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Social Media, Quel Avenir ? Prédictions Sans Boule De Cristal

Social Media

Social Media, quel avenir ? C’est une dure et vaste question, on pourrait y répondre assez théoriquement. Dire que Facebook aura fermé ses portes, que TikTok sera sur le toit du monde des réseaux sociaux et que Viadeo sera enfoui sous le colosse LinkedIn. Et toi, je te vois fuir face à un article que tu penses à mourir d’ennui, “super, la fin de Facebook, j’y avais pas pensé !”. Reste encore un peu.

Qui peut se vanter d’avoir la réponse ? Surtout pas nous ! Parce qu’on ne s’est pas fait tirer les cartes aux Saintes-Maries de la Mer et qu’on ne sait toujours pas lire dans une boule de cristal, on va juste lancer des hypothèses ensemble.

On s’en moquera peut-être dans 5 ans en disant que l’on était à côté de la plaque, tout comme la prédiction de la fin du monde en 2012 que l’on attend toujours. Il se pourrait que cet article tombe dans les méandres d’Internet d’ici là… à moins qu’il ne soit exploité dans un livre en VR vendu sur Instagram shopping.

On donne de la voix

“Attends, je te fais une voice”. Je ne sais pas vous mais on a mis un peu de temps à comprendre ce que faisaient “les jeunes” à parler à leur micro de téléphone, seuls, sans interlocuteur, en pleine rue ou dans le métro, de manière plus ou moins ridicule d’ailleurs. Ils discutent. Ils “chattent”. Les messages vocaux ont le vent en poupe sur Instagram, Messenger ou WhatsApp et c’était bien prévisible.

Après les assistants vocaux et enceintes intelligentes Siri, Alexa, Google Home et le petit dernier by Orange nommé Djingo nous facilitant la vie et nos recherches, c’est au tour de nos conversations digitales de se “voicer”.

Paraît-il qu’après le “m-commerce” et le “Social Selling” on trouvera le “Voice commerce” et le “Social Voice Selling”. Des noms compliqués pour dire que l’on pourra certainement parler à Instagram pour lui demander d’acheter la même robe que telle influenceuse en taille M. En un tour de voix, la commande est passée, presque déjà livrée !

En parlant d’influenceurs, que deviendront-ils d’ici 5 ans ?

Influence is business

“C’est un métier super, je vis de ma passion et n’ai pas l’impression de travailler un seul jour de l’année. Par contre, je sais que ça peut s’arrêter du jour au lendemain donc je profite de chaque instant.” À peu près le message donné par tous les influenceurs de France et de Navarre.

Et pour cause, la plupart protège déjà leurs arrières en profitant de leurs super-pouvoirs : le pouvoir d’influencer l’achat, d’influencer des modes de vie voire des comportements.

Comment ? En créant leur marque ou leurs produits dérivés : autant utiliser ce super-pouvoir pour eux-mêmes plutôt que d’en faire profiter des marques annexes. Nos super-influenceurs deviennent alors des super-business men. Et ça marche !

Livre de recette, biographie, agenda, trousse et cartable, marque de vêtements ou de maillots de bain, programme sportif, thé… tout se vend, tout s’arrache ! Et les fameux “millenials” sont la première cible : quand autrefois on adulait des célébrités comme Garou, Patrick Bruel (“Patriiiiiiiick”), Céline Dion, Indochine, Johnny (forcément), Mylène et j’en passe, aujourd’hui, les stars, ce sont bien nos super-influenceurs tout droit sortis des réseaux sociaux avec une aura aussi forte que Tokyo Hotel avec les minettes.

                  

 

Les produits sont dévalisés, les files d’attente des “meet-up” (rencontres) interminables… et des “produits” improbables se revendent à prix d’or. Tibo InShape dévoilait en janvier les dessous de son business sur YouTube. Squeezie avait à l’époque pointé du doigt cette vidéo et son business model qu’il jugeait alors immoral.

Peut-on jouer sur son image à ce point ? Faire payer une bande dessinée dédicacée 2 euros de plus que la BD vierge ? Monétiser ses autographes ? Ses photos ? Vendre une vidéo personnalisée 36 euros ?

En juillet, le site “Celebrity” a voulu surfer sur ces super-pouvoirs des influenceurs pour arnaquer les fans. Comment ? Ce site vendait soit-disant des vidéos dédicacées de centaines d’influenceurs entre 25 et 80€, selon la taille de leur communauté.

