Je me souviens encore des difficultés qu’avaient les constructeurs de téléphones portables au début des années 90 pour développer leurs propres plateformes, ou qu’avaient les entreprises de logiciels mobiles pour développer des logiciels compatibles avec plusieurs systèmes d’exploitation. Il n’est guère étonnant que nombre d’entre eux aient aujourd’hui disparu.
La majorité des appareils mobiles utilise maintenant différentes versions de seulement deux systèmes d’exploitation : iOS de Apple et Android de Google. Cela rend les choses bien plus faciles pour les constructeurs, les développeurs et les consommateurs.
Étant à la fois un fan de technologies et de voitures, j’ai toujours préféré les applications de navigation de mes appareils mobiles plutôt que celles intégrées aux véhicules ou des navigateurs portables, même s’il fallait pour cela payer 10 € par mois pour utiliser le navigateur AT&T sur mon Blackberry. Puis sont arrivés les smartphones équipés gratuitement de Google Maps et Waze (ensuite racheté par Google). Ces applis gratuites ont beaucoup changé nos modes de déplacement, en calculant précisément notre heure d’arrivée, même pour de grands voyages, et en nous épargnant beaucoup de stress pour des voyages maintenant plus sûrs et plus prévisibles.
Bien évidemment, cette évolution du smartphone met plus de temps, et éprouve plus de difficultés, à être transposée à nos voitures. Que s’est-il passé ?
Encore aujourd’hui, la plupart des voitures de location ne sont pas équipées de système de navigation dans les options standard. De plus, il manque à la plupart des unités propriétaires intégrées une fonction importante : l’affichage des données de trafic en temps réel. C’est très important pour planifier son trajet dans et autour des grandes villes. Même les GPS des voitures de location qui prétendent avoir cette option sont toujours de moins bonne qualité que les mises-à-jour trafic de Google Maps.
J’ai donc toujours pensé que payer des milliers d’euros pour un GPS intégré sur une voiture neuve était une perte d’argent, et j’utilisais mon téléphone à la place, même dans le cas où ma voiture était équipée parce que cela faisait partie des options de base avec, par exemple, la caméra de recul.
L’étape suivante dans cette évolution a été l’AndroidAuto de Google et le CarPlay de Apple que beaucoup de constructeurs automobiles ont adoptés en 2016. Ces applications fonctionnent sur des appareils mobiles et permettent au conducteur de faire s’afficher Google Maps et quelques autres applications, comme Spotify et Google Music, sur le tableau de bord de la voiture. Cependant, alterner entre AndroidAuto et les fonctions principales de l’écran de la voiture peut vite devenir fatigant, surtout que certaines applications importantes ne sont pas disponibles avec AndroidAuto ou CarPlay. Par ailleurs, de nombreux constructeurs ne proposent pas AndroidAuto comme équipement standard sur leurs véhicules.
Enfin, les problèmes des systèmes d’affichage des voitures vont au-delà de l’audio et de la navigation. De nombreux constructeurs automobiles mettent au point des approches très différentes en matière d’affichage d’informations. Certains ont une conception franchement discutable, à la recherche d’usabilité et d’intuitivité (avez-vous déjà eu du mal à coupler votre appareil à une voiture de location par Bluetooth ?), tandis que d’autres, comme UConnect de FiatChrysler (FCA) ou iDrive de BMW sont considérés comme les meilleurs du marché. Il était temps que la technologie mobile mène à une expérience plus universelle et facile d’utilisation à l’intérieur de nos voitures.
J’ai donc été ravi d’apprendre la sortie de Automotive de Android. Ce nouveau « système d’exploitation automobile » permet aux constructeurs d’intégrer Android (le système d’exploitation le plus progressiste) aux les ordinateurs de bord, comme composante de l’unité centrale de la voiture, produisant ainsi un dispositif propre, semblable à une tablette, et connu de tous.
Imaginez comme tout deviendrait plus facile : il n’y aurait qu’à se logger avec son compte Google sur sa voiture neuve ou de location pour avoir ses destinations pré-enregistrées, ses réglages habituels (selon le modèle), et ses applis synchronisées en quelques secondes ; cela permettrait même tout simplement de naviguer facilement sur l’interface, semblable à celle d’un téléphone.
On pourrait également avoir le Google Assistant à sa disposition, ce qui réglerait les difficultés des constructeurs avec la mise en place de systèmes de reconnaissance vocale. Il serait facile de rapidement rentrer sa destination dans l’ordinateur, choisir un morceau de musique, envoyer un SMS, voire même changer la température dans l’habitacle ou encore à la maison, un peu comme les applications intelligentes de Google Home. Cela permettrait également aux constructeurs de moins dépenser sur le développement de leurs propres plateformes, en particulier sur les unités de navigation propriétaires, et aux consommateurs de ne pas avoir à payer pour cela.
Automotive de Android est à intégrer aux ordinateurs de bord et aux fonctions essentielles de ceux-ci.
Aux dernières nouvelles, Audi et Volvo sont les premiers constructeurs à travailler avec Google pour intégrer la version finale du système d’exploitation Automotive. Il fonctionne sous Android 8.0, est un composant de l’ordinateur de bord et a été présenté sur l’Audi Q8 lors du Google I/O 2017.
Certes, de nombreuses questions restent sans réponse. Il paraît que Automotive propose des services Google et des applis Android sans être connecté à un téléphone Android.
Aurait-il alors besoin d’une connectivité LTE distincte et d’un abonnement mensuel correspondant, que le propriétaire le veuille ou non, pour rester à jour ? Ou est-ce qu’il serait connecté au Wi-Fi d’un téléphone ou de votre domicile, pour télécharger les mises-à-jour ?
Et quid du service après-vente pour ces systèmes d’exploitation, puisque les voitures durent généralement plus longtemps que les téléphones ?
Y aura-t-il un « mode garage » avec une faible consommation pour installer les mises-à-jour puisque, contrairement à nos téléphones, nos voitures ne sont pas toujours en train de fonctionner ?
Dans tous les cas, proposer le système d’exploitation Automotive de Android aux constructeurs automobiles est très certainement in grand pas en avant. De plus, introduire une nouvelle plateforme Google qui soit aussi compatible avec es appareils fonctionnant sous iOS, comme AndroidWear, pourrait attirer bien plus de clients vers les appareils Android et l’univers commercial de Google.
La collaboration a toujours été un grand facteur de développement technologique, et Automotive en est le dernier exemple en date et montre comment les entreprises peuvent s’aider entre elles tout en aidant leurs clients.
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