SpaceX rapporte que trois des 60 satellites Starlink controversés ont échoué en orbite, alors que l’entreprise se dirige vers le premier test de retransmission de son ambitieuse constellation internet spatiale.
Dans un communiqué, l’entreprise américaine a révélé que 57 de ses satellites Starlink communiquent correctement avec les stations terriennes. Parmi eux, 45 avaient atteint l’altitude désirée de 550 kilomètres à l’aide de leurs systèmes de propulsion embarqués, cinq gagnaient toujours en altitude partant d’orbites initiales de 440 kilomètres, et cinq autres subissaient encore des tests avant de faire de même.
L’entreprise a également révélé que deux satellites seraient délibérément désorbités « afin de simuler un dispositif de fin de vie ». Enfin, l’entreprise a déclaré que trois de ses satellites n’était « plus en service » et devraient « désorbiter passivement » depuis leur altitude actuelle d’environ 440 kilomètres, la perte de contact signifiant que les satellites ne peuvent plus utiliser leurs systèmes de propulsion ionique embarqués pour désorbiter manuellement.
Le lancement de ces 60 premiers satellites Starlink a eu lieu il y a environ un mois, le 23 mai. Depuis lors, SpaceX teste leurs capacités, et devrait bientôt commencer à examiner leur performance de retransmission d’internet au sol. Dans un communiqué, l’entreprise a annoncé qu’elle testerait leur latence en « diffusant des vidéos et en jouant à des jeux vidéo à bande passante élevée ».
Mais le taux de défaillance des satellites jusqu’à présent risque de devenir source d’inquiétude. Chaque satellite manque d’un système de désorbitation de secours dans le cas où ils échouent, ce qui veut dire que les trois satellites ayant échoué jusqu’alors vont tout simplement être laissés en orbite pour redescendre graduellement et brûler dans l’atmosphère en raison de la friction atmosphérique, processus qui pourrait prendre près d’une année.
Un taux de succès de 95 % comme celui de Starlink, bien qu’étant élevé, n’est pas parfait. Alors que l’entreprise espère lancer un total de 12 000 satellites Starlink d’ici le début des année 2020, opérant à des altitudes allant de 550 à 1 100 kilomètres, cela représenterait près de 600 satellites morts laissés en orbite.
« De mon point de vue, trois engins spatiaux étant essentiellement ‘‘morts à l’arrivée’’ n’est pas quelque chose dont SpaceX devrait se contenter », estime Hugh Lewis de l’Université de Southampton en Angleterre, qui travaille à la modélisation de débris spatiaux. « Je m’attends à ce qu’il y ait d’autres défaillances, étant donné que nous sommes encore au début de la mission pour la plupart des engins spatiaux, et qu’il y a encore beaucoup de choses qui peuvent mal tourner. »
Il est utile de noter que ce premier lot de satellites Starlink est essentiellement un test, et que SpaceX fera en sorte d’améliorer la fiabilité des satellites dans le futur, en se basant sur les résultats de ce premier lancement. Mais avec un tel nombre de satellites planifiés, un nombre considérable de voix inquiètes se sont exprimées à propos des déchets spatiaux produits par de vastes constellations telle que celle-ci.
« Un taux d’échec de 5 % est en fait meilleur que la plupart des constellations de l’histoire, surtout de cette taille, » indique Brian Weeden de l’organisation de promotion spatiale Secure World Foundation. « Mais ce n’est définitivement pas assez bon pour une très large constellation de centaines ou milliers de satellites. L’objectif devrait être un taux d’échec de maximum 1 % voire moins, et même un tel taux conduirait à des douzaines de satellites morts. »
De nombreuses autres entreprises dont OneWeb et Amazon ont leurs propres plans pour de grandes constellations de satellites, avec l’objectif de transmettre internet vers la Terre afin de fournir une couverture internet haut-débit mondiale par satellite. Si toutes ces constellations venaient à se concrétiser, elles ajouteraient près de 20 000 satellites en orbite ; on ne compte actuellement que 2 000 satellites actifs.
La communauté de l’astronomie a également exprimé des craintes, certains astronomes faisant remarquer que les satellites étaient plus lumineux que prévu, et qu’ils pourraient donc entraver l’observation nocturne du ciel. Dans un effort pour apaiser ces craintes, SpaceX a indiqué qu’elle surveillait la visibilité des satellites tandis qu’ils étaient poussés vers leurs orbites de destination.
« Nous avons également contacté en amont les groupes éminents d’astronomie du monde entier afin de discuter du profil de mission Starlink, d’estimer scientifiquement les impacts sur les activités astronomiques et d’évaluer les mesures d’atténuation utiles pour l’avenir, » a ajouté SpaceX, d’après Business Insider.
Mais ce sont les débris spatiaux qui représentent la question la plus urgente actuellement, et SpaceX devra prouver qu’elle peut remédier à ces défaillances sur ses futurs satellites afin de réduire le nombre de satellites morts présents en orbite. Sans système de désorbitation de secours embarqué, contrairement à d’autres tels que OneWeb qui installera une poignée à bord de chaque satellite permettant de l’attraper, n’importe quel satellite Starlink défectueux sera simplement laissé en orbite jusqu’à ce qu’il entre à nouveau dans l’atmosphère de lui-même.
« Pour un engin spatial à 550 kilomètres, [un taux d’échec de 5 %] est acceptable, j’imagine, » concède Lewis. « Mais pour un grand nombre d’engins à 1 000 kilomètres, cela ne sera pas suffisant. »
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