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Quand Les Rencontres En Ligne Changent La Société

Getty Images

Rencontres en ligne : La manière dont les couples se forment a changé, et notamment en raison de l’apparition des sites de rencontre. Le MIT Technology Review, revue de la prestigieuse école américaine Massachussetts Institute of Technology, rapporte une étude de chercheurs qui ne s’arrêtent pas à ce constat. Non contents de changer la manière dont les couples se forment, les sites de rencontre seraient également en train de changer la mixité et la stabilité même du mariage.

Assis à une table de restaurant, deux inconnus se découvrent, entre gène et séduction. Première rencontre, premiers échanges aguicheurs, premières blagues taquines. Le courant passe, et déjà la sentence tombe, cruelle : ils n’ont que 12 heures devant eux. Malgré l’attrait réciproque, ils ne pourront poursuivre leur relation. C’est une application de rencontre qui a tout organisé, du rencart au nombre d’heures, de mois ou d’années à passer ensemble. Cette appli ultra sophistiquée permet de trouver le ou la partenaire ultime. L’amour idéal, le « match » parfait. Pour être fiable à 99,8%, le « système » soumet les utilisateurs à une série de relations à dates de péremption pour permettre à la machine d’apprendre. 

Ceci n’est pas la réalité, mais le scénario de l’épisode 4 de la saison 4 de la minisérie à succès Black Mirror. Un futur proche ? Depuis l’apparition des premiers sites de rencontres dans les années 1990, et leurs évolutions au cours des années 2000 et 2010 avec les applications mobiles dotées de géolocalisation, comment ont évolué les rencontres ? La revue du MIT relaie une surprenante étude diffusée sur la plate-forme arXiv : plus d’un tiers des mariages commencent en ligne. Plus spectaculaire encore, l’utilisation de Tinder, Meetic et compagnie favoriseraient la mixité des couples et feraient baisser le taux de divorces.

2ème moyen le plus courant de se rencontrer

Josue Ortega, de l’université de l’Essex au Royaume-Uni, et Philipp Hergovitch, de l’université de Vienne en Autriche ont mené l’étude. Pour les économistes, les rencontres en ligne se font entre deux personnes parfaitement étrangères l’une à l’autre. Et évoquent « la force des liens faibles ».

Chaque personne est fortement liée à un groupe proche et construit des liens plus lâches, ou liens faibles, avec des personnes plus éloignés. « Les liens faibles ont traditionnellement joué un rôle clé dans la rencontre des partenaires », estiment les chercheurs. Jusqu’à présent, une personne est plus susceptible de se mettre en couple avec un ami d’ami, qu’avec son propre meilleur ami. Or, les réseaux sociaux font l’effet d’un chamboule-tout : selon Josue Ortega et Philipp Hergovich, « les gens qui se rencontrent en ligne ont tendance à être de parfaits inconnus », créant des liens sociaux jusqu’à présent totalement inexistants. L’intérêt de l’étude est de montrer que cet élément change la diversité de la société.

Et il ne s’agit pas d’un phénomène isolé, puisque depuis la fin des années 1990 pour les hétérosexuels, et le début des années 1990 pour les homosexuels, le nombre de couples formés par le truchement de sites de rencontres n’a cessé d’augmenter : pour les hétérosexuels, la rencontre en ligne est le deuxième moyen le plus courant de se rencontrer, et le plus populaire pour les couples homosexuels. Au détriment d’autres intermédiaires tels que les amis, l’école ou le lieu de travail.

Mixité des couples

Ortega et Hergovich n’ont pas seulement analysé la création de liens sociaux qui n’auraient pas existé auparavant, ils ont également tenté d’étudier l’impact que cela aurait sur la diversité. Pour les chercheurs, « l’intermariage est largement considéré comme une mesure de la distance sociale dans nos sociétés ».

Ils proposent une modélisation de la société qui montre que l’intégration de liens absents dans la société conduit à plus de mixité. Les chercheurs mesurent également la force des mariages et constatent qu’ils auraient tendance à durer plus longtemps avec l’intégration des rencontres en ligne. 

Attention, les chercheurs proposent un modèle « idéal » d’une certaine manière, et ne prennent pas en considération le fait que les applications de rencontres, notamment, utilisent des algorithmes qui proposent aux utilisateurs des profils susceptibles de leur plaire. Comme sur Facebook, Netflix ou Deezer, l’internaute est abreuvé en fonction de ses goûts afin qu’il clique. Au risque de retomber sur ses semblables, comme dans ses cercles d’amis.

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