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Revolut : « Nous voulons devenir l’Amazon des services bancaires »

Le vice-président monde du groupe Revolut, Antoine le Nel, présent pour la première fois au salon VivaTech, revient pour Forbes France sur les nouvelles innovations et stratégies de la néo-banque. 

 

Forbes France : Comment Revolut se différencie-t-il de ses concurrents principaux comme N26 ou Monzo ?

Antoine le Nel : Il y a deux dimensions. D’abord, Revolut a construit une plateforme qui, dès sa genèse, a été pensée comme multi-produit, donc multi-pays, multi-régions. Il y a donc une dimension produit sur laquelle on est positionné. Que ce soit le paiement, l’épargne, ou le crédit. On ne fait pas que travailler sur notre produit, on va bien au-delà. On propose par exemple une banque business, un peu sur le modèle de Qonto en France. On propose aussi des solutions de paiement type « Buy Now, Pay Later », comme peut faire Klarna. On dispose de solutions avec des terminaux de paiement, comme d’autres entreprises peuvent le faire. Nous avons une ambition de services financiers au sens très large du terme, comme peuvent l’être Paypal et Visa. Nous sommes présents dans plus de 40 pays, dont tous les pays de l’Union Européenne. Mais également à l’internationale comme en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Singapour, au Japon, et aux Etats-Unis. Récemment, nous venons de lancer le Brésil ainsi que d’obtenir la licence bancaire au Mexique. Donc nous avons une vraie dimension globale qu’aucune autre néo-banque n’a aujourd’hui. Nous voulons faire de Revolut l’Amazon des services bancaires tant pour les particuliers que pour les professionnels. 

 

Sur quels marchés géostratégiques êtes-vous présent actuellement ?

A.L.N. : En Europe, on est l’application la plus téléchargée sur 15 pays. Nous sommes numéro 1 au Royaume-Uni, en Irlande, en Espagne, en Italie, en Pologne, en Roumanie, etc. Sur tout le continent cette fois-ci, on est l’application financière la plus téléchargée, devant PayPal. Donc aujourd’hui, on acquiert plus d’un million de clients par mois sur le marché européen. Au Royaume-Uni, par exemple, on a 9 millions de clients. En France, on a 3 millions de clients. En Espagne, on a aussi 3 millions de clients. Notre objectif, c’est d’être numéro 1 dans tous les pays européens. A l’heure actuelle, pour la France nous ne sommes que numéro 2, donc nous pouvons encore faire mieux. En dehors de l’Europe, ce sont des marchés qu’on a lancés plus tard, mais on a des perspectives de croissance qui sont déjà très fortes, notamment dans la région Asie-Pacifique, sur l’Australie, la Nouvelle-Zélande et à Singapour. Revolut est dans le top 10 des applications financières, et notre objectif c’est de continuer de croître dans les pays où nous sommes implantés. 

 

tant que vice-président monde de Revolut Monde, comment avez-vous appréhendé la venue d’un nouveau concurrent avec le changement de Lydia compte en Sumeria, désormais dédié au service bancaire ?

A.L.N. : Aujourd’hui, je ne vois pas forcément les néo-banques comme concurrentes entre elles. Je pense que la croissance du marché est avant tout une digitalisation du marché global. La vision de Revolut, c’est de se dire : on croit fondamentalement que le produit digital, c’est le produit le mieux adapté à l’utilisation bancaire. Et on est plus que ravi de savoir qu’il y a d’autres acteurs qui vont nous aider à faire bouger le marché dans cette direction. Le marché bancaire est un marché où il y a eu très peu d’innovations. En France on avait eu certains acteurs digitaux, qui s’étaient lancés, mais c’était quand même assez peu innovant. C’est pour ça que tout à coup, les FinTech ont explosé, même si clairement, elles ont explosé assez tard. Quand on compare avec le e-commerce qui a complètement écrasé le commerce traditionnel, il y a déjà maintenant très longtemps, que ce soit sur la musique, le voyage, la transition digitale, ce changement a été fondamental. Le modèle bancaire met plus de temps à prendre ce tournant, car il y a plus de résistance sur le marché.

 

C’est donc votre vision à long terme du marché mondial ? 

A.L.N. : Exactement. C’est pour ça qu’aujourd’hui, nos concurrents sont les banques traditionnelles. Notre objectif est de faire comprendre aux gens qu’il y a une vraie révolution en marche dans le monde de la banque, qui apporte une meilleure expérience-client à de meilleurs prix avec plus de contrôle des finances. 

« On travaille aujourd’hui sur le crédit immobilier, avec l’objectif de faire des premiers tests : en Lituanie et en Irlande d’abord, avant de l’amener sur un marché comme la France. L’idée, ce serait plutôt de lancer le crédit immobilier courant 2025. Le dernier produit sur lequel on travaille, davantage pour la France, c’est le livret A. Actuellement, notre solution d’épargne n’inclut pas le livret A. L’idée est de pouvoir proposer une solution bancaire complète »

 

Quelle stratégie utilisez-vous pour fidéliser et attirer de nouveaux clients ?

A.L.N. : On a une stratégie qui est très différente des banques traditionnelles. C’est-à-dire que quand vous changez de banque traditionnelle, comme de la BNP au Crédit Agricole, vous décidez de faire ce changement. Donc, d’une certaine manière, c’est un changement complet et total. Mais chez Revolut, ce n’est pas du tout notre vision. Revolut, offre une expérience client qui est hyper simplifiée, qui permet notamment aux gens de d’abord tester l’offre. Nous ne demandons pas aux personnes de prendre tout le menu tout de suite. Par exemple, vous avez envie d’aller en vacances une semaine en Thaïlande et vous allez avoir besoin des taux de change qui sont favorables et qui seront bien meilleurs que ce que votre banque propose ? Revolut vous offre cette possibilité. Vous pouvez commencer à utiliser Revolut juste en vous disant : “j’ai besoin d’une carte pour aller en vacances et je ne veux pas payer de frais”. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a des usages qui sont très spécifiques auxquels Revolut répond, en apportant une solution facile d’usage et moins complexe. 

