L’arrivée progressive des metaverses suscite autant d’appréhension que d’excitation. Parmi ce flot d’interrogations, la question relative au type d’interface qu’ils proposent est très peu évoquée parmi toutes celles soulevées jusqu’ici. Cet aspect est pourtant essentiel tant il pose les bases futures du rapport que l’homme entretient à la machine.
Du tactile à l’immersion : l’apprentissage par l’erreur revient en force
Ces dernières décennies, l’usage du tactile est devenu majoritaire et est largement plébiscité dans la conception de nombreux outils numériques. Dans le monde des interfaces homme-machine, le tactile s’apparente à un apprentissage naturel quand la souris d’ordinateur correspond davantage à un apprentissage par l’erreur. Disons-le, le tactile est telle une extension de notre corps qui accélère le développement de nouvelles facultés au sein de notre cerveau. Toutes ces interfaces, mises bout à bout, parviennent à créer un cerveau post-numérique.
Cela étant dit, l’émergence du concept de metaverse vient quelque peu bousculer la tendance que l’on observait jusqu’ici dans l’usage des interfaces. Les concepteurs de cette technologie font un pari osé, celui de revenir à une interface impliquant plusieurs outils, ici le casque VR, entre autres. En sollicitant une grande partie des sens, l’interface des metaverses vient créer une immersion inédite qui rétablit en quelques sorte un apprentissage par l’erreur. Une évolution qui pose question car la tendance technologique est à la réduction du nombre d’appareils entre l’homme et la machine tout en consacrant largement l’apprentissage naturel. Or l’interface que proposent les metaverses constitue un réel retour en arrière, à même d’exclure les cerveaux les moins « numériques ». Et sans oublier le coût élevé ainsi que l’inconfort de ces équipements dédiés qui écartent d’office une grande partie de la population.
Une évolution qui n’est pas une révolution
Soyons clairs, d’un point de vue technologique, le metaverse n’est pas une révolution. On assiste davantage à une superposition de technologies existantes qu’à une vraie rupture avec ce qui se faisait jusqu’ici. Les attentes concernant son champ d’application sont immenses, parfois surdimensionnées mais cela n’enlève rien à la multiplicité des usages prévus par le concept de metaverse. C’est d’ailleurs sur cet aspect qu’il constitue une évolution majeure et déterminante pour l’avenir.
Son interface sollicitera en effet un grand nombre de sens, permettant de varier les usages tant sur le plan du divertissement que sur le plan professionnel. L’immersion, fer de lance de cette technologie, donnera la possibilité de se former à certains métiers ou à certaines tâches afin de gagner du temps et d’acquérir plus rapidement les compétences nécessaires. En cela, le metaverse représente un tournant majeur, symbole d’une étape qui donnera les grandes orientations quant au type d’interface que les constructeurs souhaiteront développer et démocratiser dans les années à venir.
L’avènement de l’immersion
C’est l’un des enseignements de l’arrivée des metaverses sur le marché. L’ambition de proposer une expérience immersive est une réelle porte ouverte vers un ou plusieurs bonds technologiques dans la conception des interfaces. Si le casque VR est la prochaine étape, les outils évolueront pour être de moins en moins contraignants et plus intuitifs dans leur prise en main. En se projetant quelque peu, on imagine bien l’hologramme prendre une place plus importante dans les décennies à venir ou voir les interfaces neuronales directes, via la prise d’une substance chimique par exemple, être plus acceptées dans la société, à l’image du projet Neuralink d’Elon Musk, encore très contesté. Au-delà des questions relatives aux prochains usages, il est désormais certain que les interfaces immersives constitueront la norme de demain. Notre lien à la machine devient de plus en plus viscéral et c’est à se demander quel sera le point final de cette évolution. Peut-être serons-nous témoins d’une évolution inédite dans l’histoire de l’Humanité, à savoir l’émergence d’un méta-cerveau aux aptitudes nouvelles.
La fascination pour la nouveauté doit toutefois être tempérée par les quelques réticences et alertes formulées à l’encontre du concept de metaverse. Les interfaces immersives, bien que prometteuses, peuvent également mener à des dérives telles qu’une forme de dépendance à cette technologie ou un isolement sociétal des plus jeunes. Ces comportements doivent aussi conditionner les usages afin d’éviter des conséquences irréversibles sur la façon dont notre cerveau appréhende cet aspect immersif. Par ailleurs, la démocratisation de ces interfaces soulève également de réelles questions quant à la protection de la vie privée et de l’intimité ainsi que de la solidité du cadre juridique qui y a trait. Autant d’aspects qu’il faudra prendre en compte pour ne pas transformer une technologie d’avenir en une source de problèmes sociétaux.
Tribune rédigée par David Begasse – Direction du développement – Groupe SII
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