Face à la domination américaine et chinoise, l’Hexagone a la volonté de participer au réveil européen dans la course à l’IA. Une volonté appuyée par l’Élysée lors de son sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle du 6 au 11 février à Paris.
Dirigeants politiques, géants de la tech, startups innovantes… Lundi prochain, Paris accueillera les acteurs clés du secteur de l’IA, venus de divers horizons, dans le cadre d’un sommet aux enjeux capitaux. Parmi les personnalités attendues, l’événement pourra compter sur Sam Altman, patron d’OpenAI, Dario Amodei d’Anthropic, ou encore Arthur Mensch de MistralAI. Le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, et le chancelier allemand Olaf Scholz seront également de la partie.
Le Sommet international s’ouvre ce jeudi à Paris avec deux journées consacrées à des débats scientifiques avant l’arrivée, lundi, des patrons de la tech et des chefs d’État. Cet événement, porté depuis plusieurs mois par Emmanuel Macron, ambitionne de positionner la France comme un acteur clé du développement et de la gouvernance de l’IA. « À l’occasion du sommet, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dévoilera un plan sur l’IA à l’échelle de l’Union », rapporte Le Figaro. La France présentera aussi le troisième volet de sa propre stratégie nationale, débutée en 2018.
Valoriser l’écosystème français
Depuis la percée fulgurante de ChatGPT dans nos vies en 2022, l’IA prouve à nouveau son potentiel de transformation profonde de notre société. Le sommet sur l’IA qui prendra place dans la capitale fera état de cet enjeu majeur, en particulier de la métamorphose du travail ou encore de l’arrivée de la robotique dopée à l’IA.
Si la Chine et les États-Unis sont en avance sur le terrain de l’IA générative – avec respectivement DeepSeek et ChatGPT, l’Hexagone souhaite aussi valoriser son propre écosystème mais aussi défendre un usage jugé « responsable » de l’IA et des données. Après le fameux RGPD, le DSA et le DMA, l’Europe a introduit son propre règlement sur le sujet : l’IA Act. Face à la propagation de la désinformation en ligne et l’amplification des faux messages via IA (ndlr : deepfakes), la France pourrait profiter de ce sommet pour rappeler sa propre vision d’une IA éthique et responsable.
Et puisque la course à l’IA ne se joue pas seulement sur les normes, l’innovation à la française aura aussi sa place lors de ce rendez-vous. Au total, 27 start-up tricolores – à l’instar de Photoroom, Dataiku ou Doctolib – auront l’occasion de briller au Grand Palais. Un panel sélectif censé représenter au mieux les 750 start-up réparties sur le territoire.
D’après le baromètre annuel d’EY, les start-up françaises d’intelligence artificielle générative ont levé un total de 1,6 milliard de dollars en 2024. En tête d’affiche, Mistral AI a levé 468 millions d’euros, et Poolside, 455 millions d’euros. Conséquents à l’échelle française, ces investissements sont loin d’être suffisants pour espérer concurrencer les deux premières puissances mondiales, avec 38 milliards de dollars investis pour les États-Unis et 3,8 milliards pour la Chine.
L’Europe « souffre d’un cruel manque de coordination et de moyens financiers » dans le domaine, estimait la géopolitologue Asma Mhalla dans Les Echos. « Paris tente de réunir les bonnes volontés autour de la notion de ‘communs’, à contretemps d’une gouvernance mondiale de plus en plus fragmentée ».
À quelques jours du Sommet à Paris, le gouvernement a dévoilé ses priorités pour renforcer la compétitivité et l’innovation. « Notre stratégie nationale doit entrer dans sa troisième phase, ambitieuse sur la diffusion de l’IA dans l’industrie, dans l’action publique, la formation et la recherche », avait affirmé le Premier ministre François Bayrou.
Amorcée en 2017 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle entre désormais dans son troisième volet. Le montant complet ne sera connu qu’au moment du Sommet, mais il comprendra au minimum une nouvelle dotation de 400 millions d’euros pour le plan France 2030. Un fonds européen pour l’IA sera également dévoilé, ainsi qu’un ensemble d’investissements privés, de la part d’entreprises françaises ou étrangères. « Nous allons dévoiler 35 sites clé en main prêts à accueillir de nouveaux data centers », a complété Matignon, qui souhaite d’abord accélérer sur les infrastructures dédiées à l’IA d’ici 2027.
Rivaliser avec les géants
Plusieurs table-rondes sont prévues avec la participation de grands chercheurs, dirigeants et entrepreneurs comme Yann LeCun, directeur scientifique de l’IA chez Meta, Clément Delangue de Hugging Face, Fidji Simo d’Instacart ou encore Guillaume Faury d’Airbus. Un moyen de faire valoir que la France a tous les atouts nécessaires pour se positionner la France comme leader européen face à la domination américaine et aux progrès rapides de la Chine.
« Nous devons provoquer un réveil européen et nous assurer que la France ne passe pas à côté de cette révolution », a déclaré la présidence française.
La France et l’Europe ne manquent pourtant pas de ressources. « La France a un vrai savoir-faire dans l’IA. Elle figure dans le top 5 des meilleurs modèles avec Mistral », rappelle Philippe Corrot, PDG de Mirakl, dans Le Figaro. L’Europe compte aussi des pépites en Allemagne (Helsing, Aleph Alpha, DeepL) ou en Roumanie (UI Path).
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