Dans le secteur de la restauration, il va sans dire que la livraison ne disparaîtra pas de sitôt. Cependant, la forme qu’elle prendra dans les prochaines années sera bien différente de celle que l’on connaît aujourd’hui, notamment alors que les opérateurs du marché commencent à revoir leurs tarifs à la baisse et que la concurrence cède aux fusions.
L’industrie de la livraison alimentaire comprendra aussi très certainement les prochaines versions de véhicules et de drones sans conducteur. Ces derniers n’évolueront pas nécessairement dans un univers semblable à celui du dessin animé Les Jetson, dont le ciel est encombré d’objets volants, mais seront plutôt une option de partage de l’espace avec des canaux de livraison, de prise en charge, de service au volant et en salle. Du moins c’est ce qu’en pense Yariv Bash, PDG de la société Flytrex à Tel Aviv, l’une des premières entreprises à tenter de trouver des solutions aux problèmes spécifiques à l’espace aérien.
Flytrex et la société islandaise AHA avaient marqué le coup d’envoi de la livraison par drone en 2017. À présent, Flytrex teste les livraisons alimentaires dans la banlieue de Raleigh en Caroline du Nord, avec un restaurant partenaire tenu secret pour l’instant, et avec l’objectif de fournir des informations à la Federal Aviation Administration (FAA), l’agence gouvernementale chargée des réglementations et contrôles concernant l’aviation civile aux États-Unis, afin de l’aider à élaborer un cadre réglementaire.
D’autres entreprises, dont vous avez certainement entendu parler, effectuent ce même genre de tests – Google, Amazon et Uber.
En avril dernier, la maison mère de Google, Alphabet, avait obtenu le feu vert de la FAA pour débuter la livraison de marchandises par drones en Virginie. Ce service est déjà en cours en Australie et inclut des établissements de restauration.
Amazon avait dévoilé en juin Prime Air, son drone de livraison, avec en tête le projet de livrer des colis de sa plateforme « dans les mois à venir ».
Toujours en juin, Uber avait reçu la permission de la FAA de tester la livraison par drones à San Diego. Sa phase de test initiale comprenait McDonald’s, le partenaire d’Uber Eats, et l’entreprise prévoit de tester le service avec d’autres restaurants partenaires plus tard dans l’année, selon TechCrunch.
Avec de tels géants aux moyens financiers considérables, il faut s’attendre à voir le marché évoluer rapidement. Le NPD Group avait récemment prédit que la livraison alimentaire par drone « se [profilait] à l’horizon », du moins au Royaume-Uni.
Les investisseurs du monde entier semblent partager cette conviction. Selon le Wall Street Journal, 364 opérations de capital-risque d’une valeur totale de 4,9 $ milliards pour la seule année dernière ont soutenu le secteur de la robotique et des drones l’année dernière.
Quel est le plus gros intérêt dans tout cela ? Selon Bash, la vitesse est l’aspect le plus intéressant. Il estime qu’une livraison par drone prend 5 à 10 minutes, contre 10 à 30 minutes au moins pour les livraisons par véhicule.
Avec ce calcul, les drones devraient être capables d’effectuer environ 15 livraisons par heure, contre une moyenne de trois par heure en utilisant une voiture dans les zones avec une forte densité de population. Par conséquent, en théorie tout du moins, il existe un potentiel attractif d’augmentation des volumes de livraisons pour les restaurants utilisant ce service.
« Nous prévoyons un futur basé sur la satisfaction immédiate, dans lequel les clients veulent avoir leur nourriture aussi rapidement qu’ils peuvent la commander », dit-il. « Ma prévision est que cela sera la norme dans les prochaines années. Une fois que les gens l’auront essayé une première fois et auront réalisé à quel point le service est rapide, ils ne voudront plus attendre l’arrivée d’un livreur. »
Les coûts présenteraient un autre avantage majeur. Étant donné que de nombreuses entreprises tierces imputent aux opérateurs des frais de 15 % à 30 %, les coûts des drones devraient être « nettement inférieurs », selon Bash, bien qu’il ne sache pas encore à quel point.
« Ces frais reviennent à très cher, car ils vont à la main d’œuvre. Pour notre système, un seul humain peut effectuer beaucoup plus de livraisons en pilotant un drone qu’avec une voiture ou un vélo », ajoute-t-il.
Cependant, les restaurateurs ne devront pas apprendre à piloter un drone. Cette compétence fait partie du service, tout comme un conducteur travaillant pour Uber Eats.
« Tout ce que le restaurant aura à faire, c’est préparer la nourriture », indique Bash.
Toutefois, une telle assurance ne garantit pas que les restaurateurs se précipiteront vers la livraison par drone dès que celle-ci sera officiellement réglementée. Nombre d’entre eux s’efforcent toujours de trouver le meilleur moyen de mettre en œuvre la livraison par véhicules sans réduire davantage leurs bénéfices ou leur activité.
Il existe également de nombreux problèmes logistiques à résoudre pour les drones. Par exemple, dans le cas de Flytrex, un livreur accroche la nourriture au drone, le pilote fait descendre le colis au point de livraison, posant ainsi des questions comme l’implication du personnel du restaurant (le cas échéant). Le mode de fonctionnement de Uber est légèrement différent. Des livreurs déchargent le colis dans une « zone d’atterrissage sécurisée », et celui-ci est ensuite ramassé par un autre livreur ou déposé sur le toit d’un véhicule Uber en stationnement, selon Bloomberg Businessweek.
L’on doit aussi prendre la météo en considération, ce que Bash a identifié comme étant le plus gros défi à ce jour. « Il est impossible pour l’instant de faire voler un drone par mauvais temps comme lors de fortes pluies », explique-t-il. « Mais l’évolution très rapide de la technologie permettra de trouver une solution. »
Bien que le rythme de cette technologie soit rapide, cela ne signifie pas qu’elle soit nouvelle. En plus du vol de Flytrex en 2017, Domino’s avait fait voler une pizza par drone en Nouvelle Zélande en 2016, et Pieology s’était aussi essayé à la livraison par drone l’année dernière.
Néanmoins, malgré ces expérimentations, et compte tenu du discours plus général sur la livraison alimentaire, la livraison par drone est restée relativement stagnante, les normes réglementaires pour « les vols à basse altitude » restant indéfinies. Cela devrait changer au cours de l’année prochaine, lorsque la FAA aura reçu assez d’informations de Flytrex et d’autres entreprises sur la meilleure manière de partager l’espace aérien, de s’assurer que les drones ne s’écrasent pas, etc.
Bash s’attend à ce que la FAA mette en place des règles pour les livraisons par drones d’ici fin 2020 ; alors seulement, le service pourra prendre toute sa vitesse. « Ce que je peux vous dire, pour avoir travaillé avec la FAA, c’est qu’ils investissent beaucoup de temps et de ressources là-dedans. Ils sont très motivés et ils veulent que ça dure », continue Bash. « Maintenant que des entreprises comme Amazon commencent à s’y mettre, ce mouvement va aller en s’accélérant et je suis ravi d’en faire partie. »
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