La société française Kinéis vient de réussir le lancement de ses 5 derniers nanosatellites ce lundi à 2h30, heure de Paris. Cette mise en orbite, réalisée depuis un lanceur Electron de Rocket Lab, parachève la constellation Kinéis et ouvre la voie à la commercialisation de ses services dès le 1er juin 2025.
Avec désormais 25 nanosatellites opérationnels, Kinéis devient le premier opérateur européen à offrir une connectivité spatiale dédiée à l’Internet des objets (IoT). Ce succès confirme la capacité de la France à développer et déployer des technologies spatiales de pointe, au service d’enjeux majeurs, notamment la connectivité globale et la gestion des données environnementales.
Aujourd’hui, 85 % de la surface terrestre n’est pas couverte par les réseaux de télécommunications classiques. Cette absence de connectivité pose un problème crucial dans des zones où les infrastructures sont limitées, notamment pour les transports, les infrastructures énergétiques ou encore la surveillance environnementale.
Les constellations de satellites offrent une solution indispensable pour pallier cette défaillance, permettant de relier les objets et d’assurer la transmission continue de données essentielles. C’est dans ce contexte qu’est né Kinéis, héritier du programme Argos, initié en 1978 à Toulouse, qui visait déjà à collecter des données scientifiques sur l’environnement via des satellites.
Lancée en 2018 par CLS et le CNES, Kinéis a été conçue pour opérer le système Argos tout en modernisant ses capacités. Son objectif est de capter et transmettre, en quasi-temps réel, des informations stratégiques collectées partout sur la planète, et ce, via une flotte de nanosatellites interconnectés. En moins d’un an, l’entreprise a réussi l’exploit de produire et de mettre en orbite 25 satellites, affirmant ainsi son ambition de fournir une connectivité mondiale simple, fiable et accessible à tous.
Une constellation innovante et performante
Kinéis repose sur une architecture technologique avancée. Sa constellation de 25 nanosatellites est optimisée pour garantir un acheminement rapide des données et évolue sur une orbite basse (LEO) à 650 km d’altitude, parcourant 40 000 km par orbite. Cette proximité avec la Terre réduit la latence et améliore la qualité du signal. Chaque satellite, pesant seulement 28 kg, est équipé de systèmes de propulsion électrique alimentés par des panneaux solaires, garantissant leur maintien en orbite et minimisant les risques de collision.
Le réseau au sol, composé de 20 stations réparties stratégiquement sur le globe, renforce encore la rapidité de transmission des informations. Grâce à ces infrastructures, Kinéis assure un accès constant aux données, indépendamment des conditions météorologiques, offrant ainsi une solution fiable aux secteurs de l’agriculture, de l’énergie, de l’environnement, des transports et du maritime. L’innovation repose également sur la miniaturisation des satellites, en concentrant l’ensemble des fonctionnalités d’un grand satellite dans un appareil de seulement 30 kg.
Avec cette constellation désormais complète, ses nanosatellites permettent de localiser, surveiller et d’alerter en temps réel sur de nombreux phénomènes naturels : détection des feux de forêt, prévention des inondations et des sécheresses, suivi de la pollution et des activités maritimes. Les secteurs industriels bénéficient également de cette avancée : les infrastructures énergétiques, les chaînes logistiques et le transport international, notamment maritime et ferroviaire, peuvent être monitorés avec précision. En démocratisant l’accès aux données satellitaires, Kinéis permet aux entreprises et aux institutions de mieux comprendre leur environnement et d’optimiser leurs opérations et leur productivité.
Un signal fort pour l’Europe spatiale
« La France et l’Europe ont de belles réussites dans le spatial et ont montré historiquement qu’il fallait compter sur elles. Les succès récents de Kinéis, d’Ariane group (succès en vol du 2eme tir d’Ariane 6 et mise à poste d’un satellite militaire français), Galileo, le GNSS européen et Copernicus (1ere constellation mondiale de satellites d’observation de la terre et des océans et veilleur mondial du changement climatique) le démontrent », affirme Christophe Vassal, président du conseil de surveillance de Kinéis.
Le succès du cinquième et dernier lancement de Kinéis confirme la position de la France en tant que leader européen de la transmission de données IoT par satellite et témoigne de son engagement en faveur de l’innovation spatiale. Kinéis s’appuie sur un modèle de gouvernance solide, associant acteurs publics et privés. Soutenue par des partenaires industriels et financiers européens, notamment le CNES et Bpifrance via le fonds SPI, l’entreprise a su mobiliser plus de 200 experts et 60 collaborateurs sur son territoire en région Occitanie pour mener à bien ce projet ambitieux.
Depuis sa création, Kinéis s’est imposée comme un acteur majeur du New Space. En 2020, elle a levé 100 millions d’euros auprès d’investisseurs 100% français des secteurs publics et privés. Cette reconnaissance s’est traduite par son intégration au sein du programme French Tech Next40 en 2021 et 2022, puis French Tech 120 en 2023. L’entreprise figure également parmi les lauréats du plan d’investissement France 2030, dédié au spatial, confirmant ainsi l’intérêt stratégique de sa mission pour l’avenir de l’industrie spatiale française et européenne.
« Dans un contexte où il faut aller plus vite et plus loin probablement, il faudra que la France et l’Europe avancent de façon encore plus coordonnée, avec mise en commun des moyens financiers, en oubliant le concept de retour géographique, et mettent en place des processus de décision raccourcis. Iris² en est un exemple », soutient Christophe Vassal.
L’idée de doter l’Europe d’une constellation souveraine et sécurisée pour l’internet haut débit et les télécommunications est présentée comme une bonne idée. « Mais combien d’années faudra-t-il pour passer à l’acte et déployer ?, se demande-t-il. Entretemps, Starlink et Kuiper auront lancé tous leurs satellites… ».
Enfin, un développement plus rapide du capital-risque européen est aussi défendu pour mieux soutenir nos start-up du New Space.
Des ambitions à la hauteur de son succès
Avec sa constellation désormais pleinement opérationnelle, Kinéis se prépare à la phase commerciale de ses services dès le 1er juin 2025. L’entreprise a déjà sécurisé plusieurs partenariats commerciaux et mène actuellement des déploiements tests avec divers clients. Son expansion internationale est en cours, avec des filiales aux États-Unis et au Brésil, lui permettant d’adresser un marché mondial en forte croissance.
« Nous avons l’ambition de déployer au moins 30 000 terminaux intégrant la connectivité Kinéis d’ici fin 2025, et plus du double en 2026. Cette dynamique nous projette vers une croissance ambitieuse avec un objectif de près de 100 millions d’euros en 2030. », complète Christhophe Vassal.
Kinéis prévoit d’atteindre son seuil de rentabilité dès cette année et vise un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros en 2026, avec un objectif ambitieux de 100 millions d’euros en 2030. Sa vision est claire : garantir à ses clients la transmission sécurisée et continue des données de leurs objets connectés, en tout point du globe. Une ambition qui s’appuie sur une technologie souveraine et un savoir-faire unique, plaçant la France et l’Europe à l’avant-garde de l’IoT spatial.
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