SpaceX a déployé avec succès le premier lot de satellites de sa méga constellation Starlink, qui vise à fournir un accès à internet depuis l’espace à des milliards de personnes dépourvues de connexion au Net.
À 22 h 30, heure de la côte est américaine, le lanceur Falcon 9 décollait de Cap Canaveral. À son bord, 60 satellites Starlink, les premiers de cette constellation. SpaceX avait déjà déployé deux satellites d’essai auparavant, mais ce lancement sera un grand pas un avant vers le déploiement et l’exploitation de 12 000 satellites en orbite afin de fournir un accès à internet au sol d’ici 2020.
SpaceX prévoyait de réaliser ce lancement la semaine dernière, mais une mise à jour logicielle et des vents violents l’ont retardé à jeudi.
8 minutes après le déploiement, le premier étage du lanceur a pu se poser sur la barge de récupération Of Course I Still Love You (OCISLY) dans l’océan Atlantique. Ce vol était le troisième pour le propulseur d’appoint, qui avait déjà voyagé avec la mission Telsar 18 VANTAGE en septembre 2018 et la mission Iridium-8 en janvier 2019.
Les satellites Starlink seront déployés environ une heure après le lancement, à une altitude de 440 km. Leur altitude sera ensuite portée à 550 km grâce au moteur ionique embarqué alimenté au krypton. La durée de leur présence en orbite ainsi que leur mode de fonctionnement sont encore inconnus, bien que SpaceX ait dévoilé quelques informations avant le déploiement.
L’entreprise a déclaré : « avec leur design plat présentant plusieurs antennes à haut débit et une seule batterie solaire, chaque satellite Starlink pèse environ 227 kg. Ils peuvent suivre des débris spatiaux et éviter les collisions de manière autonome ».
Avec 60 satellites de 227 kg chacun à bord, il s’agit du déploiement le plus lourd jamais effectué par SpaceX, avec environ 13 620 kg. Cela pourrait bien annoncer le début d’un ambitieux programme, qui devrait aboutir à des dizaines de déploiements en orbite de lots similaires à Starlink.
À terme, SpaceX prévoit que Starlink fournira un accès 24/7 à l’internet haut débit par satellite partout sur Terre, même dans des endroits aussi reculés que l’Antarctique. Actuellement, les services internet sont souvent limités à un seul pays, avec un débit assez faible et une bande passante limitée qui empêchent une concurrence avec les équivalents terrestres.
Pour le PDG Elon Musk, SpaceX doit effectuer six autres déploiements avant de lancer le service, et six autres déploiements pour amorcer une « couverture importante » de la plus grande partie de la planète. SpaceX exploitera ses satellites à une altitude comprise entre 500 km et 1200 km.
Si l’entreprise n’a pas encore révélé le coût de ses services, Elon Musk ne cache pas que l’objectif de Starlink est de financer le projet ultime de SpaceX : envoyer des humains sur Mars.
On estime à environ 4 milliards le nombre de personnes dépourvues de connexion internet, que ce soit pour des raisons financières ou par manque de fournisseur. SpaceX espère pouvoir tirer profit de ces personnes, mais également des utilisateurs déjà existants, afin de récolter des fonds pour son projet. Elon Musk a déclaré disposer d’un capital suffisant pour déployer les satellites nécessaires à la mise en service du système.
Pourtant, des inquiétudes se font jour quant au nombre de satellites déployés. SpaceX fait partie des neuf entreprises que la Commission Fédérale des Communications (FCC) autorise à mettre en orbite de grandes constellations de satellites (environ 15 000 au total) afin de fournir un accès à internet. D’autres sociétés prévoient de déployer de telles constellations, comme Amazon avec son Projet Kuiper (3000 satellites), bien qu’elles n’aient pas encore reçu l’approbation de la FCC.
En plus du risque de défaillance, le déploiement de tous ces satellites pourrait poser des problèmes considérables de débris spatiaux. Actuellement, seuls 2000 satellites actifs sont en orbite, et environ 8000 ont été déployés depuis Spoutnik 1 en 1957. Ces méga constellations vont donc augmenter considérablement le nombre de satellites en orbite.
SpaceX et les autres entreprises concernées devront prouver qu’elles peuvent mener à bien leur projet de manière durable, notamment en mettant en place une désorbitation de leurs satellites en temps utile, afin d’évacuer les débris en orbite terrestre. Certaines entreprises comme OneWeb, un autre concurrent dans la course à l’internet spatial, prévoient d’accrocher des points d’ancrage à leurs satellites, de manière à pouvoir les désorbiter en cas de panne.
En début de semaine, lors d’une conférence de presse précédant le lancement, Elon Musk avait insinué que certains des premiers satellites Starlink pourraient ne pas fonctionner. Bien qu’ils soient conçus pour contourner d’autres satellites en orbite de manière autonome, les Starlink sont si nombreux que le risque de dysfonctionnement n’est pas négligeable, que ce soit maintenant ou quand des milliers en seront déployés.
Malgré les inquiétudes, ce déploiement confère à SpaceX le rang de favori dans la course à l’internet spatial. OneWeb a lancé ses premiers satellites opérationnels en début d’année et d’autres sociétés devraient lui emboîter le pas. Les places sont chères sur le marché des fournisseurs d’accès à internet par satellite, il est donc essentiel de se positionner parmi les premiers pour garantir son succès.
Il sera essentiel de répondre aux préoccupations sur le déploiement de tous ces satellites ainsi que leur désorbitation (l’ONU demande aux exploitants d’en être capable d’ici 25 ans). L’augmentation considérable du nombre de satellites en orbite s’accompagne de son lot de complications, et SpaceX ferait bien de donner l’exemple aux autres sociétés.
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