Comment gagner en agilité dans sa transformation numérique ? Pourquoi des entreprises bicentenaires affichent-elles une plus grande capacité à innover qu’une société fondée il y a trente ans ? La sixième édition du salon ROOMn, spécialiste de la rencontre d’affaires, a accueilli grands comptes et start-up pour débattre de ces questions au Grimaldi forum de Monaco, les 6 au 8 mars dernier. Entre keynotes, tables rondes, stands et rendez-vous affinitaires, les 630 participants se sont livrés à un marathon pour dénicher la pépite et découvrir les tendances actuelles.
Challenger ses collaborateurs avec les talents de la tech et les prestataires de services dans le cadre d’appels à projets. Un exercice à effectuer devant un jury de cadres dirigeants missionnés par leur groupe pour sceller l’avenir de ces compétiteurs venus pitcher. C’est, aujourd’hui, la profession de foi de beaucoup de décideurs qui encensent ce mode de fonctionnement « ingénieux et vecteur d’innovations – plus encore – d’émulation, au sein des entreprises », enseigne Guillaume Dolbeau, directeur de l’innovation de PMU, lors d’une table-ronde sur le thème : « Labs d’entreprise-Intraprenariat : Quels retours d’expérience ? » organisée au Grimaldi Forum de Monaco.
En cette journée où baigne une atmosphère printanière dans la Principauté, les invités affluent pour entendre ces témoignages, échanger sur les bonnes pratiques entre pairs et, surtout, dénicher les jeunes pousses capables de les aiguiller dans leurs problématiques structurelles, industrielles, conjoncturelles, salariales ou culturelles. ROOMn, le spécialiste de la rencontre d’affaires mobilité et digitale, tenait sa 6ème édition avec un programme conçu « au plus près des préoccupations des acteurs de la transformation numérique, qu’ils soient managers, entrepreneurs ou encore institutionnels, car les besoins sont nombreux. Quant au timing pour pivoter vers plus d’agilité, il s’avère généralement serré », commente Adeline Babel, l’une des responsables de l’événement qui s’active sur tous les fronts dans cette salle de 4000 m².
Cet opus met à l’honneur l’intraprenariat sous l’angle de la transformation des collaborateurs, le mobile First, la révolution des datas, et bien sûr l’intelligence artificielle ; autant d’enjeux portés par le triptyque : innovation, création de valeur et le défi de l’expérience utilisateur. Une expression sur toutes les lèvres durant ces trois jours de début mars. Nombreux sont les primo-participants à ROOMn à se poser la question : comment penser user-centric ? Comment enrichir les interactions avec ses clients et faire la différence ? Peut-on être novateur et crédible lorsque l’on s’adresse aux Millennials, aux Z, alors que son entreprise a émergé au siècle dernier, voire deux siècles en arrière ? Pierre-Philippe Cormeraie, Chief Digital Evangelist, chez BPCE et orateur du jour, balaie d’un revers de main cet a priori. Exemples à l’appui. L’institution bancaire, issue de la fusion en 2009 de Banque Populaire (créée en 1878) et de la Caisse d’Epargne (née en 1818), a son Lab d’où plusieurs innovations sont sorties.
Les équipes ont en effet imaginé une technologie permettant de retirer de l’argent dans un distributeur de billets depuis un smartphone. A partir d’un SMS pour les Caisses d’Epargne et depuis l’application bancaire pour les Banques Populaires. Cela permet, par exemple, à des parents d’envoyer via leur mobile un code à usage unique à leur enfant qui aura la main pour prélever le montant envoyé, bien que n’étant pas détenteur d’une carte bancaire. Des illustrations en matière d’expérience client, le Groupe BPCE, en regorge dans sa bourse.
A mesure que l’intervention se poursuit, la réceptivité de l’auditoire s’accroît et les questions fusent, notamment lorsque le sujet de la transformation des collaborateurs est abordée. « Nous valorisons ce droit à l’innovation pour chaque employé ! Depuis 2010, nous avons mis en place des Trophées de l’Innovation à l’échelle du groupe. Les meilleures initiatives sont valorisées afin de permettre aux finalistes de passer rapidement de l’idéation au prototypage. Cela permet aussi de favoriser des démarches innovantes en provenance de collaborateurs ayant un œil neuf par rapport à une problématique donnée ». Ouvrir des passerelles entre les métiers et les hommes, c’est la clef du succès, entonne-t-il.
