La réussite d’une entreprise repose sur ses atouts, ses idées, ses savoir-faire mais aussi, et surtout, sur la manière dont elle opère et exécute sa stratégie. Dans cette course folle, si elle veut garder un temps d’avance, il est primordial qu’elle se différencie et se démarque de ses concurrents. Même si, au premier abord, la question de la protection de la propriété intellectuelle n’est ni une évidence ni une priorité en France, dans le monde anglo-saxon il en est tout autre. Chez ces derniers le premier réflexe est de protéger et de valoriser le patrimoine intellectuel de leurs organisations dû à la pratique courante de ce qu’on appelle, là-bas, la competitive intelligence. Nous avons tendance, nous en France, à nous voiler la face et occulter la réalité. Une prise de conscience sur l’enjeu que représente la protection de la propriété intellectuelle est nécessaire, en particulier dans un monde de plus en plus numérique où le vol et le plagiat sont des pratiques faciles et courantes, surtout pour les structures de petite taille qui sont moins protégées et conscientes de ces risques.
Pour quelles raisons protéger ses propriétés intellectuelles ? Voici quelques éléments de réponse.
Start-ups et PME : inspirez-vous des grands
Les entreprises américaines et anglaises, quelle que soit leur taille, ont démontré par leur gestion de la prise de risque l’importance de la protection de toute donnée, y compris intellectuelle. Il est courant que des entreprises récupèrent les idées ou les techniques de leurs concurrents, en les améliorant parfois, se les appropriant totalement pour diversifier ou booster leurs activités.
Prenons un exemple digne d’un cas d’école : Instagram, réseau social basé sur le partage et mise en avant de photos qui fait partie du groupe Meta, a de nombreuses fois relancé son activité en s’inspirant des éléments novateurs et trendy de ses concurrents. D’abord le système de stories et des filtres fortement ressemblant aux snaps et filtres du réseau Snap (anciennement Snapchat), puis plus récemment les reels, mis en place rapidement après le succès fulgurant de Tiktok, pendant le confinement de 2020.
Les start-ups en tant que jeunes entreprises, dont l’activité principale repose sur une idée ou technologie novatrice, très souvent digitale, ont tendance, par nature, à envisager la protection de leur patrimoine intellectuel, et ce de manière numérique. Néanmoins, la question ne se pose que trop peu au sein des PME françaises, arguant qu’elles n’ont ni budget, ni même l’envergure d’un réseau social américain. Or, toute connaissance, savoir, innovation et les informations associées, sont à protéger, car la concurrence est en embuscade.
Analyse et protection sources d’investissement
Il est commun de dire que « 10% du budget informatique d’une entreprise doit être mobilisé pour sa sécurité ». Néanmoins ce standard n’est que trop peu mis en application dans les petites et moyennes organisations.
Or la protection de l’activité d’une entreprise ne doit pas se résumer à une assurance et/ou à un simple logiciel d’antivirus. Une analyse des risques encourus est nécessaire pour déterminer la viabilité de son organisation, mais également pour connaître les éléments et périmètres à protéger. Cette analyse, puis la mise en place de processus ou politique de sécurité, peut également être un élément différenciant pour obtenir l’appui d’investisseurs, dans le cas de recherche de fonds par exemple.
L’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) ayant la charge de conserver et protéger tout patrimoine intellectuel qui lui est déposé, tels que des idées, des brevets ou des marques, peut également jouer un rôle crucial dans cette démarche globale.
Enfin, même s’il existe des recours juridiques possibles lors du vol de propriété intellectuelle, le coût en termes de temps, de ressources humaines et d’argent peut s’avérer très élevé, et peut impacter l’activité de l’entreprise durant la totalité de la procédure. Il est donc souvent plus adéquat d’investir dans une solution de protection clé en main utilisant des techniques telles que l’obfuscation (obscurcissement en français) de code et de données entre autres.
Valoriser et protéger ses atouts pour attirer les investisseurs
Protéger sa propriété intellectuelle et ses secrets industriels est devenu dorénavant une nécessité, notamment dans la recherche de fonds financiers, afin d’attirer et garder tout potentiel investisseurs ou acheteurs, de surcroît anglo-saxon.
En effet, désormais pour obtenir un investissement ces derniers ne regardent pas seulement la rentabilité d’une entreprise, et le fait qu’elle ait des revenus récurrents mais aussi, de plus en plus, la prise en compte des enjeux de protection de la propriété intellectuelle car c’est aussi leur propre investissement qu’elle valorise et protège au final.
Depuis quelques années, les IDE (Investissement Direct à l’Étranger) vers la France sont en hausse et ne vont cesser de progresser, avec le récent soutien du gouvernement et la récente tenue du sommet Choose France. Il est temps de se mettre à la page et de s’aligner avec les thèses d’investissement des différents fonds en vue d’un passage à l’échelle.
Cette protection est d’autant plus nécessaire dans le cas d’une volonté d’internationalisation de l’entreprise, pour les raisons évoquées précédemment : l’espionnage industriel et le vol de données, même techniques, sont des pratiques courantes chez certains de nos voisins.
Autre cas d’école, dans le cas de fusion-acquisition, Yahoo! en 2016 est l’exemple parfait concernant la perte de valeur, suite à une cyberattaque et un vol de données, d’une société. En cours de rachat par Verizon, une fuite dans la presse annonce que trois milliards de comptes utilisateurs de Yahoo! ont fuité. L’affaire a pris de telles proportions que le rachat a été mis à mal. Bilan : plusieurs rectificatifs plus tard, le nombre de comptes piratés a grandement réduit, mais la valorisation de Yahoo! aussi, entraînant une chute du prix de son acquisition par Verizon. On parle ici de plusieurs centaines de millions de dollars.
La protection de la propriété intellectuelle et des données afférentes a plusieurs finalités : protéger une entreprise et son chiffre d’affaires, optimiser son activité, valoriser ses atouts et rassurer les investisseurs. Mettre ses savoir-faire à l’abri d’une fuite est un gain de temps et d’argent, alors pourquoi s’en passer ?
La prise en compte de cette pratique est déjà bien ancrée en amont dans l’esprit des entreprises des pays anglo-saxons. Sur ce sujet, nous avons malheureusement en France un vrai retard et cela coûte bien souvent trop cher a posteriori à nos entreprises.
Surtout que dans un monde de plus en plus numérique et où les pirates ciblent sans distinction toutes les entreprises avec des moyens toujours plus efficaces, se protéger et valoriser le patrimoine intellectuel des organisations doit être une priorité.
Tribune rédigée par Par Éric Houdet, VP Sales et Marketing, Quarkslab
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