Convaincue que la mobilité électrique fait partie de la solution pour réaliser une transition énergétique à grande échelle, ChargeGuru ambitionne de rendre la recharge aussi simple que possible pour le plus grand nombre. Lancée en 2018, et présente dans 7 pays européens, la startup a déjà accompagné plus de 15 000 clients particuliers et plus de 4 500 entreprises. Lilian Birocheau, directeur général en France, a accepté de nous en dire plus dans un entretien.
Comment est née ChargeGuru et dans quel but ?
ChargeGuru a été fondée à l’origine en 2018 par Gilles Gomis et Nicolas Banchet, deux spécialistes du monde du taxi. Tous deux ont vécu la transition de leur secteur avec l’arrivée d’acteurs VTC comme Uber et ils se sont rendu compte de la valeur ajoutée captée par celui qui délivre les services. Pour ma part, je suis arrivé au poste de Directeur Général en France en mars 2022 et je partage aussi la conviction que le déploiement des bornes nécessite d’apporter, à l’échelle européenne, une offre intégrant l’ensemble des services attendus par le client : de la conception en passant par le déploiement, l’exploitation et la maintenance.
Nos services s’adressent autant aux particuliers qu’aux entreprises et nous proposons, de manière agnostique, l’offre la plus performante en fonction du client et du pays où il se trouve. Nous accentuons donc constamment notre recrutement de talents qualifiés comme des ingénieurs ou profils techniques à même de conseiller sur les meilleures bornes du marché ou la meilleure chaîne industrielle à adopter. Des profils techniques sont aussi prévus pour accompagner sur la partie technique comme l’installation ou la compatibilité au réseau électrique domestique.
Comment votre parcours vous a-t-il mené à rejoindre ChargeGuru ?
Après ma formation d’ingénieur, j’ai commencé en tant que consultant au Boston Consulting Group puis j’ai rejoint EDF sur des grands projets d’infrastructure comme Flamanville 3 ou encore Hinkey Point C. En 2019, j’ai rejoint la startup Navya pendant deux ans pour travailler sur le développement de nouveaux produits équipés de la technologie innovante de conduite et j’ai ensuite été à la recherche d’un projet auquel je crois, d’une culture d’entreprise correspondant à mes valeurs.
À mon arrivée début 2022 chez ChargeGuru, l’entreprise entrait dans sa deuxième étape de développement, atteignant 40 personnes en interne et s’ouvrant à plusieurs pays en Europe. Ils avaient donc besoin d’un directeur général pour s’occuper des activités en France en sachant que les ventes de voitures électriques allaient continuer de grimper ; et donc logiquement impacter la demande en bornes de recharge.
En Europe, environ 1 véhicule sur 5 vendu aujourd’hui est électrique et la France suit aussi cette tendance en ayant connu une hausse de 30% par rapport au mois d’avril de l’année dernière. Quelques pays ont été des “early adopters” à l’image des pays nordiques ou encore la Hollande – avec un taux de conversion à l’électrique très fort – mais d’autres restent des marchés émergents que nous souhaitons viser. C’est le cas par exemple du Royaume-Uni, de l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, l’Espagne ou bien le Portugal.
Depuis deux, trois ans le secteur de la mobilité électrique capte de plus en plus de fonds en venture capital, donnant lieu à la création de diverses startups… Comment percevez-vous cette concurrence ?
Cette concurrence est bienvenue et dernièrement de grosses opérations ont été enregistrées par les startups du secteur. Le modèle le plus en vogue est celui de la startup qui déploie une infrastructure dont elle reste propriétaire et qui se rémunère sur l’énergie vendue tout en renversant une commission à l’enseigne qui héberge les bornes. Dans ce cas, le retour sur investissement reste hypothétique car bien souvent il s’agit de faire le pari que ce lieu aménagé sera utilisé en masse par des usagers électriques dans les années à venir. La grande concurrence se trouve surtout sur le fait d’identifier les meilleurs endroits, les passages stratégiques les plus fréquentés.
