Devons-nous considérer l’Intelligence artificielle (IA) comme un danger ou au contraire, comme une aubaine ? Cette question presque philosophique monopolise le débat depuis l’avènement de cette révolution technologique.
L’Intelligence artificielle cristallise les peurs et ressuscite le mythe de la machine dominant l’Homme. Pourtant, il faut le dire et le redire : l’IA est et sera bien créatrice de nouveaux emplois, autour d’un large spectre de métiers notamment articulés autour de la data, du design d’interface homme-machine et de la maintenance. Selon l’étude « Future of Jobs Reports 2018 » réalisée par le Forum économique mondial et publiée en septembre dernier, 133 millions d’emplois devraient être plus précisément créés d’ici 2022 dans le monde. Soit bien plus que les destructions d’emplois estimées, elles, à 75 millions. Le solde sera donc positif (+ 58 millions). Qui plus est, ces destructions d’emplois concerneront surtout des métiers à faible valeur ajoutée, souvent liés à des opérations manuelles courantes, répétitives et contraignantes.
Assurer le dynamisme de notre économie
Ironie de la chose : ses pourfendeurs oublient bien vite que l’Intelligence artificielle est pensée et mise en œuvre par… des humains. A l’heure où les entreprises, toutes les entreprises, rencontrent les plus grandes difficultés à recruter des experts, il est crucial pour notre économie et son avenir de former des cerveaux, en qualité et en quantité. Une multitude d’initiatives voit le jour dans cet objectif et on ne peut que s’en réjouir : la création d’écoles accessibles à des jeunes au chômage, des personnes en reconversion, issues de quartiers prioritaires ou en situation de handicap, ces dernières étant particulièrement touchées par les destructions d’emplois consécutives à la révolution numérique selon le Fiphfp1, mais aussi des partenariats entre les entreprises et des organismes d’Etat tel Pôle Emploi qui forme, via son dispositif POEI2, des demandeurs d’emploi aux métiers du numérique.
L’Intelligence artificielle et plus globalement la Tech constituent une formidable opportunité pour réinsérer des personnes éloignées de l’emploi. Mais aussi pour faciliter l’inclusion des 650 millions de personnes concernées par le handicap dans le monde. C’est tout le sens du mouvement « IA For Good » qui ne cesse de prendre de l’ampleur. En France, La Handitech a fait de l’amélioration du quotidien des personnes en situation de handicap sa priorité et fédère un écosystème riche de startups, d’entreprises, d’écoles, d’institutions, d’associations et d’investisseurs. Et ça marche. L’émulation prend, les solutions se multiplient telles SignBand, un logiciel qui exploite la puissance de l’IA pour traduire instantanément la langue des signes et Translator AI, un plug-in Powerpoint qui permet de sous-titrer des présentations. Ou encore Wyes, une technologie qui permet à des personnes paralysées de dialoguer par le clignotement des yeux via une combinaison de lunettes et de capteurs infrarouges.
Sauver la planète
Le mouvement « IA For Good » s’implique aussi fortement sur la question écologique avec pour mission de préserver l’environnement. Pour la nouvelle génération de startups engagées dans ce combat, l’IA est un puissant accélérateur qui permet de créer des applications et services dédiés à la limitation de l’impact environnemental en puisant dans les masses de données privées et publiques à disposition – météo, agricoles, issues des sociétés de transport, etc. A la clé, lutte contre la pollution, amélioration de la gestion des énergies, aide pour le recyclage des déchets et préservation des écosystèmes. C’est sur ce terrain que s’illustre par exemple la startup tricolore Bilberry qui a créé une solution très innovante basée sur des algorithmes de deep learning permettant de réduire l’utilisation d’engrais par les agriculteurs.
L’optimisation des déplacement conventionnels (sur terre et surtout dans les airs) permet, grâce à des données satellitaires, d’automatiser la surveillance de la végétation autour des lignes à haute tension et pipelines. Nous pouvons, et devons donc, désormais, considérer l’IA comme une technologie responsable qui agit (aussi) sur la vie des gens et sur le monde, pour le meilleur.
Laurent Gerin, Vice-président Senior Région Grand Sud (France), Espagne, Italie pour CGI.
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