Le pire dans tout cela ? C’est que ça marche ! Des centaines d’internautes se sont fait arnaquer avant que les influenceurs eux-mêmes ne fassent passer le message de la supercherie.

Mais alors dans 5 ans ?

Et bien on peut supposer deux choses simples.

La première étant que toutes ces success stories donnent envie aux jeunes fans d’aujourd’hui de devenir le super-influenceur de demain. Nos enfants rêveront désormais de devenir influenceur, à l’instar de pompier, astronaute ou maîtresse.

Y aura-t-il de l’audience pour tous ? Il y aura une multiplication des micro-influenceurs et les stratégies de marques devront s’adapter. D’ailleurs, on s’aperçoit déjà que les adolescents font naturellement attention à leur “personal branding”. Pas rares sont ceux qui dépassent facilement les 1000 abonnés Instagram (quand on galère depuis 5 ans pour dépasser les 500), ils ont une culture de leur image et sont très à l’aise avec la caméra de leur smartphone. Passant de la danse sur Tiktok aux “Face Cam” sur Instagram, avec l’aisance de Philippe Risoli sur le Juste Prix.

La seconde supposition est que le super-pouvoir de faire acheter s’amenuise petit à petit. A force d’accepter des partenariats de toute part, de se prendre des commissions au passage, les internautes ne se feront plus berner et la confiance influenceur-internaute s’évaporera. C’est déjà le cas, il n’est plus rare de voir des commentaires sous les publications sponsorisées des influenceurs : “Encore un post sponso, prêt à tout pour gagner de l’argent” (et on vous le fait soft).

Cependant, le pouvoir d’influencer les comportements et d’interpeller sur certaines causes seront toujours présents et peut-être même plus forts : le mieux manger, le mieux vivre, le mieux consommer, l’écologie, la sauvegarde de la planète… On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein, un business malsain basé sur les consciences de chacun ou le super-pouvoir de faire évoluer nos manières de vivre.

Quoi qu’il en soit, il faudra probablement pour les marques utiliser ce “créneau” pour pouvoir être véritablement prises au sérieux par les abonnés.

Méfiance et marche arrière

Et j’en viens à un point important : les internautes seront méfiants ! Méfiants des publications sponsorisées des influenceurs, mais pas que.

L’internet du n’importe quoi, du “temps de l’épate” où tout était magique, nouveau, superbe, technologique arrive à son terme. Où l’on remplissait n’importe quel formulaire sans se poser de question, où la CNIL ne sévissait pas encore et que le RGPD n’était qu’un acronyme.

BIG BROTHER IS WATCHING YOU

Nous sommes de plus en plus informés et éduqués sur les dangers, réels ou non, des réseaux sociaux et de l’internet en général. Au-delà de l’exploitation des données, la prise de conscience sur les manipulations des réseaux est grandissante.

Netflix sortait début 2019 un documentaire effroyable sur le scandale Cambridge Analytica, “The Great Hack”. On y voit comment les intentions de vote des électeurs américains ont été influencées en faveur de l’extrême droite suite à des fuites de données Facebook. Ou comment la démocratie peut être menacée par les réseaux sociaux.

Le visionnage du reportage donne des sueurs froides, et l’envie d’une seule chose : supprimer son compte Facebook.

Nous savons désormais que nos comportements sont sans cesse observés, que nos conversations sont écoutées par les Google Home, que les micros de nos portables permettent de nous pousser des publicités en fonction de nos discussions.

Nous avons la certitude que des hackeurs peuvent prendre possession de notre webcam d’ordinateur, que les traits de nos visages sont enregistrés sur des serveurs grâce à la reconnaissance faciale, que Google Map enregistre tous nos déplacements, qu’Apple connaît parfaitement nos heures de sommeil et de réveil. On sait aussi qu’Uber augmente ses tarifs lorsque l’on est en “économie d’énergie”, prêts à payer le prix pour rentrer avant que notre smartphone s’éteigne, que Tinder manipule nos rencontres en évaluant notre activité physique ou notre niveau d’intelligence via l’étude de nos conversations.

