Avec le premier appareil photo fabriqué en France depuis 40 ans, la statut-up Pixii, qui siège à Besançon, entend se faire une place de choix sur la niche des appareils numériques à visée télémétrique, dominée par l’allemand Leica. Son objet phare, très haut de gamme, est conçu pour séduire les passionnés de photos désireux de retrouver les sensations de l’argentique. Mais aussi « la génération Instagram », puisque l’appareil est directement connecté à une application mobile. On a en a parlé avec son fondateur, David Barth.
« Il arrive toujours un moment dans la vie où la photographie s’impose à nous. Et ça fait ça chez tout le monde. » A David Barth, aujourd’hui âgé de 48 ans, fondateur de Pixii, la passion pour la prise de vue est venue au début des années 2010. « Je faisais partie de la génération qui avait découvert la photo avec des appareils numériques, et souvent des mauvais, explique-t-il. Et qui avait du mal avec les reflex. » Un jour, il tombe sur un vieil appareil Leica datant de 1932. Originaire de Besançon, bastion de l’horlogerie française, avec la fameuse marque Lip, l’ancien ingénieur en informatique remarque que le mécanisme de de son Leica ressemble énormément à ce qu’on peut trouver dans une montre : « C’est à ce moment-là que j’ai vraiment compris comment ça fonctionnait. »
Et en 2012, il y a comme un « tilt » dans sa tête. Voulant prendre une photo dans un environnement sombre, il utilise la lumière de son iPhone pour éclairer son sujet : « C’est là que je me suis dit qu’il fallait réunir les deux : le plaisir de la photo avec un appareil qui permet de la prise de vue brute comme un Leica, et un smartphone, pour être connecté avec les réseaux sociaux. » Le second faisant office d’écran numérique – comme on en trouve aujourd’hui sur tous les reflex, bridges et hybrides -, et de plate-forme de partage des contenus.
Le boîtier le plus compact en son genre, à un prix élevé mais concurrentiel
David Barth se dit alors que les mastodontes comme Nikon, Canon ou Panasonic vont s’engouffrer dans la brèche. Il attend un an, deux ans. Rien. « J’ai alors compris que si je voulais l’appareil de mes rêves, il allait falloir que je le fabrique moi-même. » En 2015, il se lance. Il investit 300 000 euros en fonds personnels pour la recherche et le développement de son appareil. Il installe ses locaux à Besançon : « J’aurais bien pu rester à Paris, là où je travaillais encore. Mais disons que j’ai aussi réfléchi à l’histoire qui allait accompagner mon projet. Et d’histoire, je n’avais que la mienne. » Le retour au bercail s’est imposé. C’est donc à « Besac » que sont assemblées les plus de 300 pièces de son appareil photo. Si « environ 50% » du puzzle est bien « made in France », l’électronique est elle asiatique.
Son Pixii est un objet unique en son genre. D’abord, c’est un appareil télémétrique, comme les illustres Leica. La télémétrie est une technique de mise au point qui a quasiment disparu au profit de l’autofocus. Le boîtier est, lui, numérique. Prévu à un prix de vente de 3 500 euros, ce petit bijou d’aluminium n’est pas seulement le boîtier le plus compact de son genre. Il est aussi un des moins chers (un boîtier numérique Leica à visée télémétrique tourne aux alentours de 6 000 euros).
Mais la spécificité du Pixii tient dans le fait qu’il ne possède pas d’écran. Le boîtier est connecté en Wi-Fi ou en Bluetooth au smartphone de l’utilisateur. Sur une application dédiée, il reçoit la photo qu’il vient de prendre, et qu’il peut partager directement sur les réseaux sociaux. « C’est un appareil qui vise deux publics, explique David Barth. D’abord ceux qui cherchent des boîtiers télémétriques-numériques. Puis ceux qui s’enthousiasment pour la photo sur Instagram. Pour ceux qui sont entre les deux, le Pixii c’est le Graal. »
Cet été, la start-up a levé 500 000 euros pour soutenir la phase de commercialisation qui va débuter en tout début d’année 2019. David Barth vise au moins 1 000 ventes d’ici 18 mois. « A terme, l’objectif est de créer un constructeur d’appareil photos d’identité française, mais au rayonnement international », assure son fondateur. Car voilà une des volontés de M. Barth : ne pas tomber dans le cliché du Made in France.
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