A la portée des acteurs délégataires
La nouveauté en ce début 2016 est que le gouvernement a repris le flambeau: l’ouverture du fichier SIREN des entreprises (tenu exemplairement par l’INSEE) sera ouvert à tous au 1er janvier 2017. Le principe de mise à disposition et de gratuité (cf. loi CADA de 1978) est réaffirmé, sauf exceptions. On retiendra surtout la décision, annoncée en janvier par Axelle Lemaire (secrétaire d’Etat chargé du Numérique) de rendre obligatoire par défaut la mise à disposition de toutes données d’intérêt général, et non plus seulement celles provenant des administrations, agences publiques ou collectivités mais également de tous les acteurs « délégataires », c’est à dire toutes sociétés ou organisations signataires d’une délégation ou d’une concession de service public (aéroports, chambres de commerce, sociétés de transport public, sociétés d’autoroutes…) – ceci, en respectant la protection des données personnelles (il est question de « certificats de conformité » avec la loi Informatique et Libertés et avec les arbitrages de la CNIL) – ce qui implique le principe d’anonymisation des informations fournies (personnes physiques). Et à noter que les parlementaires soutiennent que tout ne serait pas communicable (secret Défense, mais aussi certaines enveloppes de subventions…), ou encore les données du cadastre (en discussion).
Transport, énergie, communications…
Ce qui intéresse les sociétés en quête de nouveaux filons – dont beaucoup de start-ups à l’origine d’applications diverses, mais pas aussi des prestataires de services établis – ce sont les données avec une dimension géographique, les cartes de géolocalisation situant et quantifiant les infrastructures et leur utilisation, les flux de transport, les consommations d’énergie, d’eau, les communications, les services publics en général (établissements scolaires, crèches…) et de loisirs (lieux de spectacles, terrain de sport, piscines..), les logements (sociaux ou non) , sans oublier les données météo, également très prisées (en historique comme en prospective) ou même les marques et brevets de l’INPI.
En janvier dernier, à Bercy, s’est tenue une conférence sur la dimension économique de l’Open Data. Plusieurs témoignages ont confirmé des exemples de nouvelles activités possibles. Des sociétés, dont beaucoup de start-ups, ont été mises en exergue, comme Fluicity (fondée par une ex-journaliste TV, passée par Google, Julie de Pimodan ; elle qui met en expérimentation dans trois à quatre communes dont Vernon (Eure) le principe d’une participation citoyenne accrue, grâce à l’utilisation des données publiques). Citons également Snips, créée par des data-scientistes, qui propose des services d’analyses prédictives très élaborés (dont une sur les trains de banlieue). On entrevoit bien les possibilités d’exploitation sur le plan commercial et marketing : où orienter ses prospections, sur quelles cibles précises – grâce à la combinaison Open Data + traitement Big data. Ont également été présentées Serdalab, Data Publica, Plume Labs (application permettant de connaître en temps réel la qualité de l’air) ou des réalisations de Keolis, dans le secteur du transport ainsi que la collaboration ouverte entre la Poste, l’IGN et Street map.
Face à Google, Facebook, Amazon…
Un argument nouveau est venu s’ajouter ces derniers mois en faveur de l’Open Data. Plutôt que de se lamenter sur les pratiques des « barbares » GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), qui pourraient allègrement puiser dans les données publiques, n’est-il pas préférable d’étudier quelles nouvelles sources de valeur permettraient de développer, secteur par secteur, de nouveaux services ?
La plupart des pays font aujourd’hui ce pari : en décembre 2016, ils seront 110 à Paris, réunis au sein de l’organisation OGP (http:/www.opengovpartnership.org/ ). C’est la France qui les accueille et préside cette réunion internationale, qui devra être une vitrine avec de nouvelles initiatives à montrer.
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Repères
. En 2010 ; l’Open Data représentait entre 0,5 et 1,5 point de PÏB en gains estimés direct ou indirects (Source Etalab) ; . La plateforme Etalab recence 21.000 jeux de données ; 1.400 réutilisations sont partagées sur cette plateforme ; et 12.000 inscrits y ont recours quotidiennement.
Témoignages
(*) Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique «Il faut en finir avec les bras de fer ! (…) L’ouverture des données recèle un potentiel économique qu’il s’agit désormais d’exploiter au maximum afin de construire ce qui doit être, demain, le socle de l’économie française de la donnée»
Jean-Louis Missika (adjoint à la Maire de Paris) : « La gouvernance politique classique est inadaptée (…). Face à un modèle périmé, le socle, pour la construction de projets, avec l’Open Data, c’est la ville ouverte, une plateforme sur laquelle se connectent les entrepreneurs, les citoyens. »
Julie de Pimodan, fondatrice de Fluicity :
« L’idée n’est pas d’inonder les villes de France avec Fluicity. Nous voulons travailler avec 3 ou 4 villes aux profils bien différents pour pouvoir mesurer des métriques similaires et voir quel impact peut avoir notre projet ».
Ressources
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