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Méfiance, pénurie de talents, régulation floue… pourquoi l’IA ne fait plus l’unanimité chez les dirigeants

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La confiance des dirigeants internationaux dans l’IA en baisse malgré des enjeux stratégiques forts

Malgré son potentiel stratégique, l’intelligence artificielle (IA) suscite de plus en plus de méfiance parmi les dirigeants internationaux. Si l’IA demeure un levier clé pour l’innovation et la compétitivité des entreprises, les risques éthiques et les difficultés liées à la gestion des talents dans un contexte incertain pèsent lourdement sur les décisions d’investissement.

Les entreprises font preuve d’un changement de perception majeur concernant l’intelligence artificielle (IA). D’un outil stratégique initialement perçu comme essentiel pour la compétitivité, l’IA est aujourd’hui abordée avec des pincettes. D’après une étude menée par Autodesk, près de 64% des dirigeants expriment des inquiétudes quant aux risques qu’implique cette technologie. 

Au total, 67% des dirigeants internationaux considèrent que l’évolution rapide de l’IA crée un environnement incertain, notamment en matière de sécurité, de transparence des algorithmes et de régulation. Les récents scandales concernant l’utilisation non éthique de l’IA, ainsi que les risques de biais algorithmiques, ont accentué cette incertitude. Par ailleurs, 59% des dirigeants jugent insuffisantes les législations existantes sur l’IA, estimant qu’elles ne permettent pas de protéger efficacement leurs entreprises et leurs données sensibles. 

La gestion des talents se présente également comme un des défis majeurs dans la mise en œuvre de l’IA en France. Selon le rapport, 62% des entreprises reconnaissent que le recrutement de talents spécialisés en IA représente un obstacle majeur à l’adoption de cette technologie. En effet, l’écart entre l’offre et la demande de compétences en IA est de plus en plus marqué, ce qui rend la guerre pour les talents encore plus féroce. Parmi ces dirigeants, 54% affirment que la rareté des talents qualifiés est un frein à l’implémentation de projets IA à grande échelle. Des difficultés amplifiées par la nécessité de former rapidement les équipes internes pour qu’elles puissent non seulement comprendre, mais aussi maîtriser les défis techniques et éthiques liés à l’IA.


Les entreprises misent sur la sécurité et la transparence

La perte de confiance des dirigeants dans l’IA est surtout liée à des facteurs d’ordre éthique et technique. L’étude révèle qu’un nombre croissant d’entreprises (près de 58%) estiment que l’IA pourrait, si elle est mal gérée, nuire à l’image de leur entreprise et à la confiance de leurs clients. Ces inquiétudes se manifestent par un ralentissement des investissements dans des technologies IA jugées risquées ou peu transparentes. En conséquence, plusieurs entreprises ont décidé de limiter leur recours à des solutions d’IA externes, préférant développer des solutions en interne, jugées plus contrôlables et éthiques.

Une méfiance croissante qui a des conséquences directes sur les investissements dans l’IA. En 2024, seulement 43% des entreprises ont augmenté leurs investissements en IA par rapport à l’année précédente, un chiffre en baisse par rapport aux années antérieures. Une part significative de ces investissements est désormais allouée à la formation interne et à la mise en conformité avec les réglementations, plutôt qu’à l’achat de nouvelles technologies. 56% des dirigeants estiment que ces investissements devraient se concentrer davantage sur le renforcement de la sécurité des systèmes d’IA et la mise en place de cadres réglementaires robustes, afin de minimiser les risques.

Investissement dans l’IA stratégique mais mesuré

Malgré la baisse de confiance, les dirigeants français maintiennent certains investissements stratégiques dans l’IA : 72% des entreprises les poursuivent, mais avec un regard plus mesuré et axé sur des projets qui offrent un retour sur investissement rapide et mesurable. 67% des dirigeants se concentrent désormais sur des solutions IA à faible risque, par exemple dans l’automatisation des processus internes, et dans des domaines où l’impact sur les talents est limité. Ce pragmatisme est également illustré par le fait que 61% des entreprises ont adopté une approche “hybride” en matière d’IA, combinant des solutions internes et externes, mais en veillant à garder un contrôle étroit sur les aspects éthiques et humains des projets.

Les entreprises françaises restent conscientes des enjeux stratégiques de l’IA même si les dirigeants sont désormais beaucoup plus vigilants dans leur approche. Le rapport montre que 69% des dirigeants voient l’IA comme un levier important pour l’innovation dans des secteurs tels que la santé, la mobilité et la finance. Cependant, 59% d’entre eux estiment que des projets IA doivent être menés avec une forte responsabilité sociétale et une prise en compte des risques sociaux. En parallèle, 72% des entreprises ont investi dans des projets visant à renforcer la transparence et l’éthique des systèmes d’IA, dans l’espoir de regagner la confiance des consommateurs et des régulateurs.

 


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