L’IA au cœur de la compétitivité : une réponse aux défis économiques français

Tribune de Laurent Curny, Directeur Général France, Belgique et Pays-Bas chez Avanade

Depuis toujours, la productivité est un élément crucial pour la croissance économique d’un pays. En France comme l’Irlande, les États-Unis et les Pays-Bas sont en tête en matière de productivité du travail grâce à des bases technologiques solides, des marchés du travail efficaces et des industries à forte valeur ajoutée. Cependant depuis 2008, la France a vu sa productivité n’augmenté en moyenne que de 1 % par an, un taux inférieur à celui de nombreux pays de l’OCDE. Cela freine la compétitivité et ralentit la croissance des revenus des ménages et par conséquent leur pouvoir d’achat.

La crise sanitaire que nous avons connue il y a quelques années a été un tournant majeur en France en matière non seulement de productivité, mais également de nouvelles méthodes de travail. En 2020, nous avons assisté à une baisse brutale du PNB de l’ordre de –7.5% – comme de nombreux pays aux quatre coins du monde – mais également à une hausse de pratiques tels que le télétravail, à un usage plus poussé de technologies émergentes et de collaboration, ainsi qu’à un déplacement de population. Il sera intéressant de regarder l’évolution de ces trois tendances sur une période plus longue afin de se rendre réellement compte de leur impact sur la productivité en France.

Au milieu des discussions sur les défis économiques, l’émergence de l’intelligence artificielle (IA) dans la main-d’œuvre envahit les articles de presse et les rapports des analystes. Alors que les médias se concentrent souvent sur les impacts potentiellement négatifs de l’IA sur le marché du travail, notre analyse suggère un changement de perspective chez les dirigeants d’entreprise. Encourager les partenariats collaboratifs entre les humains et les technologies de l’IA est essentiel pour stimuler la productivité et favoriser l’innovation. Plutôt que de craindre une concurrence entre les humains et la technologie, la capacité de l’IA peut briser le plateau de productivité sur le long terme.     

Bien entendu, il est important de souligner que l’impact des technologies diffère parfois drastiquement d’un secteur économique à un autre, selon leur niveau d’adoption du numérique.

Le fossé de productivité en France

En France, la productivité a longtemps été un moteur de croissance économique, mais elle fait face aujourd’hui à plusieurs défis. D’une part, l’investissement des entreprises dans l’innovation et les nouvelles technologies n’est pas suffisant pour soutenir une croissance durable. D’autre part, un fossé important persiste dans les compétences numériques au sein de la main-d’œuvre, ce qui freine l’adoption efficace des technologies avancées, comme l’intelligence artificielle (IA).

L’adoption de l’IA offre une réponse à ces défis. Bien que des inquiétudes subsistent quant à la perte d’emplois due à l’automatisation, le véritable potentiel de l’IA réside dans la possibilité de requalifier les travailleurs et d’améliorer la productivité à long terme. En automatisant les tâches répétitives telles que la gestion des plannings, l’entrée de données ou encore la comptabilité de base, les organisations peuvent réaliser des gains immédiats en termes de productivité et réduire les coûts.

Cependant, pour tirer pleinement parti de l’IA, il est essentiel de l’intégrer de manière à compléter les compétences humaines plutôt que de les remplacer. Des outils comme ceux développés par les grands acteurs technologiques permettent une collaboration renforcée entre les employés et l’IA, libérant ainsi du temps pour que les travailleurs se concentrent sur des activités à haute valeur ajoutée comme l’innovation, la résolution de problèmes complexes et la création stratégique.

En mettant l’accent sur la montée en compétences et la formation continue, la France peut surmonter le défi du fossé des compétences et créer une main-d’œuvre prête pour l’avenir. Les dirigeants doivent encourager un cadre d’adoption responsable de l’IA, garantissant que cette technologie soutienne un environnement de travail inclusif et équitable, où chaque employé  a l’opportunité de se développer et de contribuer de manière significative à l’entreprise.

L’intégration de l’IA dans le tissu économique français peut être un puissant levier de compétitivité et de croissance, à condition que cette intégration soit pensée de manière stratégique et éthique. Cela nécessite un engagement clair de la part des décideurs pour soutenir des investissements à long terme dans les compétences, l’infrastructure technologique, et l’innovation.

Nous sommes à une période charnière de l’économie française, à l’heure où le pays doit se concentrer sur des réformes de fond, l’acquisition de compétences, ainsi que maintenir voire améliorer son attractivité auprès des investisseurs pour rester (ou redevenir) compétitifs. Cela sera la clé du regain de productivité.

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