Plus de place au hasard, nous laissons les algorithmes faire des choix à notre place, en abandonnant notre libre arbitre. Tous nos faits et gestes, nos recherches, nos déplacements, nos conversations peuvent conduire les entreprises à déterminer un “pouls émotionnel”. Nos intérêts, nos goûts, nos peurs. Et cela peut être utilisé contre nous et à tout moment. BIG BROTHER. On y est bel et bien.

On ajoute à cela les Fake News, ces fausses informations qui font parties de notre quotidien et que l’on s’attelle à déjouer chaque jour.

Et nous avons donc le cocktail explosif de la méfiance. Celui qui nous poussera peut être dans 5 ans à laisser les réseaux sociaux de côté, à faire attention à nos manipulations digitales.

Et si en plus de nous espionner, les réseaux sociaux nous rendaient malades ?

Facebook, Instagram, Snapchat pousseraient à la dépression et engendreraient un sentiment de solitude. Selon une étude de la Royal Society for Public Health, parue en 2017, les 12-24 ans qui utilisent Instagram et Snapchat ont quatre fois plus de chances d’avoir des tendances dépressives que la moyenne des jeunes de cette tranche d’âge.

Cette course aux likes permanente qui permet de se sentir aimé, de reprendre confiance en soi n’est que fictive. Lorsque l’on se retrouve dans la vie réelle, ce moment de gloire n’est plus et la chute peut être destructrice.

Sans parler de la vie parfaite, en apparence, de Michel ou Micheline, qui n’ont jamais de moments de doute, leur vie de couple est toujours au beau fixe, leurs voyages sont éblouissants, ils ont les mensurations de Ken et Barbie et leur nounou éduque leurs trois enfants parfaitement. Et plus on défile notre feed, plus on voit des gens beaux et heureux, toutes des photos bien cadrées, filtrées, avec sourires à toutes les sauces. Une vie à faire douter de son bonheur personnel et de ses propres vacances annuelles à Berck-sur-Mer.

Heureusement, certains comptes luttent pour nous montrer la vraie vie, la vie non parfaite, celle du quotidien. (Merci Celeste)

Récemment, Instagram a décidé de mettre fin à “la dictature du like” pour enlever cette pression sociale. Encore en phase de test, la solution, radicale, serait de supprimer le compteur de likes. Fin de la compétition malsaine mais aussi grosse remise en question du fonctionnement du réseau notamment pour les influenceurs.

Instagram ferait donc marche arrière sur ce qui a fait sa réussite, et on serait presque tous soulagés !

“Les réseaux sociaux, c’est la fin du partage réel”. Et bien dans 5 ans, on mise (on espère ?) sur la reconnexion. Après tout, les Buffalo reviennent à la mode pourquoi pas les relations IRL (aka, in real life) ?

Ce sera old school de s’envoyer des messages, on s’appellera. Ce sera peut-être old school d’avoir des réseaux sociaux et un smartphone, on repartira sur ce bon vieux Nokia 3310 (qui n’espionnera pas nos conversations) et on ira au théâtre plutôt que de faire des lives sur Twitch.

Google a surement anticipé ce besoin de reconnexion, en annonçant en juillet le lancement d’un nouveau réseau : Shoelace. Cette application permettrait de faciliter la rencontre des gens ayant les mêmes centres d’intérêt autour de soi. Un mélange de Tinder et de Facebook, toujours sous algorithme, mais cette fois dans l’optique de sortir la tête de l’écran.

Donc a priori si on résume bien, dans 5 ans plus personne ne sera sur les réseaux sociaux et on parlera seul à nos smartphones ?

Pas réellement, nous serons très certainement plus éduqués et attentifs à notre manière de consommer ces réseaux, telle la tendance healthy food d’aujourd’hui. On sera plus prudent tant dans la manière de les utiliser que dans tout ce qui peut nous influencer.

Il y aura un retour en arrière, un effacement des écrans au profit de la vie réelle. On peut imaginer les tendances du “zéro smartphone”, du “slow life, right life”, “zéro réseau”…

On s’en éloignera tout en gardant un pied dedans, parce que oui, malgré tout, les réseaux sociaux c’est pratique et ça permet de garder le contact. Sans compter la pollution numérique. Savez-vous qu’Internet est le plus gros pollueur de ce monde ? Dans un contexte de guerre climatique, il se pourrait bien qu’en dépit de nos bonnes intentions, ce soit la planète qui nous oblige à restreindre nos temps de connexion.

 

Maude Bienfait, Manager du pôle Social Media & Influence chez DISKO

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