (lampadaires, capteurs, feux tricolores, mobilier urbain, équipements) ouvre la voie à des opportunités infinies aux territoires en matière de sobriété et de performance d’usage. A titre illustratif, le mixage des systèmes de transports et de la vidéo-surveillance pourrait générer de nouvelles fonctionnalités très utiles aux populations et accentuera les innovations transformationnelles dans le domaine du véhicule connecté et autonome. Ce qui alimentera le développement de la technologie V2X, facilitatrice de la communication entre les infrastructures et une nouvelle génération des véhicules.

Il est clair que le chantier de la transformation digitale des territoires va prendre un certain temps. Afin de mener une politique impeccable en la matière, toutes les forces locales devraient s’accorder sur une trajectoire de développement bien claire pour passer d’une situation des territoires de repli à des territoires de progrès. Une refonte des modalités de coopération et un meilleur partage des infrastructures font clairement la différence pour fabriquer des territoires solidaires et compétitifs. Au fond, les cinq challenges auxquels les territoires sont confrontés : une implémentation de technologies rentables, une réalisation rapide, une transparence parfaite, une efficacité exemplaire et une flexibilité prometteuse.

 

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