La deuxième catégorie d’acteurs comme nous accompagne les clients souhaitant devenir propriétaire des infrastructures. Nous sommes le responsable de toute la prestation, notamment pour le compte de grandes industries qui n’ont pas les connaissances du métier ou des installations électriques. En B2B, nous avons d’ailleurs lancé l’offre ChargeGuru Business Services il y a quelques mois à destination des sites qui accueillent du public et des grands constructeurs ont déjà signé avec nous (Porsche, Audi, BMW, Volvo, MINI, MG Motor…). Mais nous pouvons aussi nous occuper des flottes de véhicules électriques de salariés en entreprise ou encore du grand public directement à son domicile.
Le principal frein à l’achat d’une voiture électrique demeure le manque de bornes et l’Union européenne est parvenue à trouver un accord sur le déploiement d’un réseau de recharge électrique. D’ici à 2030, une borne devrait être installée tous les 60 à 100 km sur l’ensemble du territoire européen. Cet objectif est-il réaliste ? Quels défis à relever ?
Le déploiement de ces derniers mois a été très fort, nous avons passé le cap des 100 000 bornes ouvertes au public dans l’Hexagone – et 1,4 million de bornes chez les particuliers et les entreprises. Cet objectif me semble donc réaliste avec l’appui public en la matière. En revanche, il faut noter que 90% de la recharge s’effectue à domicile ou sur le lieu de travail. La majeure partie du public conserve un usage local de la recharge électrique et bien souvent ne dépasse pas le 40 kilomètres de trajet par jour.
Évidemment, cette mesure européenne s’adresse plus particulièrement à la filière logistique avec la conversion des poids lourds à l’électrique mais il faut aussi s’intéresser davantage aux usages locaux qui sont selon moi le cœur de l’accélération de la transition vers la mobilité durable. L’impact carbone d’un véhicule électrique est 3 fois plus bas que celui du thermique et cela continue de baisser plus le véhicule est petit et léger.
Avez-vous reçu des financements européens pour vous aider dans votre démarche ? Plus de dispositifs de ce type sont-ils souhaitables ?
Notre activité est subventionnée par le programme Advenir lancé en 2016 et piloté par l’Avere-France pour soutenir l’installation de bornes de recharge de véhicule électrique. Il existe également des démarches d’appels à projets pilotés par l’ADEME permettant d’aider divers consortiums industriels sur la constitution de réseaux de recharge publics.
Sur la partie en amont, l’effort européen bénéficie aussi aux industries en recherche de batteries plus pérennes et écologiques ou encore des modèles de production résilients. La première gigafactory française a été installée dans le Nord et ce type de projet va mener à des technologies toujours plus performantes et donc des prix d’achat de véhicules électriques toujours plus avantageux.
Êtes-vous aussi touché par la pénurie de talents qui touche l’industrie des batteries ?
Nous n’avons pas exactement les mêmes besoins en termes de talents mais nous sommes quand même à la recherche d’électriciens de terrain ou bien d’ingénieurs spécialistes de l’installation de compteurs Linky. Nous avons doublé nos effectifs l’année dernière et nous avons la chance de pouvoir former nos équipes dès leur arrivée chez nous à des compétences techniques et spécifiques à notre secteur. Nous bénéficions d’une bonne attractivité car la mobilité électrique résonne chez beaucoup de talents aujourd’hui.
Si un particulier souhaite se rapprocher de vous pour installer une borne de recharge, que doit-il avoir chez lui et combien devra-t-il en moyenne débourser ?
Je vous conseille dans un premier temps de nous contacter via le formulaire disponible sur notre site. Nous avons déjà accompagné plus de 15 000 clients particuliers et la seule chose demandée à l’usager est simplement de réfléchir à l’emplacement de sa borne. Nous nous occupons de savoir si la puissance disponible dans le logement est suffisante, puis nous proposons un devis. La fourchette de prix d’une borne ne dépasse généralement pas les 1500€ (sachant que des crédits d’impôt sont possibles), tout dépend du prix d’installation qui peut par exemple varier notamment selon la longueur de câble entre la borne et le tableau électrique de la maison.
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