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Les Réseaux Sociaux À La Conquête Des Petites Entreprises

Les TPE-PME sont les nouvelles cibles des réseaux sociaux. Conférences, formations, création d’outils dédiés sur les applications… les géants du web s’immiscent dans le quotidien des petites entreprises. Décryptage.

Facebook comptabilise plus d’un million de pages de TPE et PME françaises. Il semblerait d’ailleurs que le géant californien ait fait des petites entreprises sa nouvelle cible business. Le 3 juillet 2017, Facebook et le conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes ont conclu un partenariat ayant pour but de « démultiplier l’impact positif du numérique sur l’économie, l’attractivité de la région, l’emploi et la formation ainsi que la connexion de la Région avec ses habitants. » Aide à la transition numérique, formations aux outils numériques, conférences pour booster son business… Facebook s’implique dans le quotidien des petites sociétés régionales. À Paris, le réseau social instaure un forum des TPE-PME. Douze entreprises sont invitées à rejoindre une table ronde au siège de Facebook France deux fois par an afin d’échanger sur des problématiques communes. Et le groupe américain n’est pas le seul à tenter de séduire les petites entreprises. Twitter teste actuellement une offre qui permettrait aux comptes de PME d’obtenir plus de visibilité pour 99 dollars par mois. Whatsapp, pour sa part, a annoncé sur son blog qu’elle est actuellement en train de tester « de nouveaux outils via une application gratuite WhatsApp Business pour les petites entreprises » avec pour but de « fournir des notifications utiles aux clients, telles que des horaires de vol, confirmations de livraison, et autres informations. »

Une opportunité commerciale mais pas seulement

Mais d’où vient cet engouement des réseaux sociaux pour les petites sociétés ? La «netnologue » et co-dirigeante de Bolero, cabinet spécialisé dans l’influence d’internet sur l’opinion et le comportement des publics, Caroline Faillet, y voit avant tout une opportunité commerciale, mais pas uniquement. « Les réseaux sociaux cherchent de nouveaux marchés, mais c’est aussi une façon de limiter les risques financiers en misant sur plusieurs petits clients au lieu d’un grand groupe », analyse l’experte. « Il y a une troisième raison : les TPE-PME incarnent mieux la philosophie des réseaux sociaux que les grands groupes. Ils affichent beaucoup plus de proximité avec leurs clients et leur communication est plus humanisée. » 

Pour Mélanie Agazzone, directrice de communication d’Instagram France, ce sont les internautes qui ont décidé de l’usage qu’ils comptaient faire du réseau. « Si on se rappelle les débuts d’Instagram, sa fonction était simplement de partager des photographies en y ajoutant des filtres. Certains entrepreneurs ont alors posté quelques photos de leurs créations et ont vu un impact instantané sur leur business. » D’après une étude réalisée par Ipsos en mai 2017, 53 % des PME françaises affirment qu’Instagram a contribué à l’augmentation de leurs ventes et 32% des consommateurs se seraient déjà rendus dans un commerce après l’avoir repéré sur le réseau social. « Cependant, il est difficile de quantifier le nombre d’entreprises inscrites, souligne Mélanie Agazzone. Nous ne pouvons que compter le nombre d’entreprises qui ont converti leur compte initial en compte professionnel : elles sont actuellement 15 millions dans le monde. »

« Une palette d’outils de commerce offerte aux PME »

Cette implication des réseaux sociaux en faveur des petites entreprises peut être aussi une opportunité pour les principales intéressées. « Sans les réseaux sociaux, comment promouvoir sa nouvelle activité et son site internet ? C’est extrêmement compliqué ou cher. Les réseaux sociaux ont libéré tout cela. » avance la directrice de communication d’Instagram. Pour Caroline Faillet, « c’est comme si on fournissait  un service de communication gratuitement aux petites sociétés. Les réseaux sociaux donnent la possibilité d’interagir avec les clients comme un CRM, offrent une assistance technique et il est facile d’y avoir recours, il suffit de posséder un téléphone. » La netnologue avertit tout de même les entrepreneurs de ne pas tout miser sur un réseau social sous peine d’être pris au piège. « Aucun d’entre eux n’est à l’abri d’une perte de popularité comme Viadeo, prévient-elle. De plus, il ne faut pas non plus être prisonnier des gestions de données des réseaux sociaux, qui n’appartiennent pas à l’entreprise. Il faut avoir sa présence propre en tant que société sur le net. »

Une guerre future entre GAFA’s

Les TPE/PME représentent 99% des entreprises françaises. Un marché que Caroline Faillet qualifie de « source inépuisable ». Instagram compte d’ailleurs développer toujours plus d’initiatives et d’outils à destination des entrepreneurs. Après avoir organisé un salon des Instapreneurs réunissant les chefs d’entreprise qui ont développé leur activité à l’aide du réseau social, Mélanie Agazzone est encore convaincue que « ce n’est que le début du développement de l’application » à destination des entreprises. « Instagram existe depuis bientôt 7 ans seulement et regardez comme le réseau s’est développé rapidement. On peut s’attendre à ce que d’autres outils dédiés aux entreprises fassent leur apparition. D’ailleurs, dans les mois qui viennent, il sera désormais possible de réserver un article ou un service directement sur le compte Instagram de l’entreprise. » Les PME n’ont donc pas fini de captiver les réseaux sociaux.

Et après ? À quels marchés les Facebook,  Instagram, Twitter et autres Whatsapp se consacreront ? « Pour le moment, les réseaux sociaux misent sur le storytelling. L’étape d’après est le paiement bancaire à l’image de WeChat Pay en Chine », projette la netnologue. Ce moyen de paiement est intégré à l’application de messagerie chinoise WeChat et aurait séduit la moitié de la population chinoise. « Mais les réseaux sociaux ne seront pas les seuls sur ce marché » prédit Caroline Faillet. Les GAFAs Amazon, Apple et Google leur livreront une guerre sans merci.

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