Kyndryl n’était encore qu’une spin-off d’IBM dédiée à ses services d’infogérance avant de finalement officialiser son indépendance en 2021 avec une entrée en bourse. La société dotée de plus de 90 000 salariés et affichant un chiffre d’affaires de près de 17 milliards de dollars, vient de boucler son premier exercice complet depuis sa création. L’occasion de faire le bilan avec Phillipe Roncati, Président de Kyndryl France.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours, et comment vous a-t-il mené vers Kyndryl ?
Philippe Roncati : J’ai une longue expérience dans les services informatiques : j’ai d’abord travaillé chez différents éditeurs puis j’ai rejoint en 1996 Axone, la filiale outsourcing d’IBM qui a permis la création d’IBM Global Services en France. J’ai eu un premier mandat chez IBM de 7 ans avant de rejoindre le Groupe CS Communication & Systèmes en tant que Directeur Général Adjoint. Ensuite, j’occupe pendant 2 ans le poste de Président et Directeur Général d’Ajilon, filiale du Groupe Adecco qui m’a permis de mieux comprendre l’importance du sourcing dans les activités de services. Ensuite, j’ai décidé de rejoindre IBM en 2007 notamment pour travailler avec une grande banque en tant que responsable des activités de services, puis comme Managing Director.
A l’annonce de la création du spin-off, qui a donné naissance à Kyndryl, j’avais alors trois options : continuer au sein d’IBM mais dans le cadre d’une activité davantage recentrée sur les systèmes et le software, prendre ma retraite ou rejoindre le projet Kyndryl. Martin Schroeter, actuel Chairman & CEO de Kyndryl, m’a convaincu d’opter pour la troisième option. Ce qui m’a motivé, c’est nos 4000 clients, nos 90 000 collaborateurs, notre présence locale et globale et notre crédibilité pour piloter les systèmes critiques de nos clients. Autant d’atouts pour proposer de nouveaux modèles de services pour aider nos clients à gérer la complexité toujours plus grande à laquelle ils doivent faire face.
Quelles sont les principales tendances que vous observez aujourd’hui dans le monde du cloud ?
P. R. : Avant la crise sanitaire, une des grandes priorités des directions générales des entreprises était d’améliorer leur Net Promoting Score (satisfaction client). Aujourd’hui, les enjeux majeurs sont devenus la sécurité, avec la lutte contre les cyberattaques, et l’engagement en matière de sobriété numérique avec la réduction des émissions carbone.
Dans ce contexte, la place de la technologie est primordiale : l’IoT, par exemple, a généré 1 zettabyte de données en 2016 et le seuil des 176 zettabytes devrait être atteint en 2025. Il est nécessaire d’adapter nos capacités à gérer cette croissance dans un environnement sécurisé grâce à la plateformisation, à une meilleure visibilité pour gérer ces environnements hybrides et s’assurer que les étapes d’une transformation digitale répondent aux challenges des métiers.
Le monde devient hybride entre les plateformes core enterprise, cloud privé et cloud public. Face à cette complexité, la simplification est de rigueur pour minimiser les risques.
Continuez-vous d’entretenir des liens avec IBM depuis votre scission ?
P. R. : Nous avons toujours privilégié leurs solutions depuis le début. Seulement, le monde du cloud ne pouvait être centré uniquement sur IBM et le groupe a commencé à s’ouvrir davantage à d’autres écosystèmes comme Red Hat.
Nous sommes d’ailleurs le premier client d’IBM à l’échelle mondiale mais comme vous le savez en tant qu’ESN, nous privilégions les meilleures technologies et solutions pour répondre aux enjeux de transformation de nos clients, ce qui explique nos alliances mondiales avec MSF, AWS, Google Cloud plateforme.
Pour autant, Kyndryl a connu une baisse de 7% de ses revenus en 2023… Quelle est votre stratégie pour consolider votre modèle ?
P. R. : Nous avons connu une légère décroissance en lien avec la gestion de comptes non profitables mais le retour à la croissance est prévu à l’horizon 2025, comme expliqué par notre CEO et Chairman dès octobre 2021.
Notre stratégie pour développer Kyndryl repose sur le développement de notre écosystème grâce à nos alliances, sur le déploiement des offres portées par nos 6 practices mondiales ( Data, AI & Apps, Core Entreprise, Sécurité et Résilience, Digital Workplace, Cloud, Network & Edge) avec nos équipes de Kyndryl Consult. La réussite de notre modèle passe par celle de notre écosystème avec lequel nous accompagnons la réussite de la transformation digitale de nos clients. Le lancement de notre plateforme d’intégration ouverte Kyndryl Bridge en septembre 2022 a été un marqueur important de notre jeune histoire permettant à nos partenaires et clients de bénéficier grâce à notre marketplace des solutions FinOpS, GreenOpS… afin de mener leur transformation. Nous avons aujourd’hui plus de 700 entreprises connectées à Kyndryl Bridge.
Bien sûr le développement de Kyndryl passe par sa capacité à répondre aux grandes tendances du marché. Je pense en particulier au développement du Edge Computing, mais aussi à celui des environnements hybrides constitués de plateformes cloud privé et publics et à la cyber résilience où Kyndryl a une place importante par ses engagements à sécuriser l’ensemble des environnements critiques de ses clients.
La clé d’une transformation digitale réussie reste donc l’adoption d’une approche hybride du cloud ?
P. R. : Oui, il ne peut y avoir de transformation digitale sans écosystèmes et sans une approche hybride du cloud. Nous devons apprendre à travailler autrement – entre partenaires et clients – pour mieux répondre aux challenges business des métiers. Notre conviction reste qu’aucune Entreprise de Services Numériques n’est capable, seule, de proposer des solutions de bout en bout assez performantes pour soutenir une transformation digitale et répondre aux enjeux de sécurité et d’environnement.
L’ouverture des écosystèmes est nécessaire et beaucoup d’acteurs du secteur le pensent. Les stratégies multi-cloud sont de plus en plus répandues et le rôle de Kyndryl est de faciliter le contrôle et la maitrise de ces différents environnements. C’est primordial pour aider à transformer les métiers. Par exemple, les opérateurs de téléphone qui vendaient essentiellement des smartphones et des forfaits de communication sont désormais aussi intégrateurs de contenu.
Ce n’est pas l’IT qui permet de transformer les métiers mais bien l’inverse. Nous sommes là, en tant qu’entreprise de services, pour les accompagner et fournir des plateformes agiles, sécurisées et innovantes pour mettre en œuvre leurs transformations.
<<< À lire également : TRIBUNE | Quelle place pour les marques dans l’évolution de l’industrie du gaming ? >>>
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits