Que faudra-t-il pour faire tomber les trolls ? Une nouvelle application appelée Kindli a la réponse : faites-leur donner un numéro de carte de crédit.
C’est une approche innovante, mais avant de nous plonger dans les caractéristiques de l’application, voici un petit aperçu du comportement des trolls qui pourrait nous aider.
Ces dernières années, les trolls ont pris le dessus. Ils commentent les messages et trouvent la seule chose avec laquelle ils ne sont pas d’accord. Nous vivons à une époque où il est normal d’exprimer ses griefs. Il n’est pas difficile d’imaginer à quoi ressemble un troll.
Il ou elle est probablement assis sur une chaise coûteuse et porte un casque antibruit. Quelques sacs vides de Doritos au chili épicé sont éparpillés sur le sol. « Timmy/Kimmy, ramasse tes déchets », crie une mère d’âge moyen en bas de l’escalier alors que le troll tape furieusement une nouvelle insulte sur Twitter.
Il y a de nombreuses années, j’ai réalisé une interview avec un troll en ligne. Il s’appelait Derek. C’était avant l’ère des médias sociaux, où tout ce que vous pouviez faire était de commenter des articles. Mon histoire portait sur les abus en ligne et je voulais interviewer quelqu’un qui regrettait ses commentaires négatifs et qui avait décidé de changer.
J’ai réussi à trouver quelqu’un qui a accepté une interview par chat en ligne (c’était aussi bien avant Zoom). Ce qu’il a dit à l’époque m’a surpris.
Derek luttait contre la dépression, les pensées négatives et une mauvaise image de soi. Il était au chômage depuis plusieurs années. Il vivait chez ses parents. Cela m’a marqué parce que, d’une certaine manière, je comprenais ce qui se passait. Ces émotions négatives en lui se déversaient sur le clavier. Ce n’est pas une excuse, mais il a reconnu que ses actions étaient mauvaises.
J’ai appris deux choses lors de cette interview. La première, c’est qu’un troll est une personne réelle aux prises avec des problèmes personnels. L’autre, c’est qu’il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. La façon dont un troll gère ces émotions sombres n’est pas saine.
Les médias sociaux ont fourni un forum pour leur rage et leur colère, mais cela pourrait fonctionner pour rendre les réseaux sociaux un peu moins accessibles.
Kindli est la nouvelle application que je teste et le but est de rendre plus difficile pour les gens de répandre des pensées négatives sur les médias sociaux. Elle vise à promouvoir la gentillesse et à répondre aux problèmes de santé mentale. Tim Tebow est impliqué, tout comme l’athlète Kerri Walsh Jennings et la star de la WWE Titus O’Neil.
Pour utiliser l’application, vous devez entrer une carte de crédit et faire un don de 1 dollar à une œuvre de bienfaisance. Vous pouvez également acheter des cartes Kindli (un pack de 12 cartes coûte 3,99 dollars) que vous distribuez aux gens après avoir fait quelque chose de gentil pour eux. Le destinataire ajoute un remerciement à votre profil.
La société dit qu’elle espère atteindre un milliard d’actes de gentillesse dans le monde, et j’espère bien que ce sera le cas.
J’ai testé l’application en créant un compte et en suivant quelques utilisateurs. En quelques jours, je n’ai eu que sept followers. L’application a été lancée récemment, ce n’est donc pas une surprise. Il y a une fonctionnalité que j’aime beaucoup : Kindli bloque les messages ou commentaires négatifs car ils enfreignent les directives. (La plupart d’entre eux sont liés à des jurons, à des critiques et au fait de dénigrer quelqu’un pour ses opinions politiques). J’ai essayé de poster quelques commentaires de type troll, dont un sur la fraude électorale et un autre sur la haine. C’est étrange de voir l’algorithme se mettre en marche, vous disant que le post ne sera pas mis en ligne, mais j’en suis reconnaissant. J’espère que le double jeu consistant à demander une carte de crédit et à bloquer les commentaires haineux fonctionnera.
L’application est un peu boguée en ce moment. Sur mon téléphone, j’ai créé un nouveau message et l’application a planté. Dans mon navigateur, lorsque je cliquais sur les gens pour les suivre, rien ne se passait. (Après avoir rafraîchi l’écran, cela a fonctionné. De même, une deuxième tentative de publication à partir de mon téléphone a fonctionné). J’ai également remarqué quelques fautes de frappe sur leur site, comme par exemple Kindli mal orthographié sur la page « Comment ça marche ».
Kindli fait face à une montée. Il y a quelques années, quelques entreprises ont essayé de faire « le réseau social du sport » et « le réseau social de la parentalité », mais cela n’a jamais fonctionné. Un seul mot : Facebook. Le réseau social de la gentillesse est une idée merveilleuse, alors je serai curieux de savoir si elle a du succès.
En attendant, je pense que l’application a du travail à faire. C’est un peu trop basique, et je ne cesse de voir les mêmes posts encore et encore. Pour réussir et même avoir une chance contre Instagram et les autres, la société devra innover bien au-delà des fonctionnalités de base qu’elle propose. Que diriez-vous d’une sorte de compteur de gentillesse ? Une mesure du nombre de messages et de commentaires d’encouragement que vous avez publiés. J’aimerais voir d’autres vidéos explicatives plus détaillées. Faites la promotion de l’application sur YouTube et sur d’autres forums.
Je suis également un peu préoccupé par les aspects liés à la liberté d’expression. Ne pas autoriser de discussion sur la politique semble un peu exagéré… bien que ce soit aussi un soulagement bienvenu à certains égards. (Utiliser l’application signifie que vous acceptez les politiques).
Les trolls sont assez ingénieux. J’espère qu’ils ne trouveront pas comment contourner les filtres comme ils l’ont fait sur Twitter. La gentillesse ne se vend pas, malheureusement. Elle tend à attirer les pires d’entre nous comme une occasion de causer plus de dégâts et de chaos.
Que faudra-t-il faire pour gagner de la vitesse lorsque vous êtes dans l’ombre des trolls ? C’est une question à laquelle je ne peux pas répondre. J’espère que Kindli y répondra.
Article traduit de Forbes US – Auteur : John Brandon
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