 

Quelles sont les nouvelles innovations et services que Revolut lancera prochainement ? 

A.L.N. : Alors, nous avons beaucoup de nouveaux produits sur lesquels nous travaillons, même si nous en avons déjà lancé un certain nombre. Par exemple, on vient de lancer la eSIM, qui permet d’avoir des forfaits à l’étranger en lien avec notre offre tournée autour du voyage. Prochainement, on lancera une offre qu’on appelle RevPoints, qui est un système de points. Plus vous dépensez, plus vous gagnerez des points. Et ensuite, vous pouvez échanger ces points soit contre des réservations d’hôtels ou d’autres services, que vous réservez directement sur l’application. Sur des plus gros projets, on travaille aujourd’hui sur le crédit immobilier, avec l’objectif de faire des premiers tests : en Lituanie et en Irlande d’abord, avant de l’amener sur un marché comme la France. L’idée, ce serait plutôt de lancer le crédit immobilier courant 2025. Le dernier produit sur lequel on travaille, davantage pour la France, c’est le livret A. Actuellement, notre solution d’épargne n’inclut pas le livret A. L’idée est de pouvoir proposer une solution bancaire complète, de telle manière à ce que nos clients l’utilisent en banque principale. Nous ne voulons pas être juste une banque d’appoint, mais réellement devenir la banque principale de nos clients. 

 

Revolut est une néo-banque, alors comment garantissez-vous la sécurité des données de vos utilisateurs ?

A.L.N. : Le cyber-risque, c’est une priorité absolue pour Revolut. C’est un domaine qu’on connaît très bien, parce qu’on vient justement du monde de la tech. On ne vient pas du monde de la banque, d’une certaine manière. Aujourd’hui, on a des systèmes qui sont ultra simples, mais aussi très agiles. Il faut comprendre que chez Revolut, on a une seule application pour servir nos clients. Cela nous permet de simplifier et d’être beaucoup plus en contrôle de notre solution technique. Il n’y a pas très longtemps, nous avons lancé un robot d’investissement. C’est un robot issu de l’intelligence artificielle, à qui vous pouvez donner un certain montant et finalement il gère seul votre portefeuille d’actions. Vous devez d’abord remplir un questionnaire pour expliquer votre profil de risque, etc, puis il se charge de vos investissements. Il est totalement automatisé. Nous utilisons beaucoup l’IA pour aider les clients sur un certain nombre de questions, comme ce chatbot, qui est disponible chez nous depuis près d’un an. 

 

Est-ce que vous considérez que l’intelligence artificielle est un effet de mode ou c’est réellement un concept sur lequel vous souhaitez continuer à investir ? 

A.L.N. : Alors non, je ne pense pas du tout que ce soit un effet de mode. Je pense que l’intelligence artificielle est là pour rester, se développer. Je pense que comme pour toute innovation technologique majeure, on va se rendre compte que peut-être 80% de ce qu’on fait, en fait, ne sert à rien. Et que les 20% restants, c’est ces 20%-là qui vont vraiment croître. Donc, aujourd’hui, il y a encore beaucoup de travail pour comprendre les applications, pour comprendre leur valeur. Actuellement, il y a clairement une bulle sur l’intelligence artificielle, mais de la même manière que cette bulle existait avec Internet en 2000.

 

Quels sont les retours de vos clients face à l’intelligence artificielle et vos innovations grâce à elle ? 

A.L.N. : Je pense qu’il y a différents types de populations. Il y a ceux qui sont très en avance et le valorisent. Parce que, d’une certaine manière, ce qu’il faut comprendre, c’est que l’intelligence artificielle a ses limites, même si elle reste infaillible au sens où l’humain est faillible. Parce que l’humain est humain et qu’au moins, la machine ne nous laissera jamais tomber. Il y a tout un segment de personnes qui croient fondamentalement, que l’intelligence artificielle est beaucoup plus efficace que l’humain sur un certain nombre de tâches. Après, il y a une deuxième population, probablement la majorité, qui est curieuse de voir à quel point cette intelligence artificielle peut vraiment les aider. Finalement, il y a le troisième segment qui rejette l’intelligence artificielle, à cause de plusieurs raisons qui lui sont souvent très personnelles. Je pense que pour ces personnes, il y aura besoin de beaucoup plus de temps pour les attirer vers l’IA.

 

Quels sont les principaux objectifs de Revolut pour les cinq prochaines années ? 

A.L.N. : Je vais vous en donner trois. Le premier, c’est l’expansion géographique. Gagner en Europe, mais aussi gagner en dehors de l’Europe et devenir une banque mondiale, la première banque mondiale. Le deuxième objectif, c’est de devenir une banque principale pour nos clients. C’est-à-dire devenir la banque où les personnes déposent leurs salaires. Pour cela, il faut proposer divers produits, services afin d’encourager nos clients à nous utiliser comme solution bancaire unique. Et le troisième objectif, c’est l’aspect banque d’entreprise. Nous souhaitons beaucoup plus développer ce secteur parce qu’on croit beaucoup au potentiel de marché de la banque pour entreprise.

 


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