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L’IA et la gestion des émotions, un enjeu majeur pour les PME ou les entreprises en transformation

IA

Une contribution de Jean-François Deldon, coauteur du “Guide de l’IA en entreprise. Manuel de survie pour les PME” et fondateur de l’entreprise de conseil en IA, Yakadata.

 

L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les entreprises est une transformation majeure, mais elle ne peut se limiter à une simple adoption technologique. Un facteur essentiel, souvent négligé, est la gestion des émotions des employés — positives ou négatives. En effet, les émotions influencent profondément la capacité des collaborateurs à accepter et à s’adapter aux changements induits par l’IA.

Les émotions négatives : des freins à l’acceptation de l’IA

Les émotions négatives telles que la peur, le stress ou la colère sont souvent les premières à émerger lors d’une transition technologique. L’IA, perçue comme une menace pour de nombreux métiers, suscite des inquiétudes. Des études montrent que certains postes pourraient être impactés, voire remplacés par des technologies intelligentes dans un avenir proche. Bien que ces craintes ne soient pas nouvelles, l’IA ramène à l’époque où l’automatisation bouleversait l’industrie manufacturière.

Sous-estimer ces émotions peut s’avérer être une grave erreur. Imaginez un employé confronté à un changement majeur dans son travail et qui ressent une forte insécurité. Dans un tel état, il devient difficile d’assimiler les informations, de proposer des idées constructives ou de collaborer de manière efficace. Si les émotions ne sont pas prises en compte, le message des dirigeants risque de passer inaperçu, voire d’être rejeté. Certains salariés pourraient même s’opposer activement aux projets d’IA si leurs préoccupations ne sont pas entendues.

Favoriser le dialogue pour apaiser les peurs

Pour atténuer ces peurs, il est crucial de créer des espaces d’échange au sein de l’entreprise. Des discussions individuelles et collectives permettent de comprendre les inquiétudes de chacun et de clarifier l’approche adoptée vis-à-vis de l’IA. Poser des questions ouvertes telles que « Comment vous sentez-vous par rapport à ce projet ? » peut contribuer à libérer la parole, à identifier les appréhensions, et à instaurer un climat de confiance. Cette démarche humanise le processus, rassure les collaborateurs et leur fait sentir que leurs émotions comptent dans cette transformation.

Les émotions positives : gérer l’enthousiasme pour éviter les dérives

Cependant, les émotions positives peuvent aussi être sources de défis. L’enthousiasme pour l’IA, que certains qualifient de « magie technologique », peut également devenir un frein. Des collaborateurs trop enthousiastes peuvent donner l’impression que l’IA résoudra tous les problèmes sans effort. Ce biais optimiste pourrait déséquilibrer les projets, mobiliser les équipes IA et data sur trop de sujets, et détourner l’attention des priorités de l’entreprise. Gérer ces énergies positives est donc essentiel. Les canaliser dans des initiatives concrètes permet d’engager les collaborateurs tout en maintenant un cadre réaliste sur les capacités et les défis de l’IA.

L’accompagnement des émotions pour une transformation durable

La réussite de l’intégration de l’IA dépend donc d’un mouvement collectif au sein de l’entreprise, bien plus large qu’une simple acculturation technique. Il s’agit d’une transition qui doit prendre en compte les spécificités humaines de chaque équipe, afin de permettre une appropriation progressive et bienveillante de la technologie. Cela commence par une présentation de l’IA adaptée aux besoins des équipes, en expliquant les bénéfices, mais aussi les limites de la technologie. Prendre le temps de répondre aux préoccupations, de clarifier les attentes et de valoriser les ressentis est une étape indispensable.

 

L’intelligence émotionnelle au cœur de la transition vers l’IA

Un autre aspect central de cette transition est de comprendre et d’accepter que les émotions liées au changement technologique soient normales et doivent être accompagnées. Certains employés accueillent le changement avec enthousiasme, car ils apprécient l’innovation et se sentent à l’aise face aux nouvelles technologies. Ils se forment d’eux-mêmes et explorent les outils IA, sans attendre d’instruction. Ces profils sont des alliés précieux pour l’entreprise et gagnent à être identifiés et valorisés dès le début de la transformation.

À l’inverse, d’autres salariés peuvent être profondément angoissés à l’idée de voir leur poste changer, voire disparaître. Ces peurs, si elles ne sont pas prises en compte, peuvent se transformer en résistance passive ou active, mettant en péril la réussite des projets IA. L’objectif n’est pas de pointer du doigt ceux qui expriment de la peur, mais de reconnaître que de telles émotions existent. Les organisations ont tout intérêt à mettre en place un dialogue honnête et ouvert sur ces questions, afin d’aborder les réticences sans jugement.

En somme, la gestion des émotions est un levier stratégique pour toute entreprise souhaitant réussir sa transition vers l’IA. Si la technologie offre des opportunités incroyables pour transformer les métiers, elle exige également une attention particulière aux dynamiques humaines. L’IA, loin d’être seulement une question de performance, interroge le rapport de chacun au changement et à la nouveauté. Cette transition, pour être durable, doit reconnaître et respecter la diversité des ressentis au sein des équipes.

En prenant en compte les émotions positives et négatives, les entreprises peuvent construire une approche de l’IA qui repose sur la confiance et la transparence. Dans un monde où l’IA est de plus en plus présente, intégrer l’intelligence émotionnelle dans les stratégies de transformation devient un atout majeur.


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