Guillaume Dolbeau, de PMU, acquiesce de la tête. « Je suis un fervent défenseur de cette intelligence collaborative à quelques strates que soient dans l’entreprise. J’estime que tout le monde a la capacité d’innover. Arrêtons les idées reçues ! Souvent, dans notre compagnie, nous recevons des projets fermentés par des équipes de la comptabilité, des services généraux ou des ressources humaines, et pas forcément du marketing ou du service IT que l’on pourrait considérer comme plus créatifs sur ces questions ». Les déclarations du jour se ponctuent toutes sur la même antienne : cette culture de l’innovation et de l’ouverture doit être soutenue au plus haut niveau du management.
Au sein de l’assemblée, un participant ne cache pas son « désarroi » de ne pas pouvoir importer une telle dynamique, « pourtant nous avons également notre lab ! Mais, pourquoi, échouons-nous à mobiliser et à conduire des expérimentations concrètes ? », se désole-t-il. « Avez-vous associé les concernés ? Avez-vous suffisamment promu en interne le bien-fondé de vos actions ? », lui répond-on avant d’être invité à poursuivre l’échange en aparté lors d’un moment moins formel. Promesse tenue, la discussion reprendra lors d’un cocktail.
Cette année ROOMn a mis en place de nouvelles zones d’animations telles qu’un espace dédié à l’IoT proposé par Connectwave, la plateforme d’expérimentation et d’usages dédiée aux objets connectés en milieu industriel. Entre simplification de la maintenance, sécurisation des données, robotisation des procédures, les néophytes s’initient à ces solutions. Autre nouveauté du salon, un espace démos développé par Tableau Software offrant aux curieux la possibilité de maximiser la valeur de leurs data. Toutefois, la « star » du jour c’est de loin le Fastlab® byOpen qui a été délocalisé le temps de la manifestation. Le contingent de 18 experts chargés d’introduire le design thinking aux invités, s’est démené pour répondre aux sollicitations.
Ce programme visant à accélérer la transformation digitale des entreprises à travers six phases allant d’un ‘minimum viable product’ – comprenez l’idéation – au ‘prêt à être industrialisé’, compte déjà parmi ses clients de nombreuses sociétés cotées comme EDF, Renault, Bouygues Telecom, Engie ou des institutionnels à l’instar du Ministère de la Justice, de Pôle Emploi, « toutes désireuses de s’approprier la technique du design thinking », confie Guy Mamou-Mani, co-président du groupe Open. Les premières sessions ébauchées sous le ciel azur monégasque sont en bonne voie pour être approfondies de retour dans les maisons mères, se satisfait celui qui est également membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) et co-président de l’association #JamaisSansElles. Visiblement très à l’aise dans ces grands-messes, le chef d’entreprise motive ses troupes et leur promet de renforcer la délégation pour l’édition prochaine.
Autre stand prisé, la start-up Entr’Up, lauréate du prix Digital Challenge décerné chaque année par l’organisateur. Son concept d’optimisation du travail collaboratif en mode projet et éprouvé chez des clients comme Orange ou Accenture, captive. De l’avis de certains utilisateurs présents sur les lieux, leur solution de smart assistant aurait mis fin au casse-tête de « réunionite aigüe » sévissant dans les entreprises. Vincent Mendes, co-fondateur d’Entr’Up, affiche un visage juvénile et un discours nourri de sa propre expérience d’étudiant confronté à la difficulté de travailler en équipe efficacement. « Notre outil Aster a été pensé pour s’intégrer dans les mails, les agendas et autre outils de communication dans le but de fluidifier les interactions en précisant les objectifs de chacun, les avancées, les axes d’amélioration avant la tenue d’une réunion. Le tout en restant focalisé dans une démarche d’intelligence émotionnelle. La mesurabilité de notre dispositif est tangible puisque le temps passé en meeting décline au fil du projet, de même que s’installe une plus grande cohésion parmi les personnes impliquées », explique ce-dernier.
Très présent sur le créneau relationnel et participatif, Entr’Up, a aussi développé une technologie de matching entre aspirants entrepreneurs afin d’évaluer en amont « la compatibilité et la complémentarité » des futurs associés (programme ‘Associate Compatibility Experience’, ACE). Vincent Mendes arguant, chiffres à l’appui, que l’une des causes majeures d’échec d’une start-up proviendrait d’un « mauvais casting« .
Partenaire du ROOMn Digital Challenge, le gouvernement Monégasque, va offrir à la jeune pousse lyonnaise l’hébergement pendant six mois à Station F et une rencontre avec les forces vives de la Chambre Economique de Monaco. « Un rêve éveillé », témoigne le jeune CEO.
1300 rendez-vous affinitaires plus tard et autant d’échanges de cartes de visite, startuppers et décideurs de grands comptes se quittent avec l’engagement pour certains de se retrouver dès la semaine suivante « sous un ciel parisien, sans doute gris et pluvieux » !
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