Les Bourses mondiales ne parviennent pas à rebondir après plusieurs séances de baisses déclenchées par la crainte d’une crise bancaire aux États-Unis. L’effondrement en moins de 48 heures de la Silicon Valley Bank (SVB) continue de susciter la stupeur chez les acteurs de la tech. Explications par notre consultant Bernard Dietsch.
Genèse du déclin
Mercredi 8 mars SVB a tenté de mettre sur le marché des actions et des convertibles ces dernières mais n’ont pas trouvé preneur d’où une panique des investisseurs et des clients.
1.25 milliard $ en action
500 millions $ de convertible preferred**
Le secteur de la tech souffre, depuis plusieurs mois, en ne parvenant plus à lever autant de fonds que les années précédentes (quantitative easing is over !). La Fed a de son côté, augmenté ses taux, avec un resserrement monétaire qui a mis les marges des banques sous pression.
La Fed, qui essaie de lutter contre l’inflation, a ainsi poussé les clients de ces banques à placer leurs liquidités dans des produits financiers mieux rémunérés et moins risqués.
SVB a vendu pour plus de 21 milliards de $ de titres pour retrouver de la liquidité en dépréciant au passage 1.8 milliards de $ de son bilan dans cette opération.
Lorsque les agences de notation S&P et Moody’s ont fait savoir qu’ils allaient dégrader la note aucune contre communication n’a été organisée et la banque n’a pas fait preuve de transparence, ce que les marchés exècrent en conséquence jeudi 9 mars l’action a dévissé à 82.50$ en baisse 66%.
Tous ces faits ont poussé les VC à ordonner à leurs investissements de retirer leurs fonds le plus vite possible d’où le bankrun de jeudi.
Parcellement et en macro
On constate depuis 3 jours un mouvement baissier jamais vu depuis 1987 sur une période aussi courte. (ex le 2 ans UST est passé de 5 à 4.27 % sur le week-end dernier
Preuve que les marchés prennent cette secousse très au sérieux et ce malgré les mesures d’urgence mis en place par la FDIC et la FED pour protéger les déposants.
Retour sur les faits marquants de ce week-end autour du dossier
La filiale SVB UK a fait l’objet de négociations pour sa reprise.
Lloyds Bank, Bank of London et Barclays & Royal Fund d’Abu Dhabi ont tenté d’en prendre le contrôle, finalement HSBC l’a emporté en annonçant son acquisition dans la nuit de dimanche pour 1£ et une reprise partielle des dettes et des actifs.
Plus loin que la simple prise de contrôle pour Rishi Sunak premier ministre britannique et accessoirement ex-banquier chez Goldman Sachs, c’est aussi acquérir une banque de financement permettant d’attirer au Royaume Uni les entreprises technologiques les plus performantes s’implantant en Europe.
Et maintenant que va-t-il se passer pour les autres filiales de SVB ndlr (Israël, Canada Chine, Danemark, Inde et bien sûr USA)
La Federal Reserve a mis la branche SVD US aux enchères, les prétendants devant rendre leurs offres avant dimanche 19 Mars.
Pour le reste du monde no comment…
Dimanche soir la FIDC et la Federal Reserve ont annoncé qu’elles garantissaient les dépôts des clients de SVB (au-delà des 250 000$ standard) et une mesure identique pour Signature Bank of NYC.
Par rapport aux situations antérieures (Lehman en 2008) il n’y a pas de produits financiers toxiques ou de fraudes avérées et le débouclage devrait être plus rapide.
Reste à savoir comment l’écosystème technologique US va pouvoir survivre financièrement à cette crise, SVB étant la pierre angulaire dans beaucoup de financements au côté de fonds de capital-risque, d’ailleurs dans une tribune ouverte plus d’une centaine de patrons de VC américains (dont les plus gros comme Accel Partners ou General Catalyst) ont soutenu la SVB en soulignant l’importance de la banque dans l’écosystème et l’effet domino induit sur son mode de financement si la banque n’était pas sauvée
Interrogé sur la possibilité pour un certain nombre de ces fonds de prendre une participation dans SVB pour la sauver, aucun ne souhaite se prononcer pour l’instant.
SVB étant dans beaucoup de syndication pour des prêts (avec d’autres banques) ou des prises de participation en « equities » au côté de fonds beaucoup d’opérations risquent d’être stoppées nettes suite à cette faillite.
Du côté du gouvernement français, Jean Michel Barrot (ministre de la transition numérique) suit le dossier de prêt même si à l’heure actuelle “ peu de techs françaises basées aux USA semblent impactées dans leur fonctionnement par cette faillite”.
Une certitude Il va y avoir de la casse parmi les entreprises les moins bien capitalisées ou celles ayant un revenue model incertain et inévitablement une concentration dans les techs dans les semaines à venir, certaines se retrouvant à cours de financement à court terme et à la merci de leurs concurrents ou de banques & fonds spécialisées dans les build-up & actifs dépréciés « distressed assets »
Tribune rédigée par Bernard Dietsch
<<< A lire également : Comment SVB a fait faillite ? >>>
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