Récemment, Consumer Reports a terminé son évaluation de la model 3 de Tesla, la conclusion étant qu’il n’est pas recommandé d’acheter cette voiture à cause de son freinage décevant. Bien sûr, cette publication a déclenché une tirade d’Elon Musk, le PDG de Tesla, sur Twitter, présentant notamment une promesse d’amélioration des performances de freinage avec une mise à jour qui prendra effet automatiquement sur les véhicules. Cette mise à jour a désormais été effectuée et des nouveaux tests menés par Consumer Reports indiquent que les distances de freinage ont été réduites de presque six mètres. Bien que cette amélioration soit remarquable, elle souligne un problème plus insidieux de Tesla : les processus de validation et de test de la marque qui ne sont pas adaptés.
Les détails disponibles de cette mise à jour se limitent aux modifications apportées au système de contrôle de l’ABS. Il s’agit probablement d’un recalibrage du système d’assistance de freinage. Les caractéristiques qui sont utilisées dans les système de contrôle de dérapage depuis près de vingt ans sont conçus pour détecter une action de freinage d’urgence de la part du conducteur afin d’aider à éviter un accident. Bien souvent, les conducteurs vont appuyer fort sur la pédale de frein, puis la relâcher, ce qui rallonge la distance de freinage. Cependant, lors du calibrage du système, il faut être vigilant de ne pas trop resserrer, ce qui induirait une distance de freinage plus courte que ce à quoi le conducteur s’attend, ce qui pourrait provoquer des collisions par l’arrière au pire, ou au mieux, avoir un comportement étrange au moment du freinage.
En tant qu’ingénieur, j’ai travaillé 17 ans sur les systèmes électroniques de contrôle de dérapages, y compris l’ABS, la traction et le contrôle de stabilité. Pour chaque programme, nous passions environ 12 à 18 mois à tester différents véhicules avec toutes les combinaisons de freinages, de suspensions et de pneus possibles. Nous faisions ces tests sur de grandes variétés de surfaces, notamment l’asphalte, la céramique mouillée, des dalles de basalte, de la neige compacte ou de la poudreuse, du verglas et différentes combinaisons. Nous sommes allés de la chaleur de l’Arizona ou de la Floride, au grand froid du Minnesota ou de la Suède.
Le but de tous ces tests était de développer des algorithmes et des réglages pouvant convenir à tout ce qu’un conducteur peut rencontrer dans le monde réel. Ce procédé implique souvent des compromis. On peut donc perdre un peu sur une surface pour gagner sur la distance de freinage sur une autre surface et une meilleure stabilité sur une troisième. Avant un gel de la production, nous essayions de gagner encore quelques dizaines de centimètres. Et avant que le tout parte en production, le système faisait l’objet d’un révision scrupuleuse et d’un processus complexe de validation.
Le fait que les ingénieurs de Tesla ont réussi à gagner presque six mètres de distance de freinage en seulement quelques jours, c’est le signe que leur organisation ne fonctionne pas, surtout au vue des résultats inégaux en fonction des testeurs et de ceux de Consumer Reports.
D’ordinaire, Consumer Reports, et la majeure partie des publications, ne sortent que les résultats obtenus sur asphalte sèche. Une amélioration de six mètre est louable, mais je suis curieux de voir comment se comporte la Model 3 sur d’autres types de surfaces que l’on peut retrouver dans la vraie vie, et ceux avant et après la mise à jour. Je pense que cette amélioration sur l’asphalte aura un impact négatif sur les performances sur d’autres surfaces.
Étant donné la rapidité avec laquelle cette mise à jour a été effectuée, il est possible que Tesla n’ait même pas encore testé les performance de la voiture sur les autres surfaces et que la Model 3 fera l’objet d’autres mises à jour à ce niveau-là.
Ce qui m’inquiète, c’est que les utilisateurs de ce modèle de voitures ne sauront pas à quoi s’attendre de la part de leur voiture, en fonction de la météo, des surfaces pratiquées et des dernières mises à jour. Les procédés internes de la marque sont focalisés sur la livraison rapide et fréquente, ce qui correspond à l’approche de la Silicon Valley en matière de conception de logiciels. Bien qu’il s’agisse d’une belle mise à jour, la nature des systèmes de freinage et de conduite assistée implique que le niveau de sécurité à atteindre est bien plus important afin d’obtenir un produit fiable, contrairement à Facebook, Google et Snapchat.
Quand je vois que Tesla répond de cette manière et rencontre encore des difficultés avec les performances instables de son Autopilot, c’est la preuve que les contrôles produits ne sont pas assez rigoureux. Tesla a accompli un travail considérable en rendant les mises à jour automatiques et en améliorant la résistance à l’impact. Dorénavant, l’entreprise doit se concentrer sur son ingénierie et valider les systèmes de base comme les freins et les nombreux systèmes auxiliaires qui ne semblent toujours pas au point sur la Model 3.
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