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Les Nouvelles Technologies, Une Chance Pour La Ville De Demain

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Source : Getty

En 2007, un être humain sur deux vivait en ville. Aujourd’hui, 56% de la population mondiale est urbaine. Cette proportion continue de croître de 0,5 point chaque année, soit 80 millions de nouveaux citadins, ou dit autrement le besoin de construire un  nouveau Paris tous les 10 jours ! Permettre que cette croissance soit durable est un véritable défi pour la planète, et l’ONU en a d’ailleurs fait son 11ème objectif de développement durable.

 

Historiquement, chaque ville s’est construite selon son histoire propre, façonnée par des urbanistes et bâtisseurs visionnaires, en phase avec les évolutions de la société. Les « faiseurs de ville » ont toujours été initiateurs ou utilisateurs des nouvelles méthodes et technologies, et à l’écoute des besoins de la société. Pourtant le secteur de l’urbanisme est aujourd’hui à la traîne sur le plan technologique et dans sa numérisation, et souffre de nombreuses lacunes pour imaginer et concevoir les villes durables de demain. Face à des défis de plus en plus nombreux (changement climatique, nouveaux usages et désormais pandémie) il devient chaque jour plus urgent que cette industrie se saisisse de l’émergence des nouvelles technologies pour se réinventer.

 

Avec le récent confinement, les français ont (re)découvert l’importance des espaces extérieurs ensoleillés, de la luminosité, de la protection contre les nuisances sonores, en un mot, des qualités de vie de leur logement. Ce besoin appelle les urbanistes, mais aussi les collectivités locales, au travers de la réglementation, à prioriser les qualités du bâti dans leurs projets, jusqu’à présent trop souvent résumées à une seule dimension : la quantité de mètres carrés construits. À titre de comparaison, dans les pays nordiques, les notions d’ensoleillement et de luminosité des logements font depuis longtemps partie intégrante des critères requis pour délivrer un permis de construire.

 

De même, le changement climatique et ses conséquences ne peuvent plus être ignorés : les récents épisodes de canicule en 2019 et 2020 ont familiarisé le grand public avec la notion d’îlot de chaleur, et chaque nouvelle construction devra poser la question de son impact sur l’environnement.

 

L’impact écologique ne peut plus en effet être négligé par les urbanistes : le bâtiment représente aujourd’hui près de 45% de la consommation énergétique française et plus de 25 % des émissions de gaz à effet de serre. A cela s’ajoute une liste de contraintes de plus en plus complexes à appréhender et à optimiser, de la mixité sociale à l’accès aux services, en passant par les nouvelles mobilités ou l’artificialisation des sols.

 

Auparavant, chacune de ces contraintes était traitée individuellement par des acteurs différents (collectivité, urbaniste, aménageur, promoteur, bureau d’étude etc.), en silo, et de manière séquentielle, c’est-à-dire les unes après les autres. Ce processus était coûteux, chronophage, et peu efficace. Toute optimisation d’une contrainte pouvait rendre caduque le travail d’optimisation d’une autre. Les nouvelles technologies comme le cloud computing ou l’intelligence artificielle offrent aujourd’hui de nouvelles perspectives pour transformer les méthodes de travail et optimiser la conception des projets. Des analyses qui hier prenaient plusieurs semaines peuvent aujourd’hui être réalisées en quelques minutes voire secondes et permettre ainsi un travail beaucoup plus itératif.

 

A titre d’exemple, des outils permettent désormais d’identifier en quelques secondes si la disposition d’un ensemble de bâtiments favorise ou non la création d’un îlot de chaleur (en analysant les flux de vent, les radiations du soleil, etc.). Et donc permettent aux urbanistes qui les utilisent de concevoir des projets plus résilients au changement climatique, sans recourir à des solutions techniques coûteuses ou à de nouveaux matériaux. C’est à la fois un gain de productivité et des économies substantielles.

 

Modéliser et analyser un site et un projet est aujourd’hui plus rapide que jamais. Alors que produire et générer des études pouvaient prendre auparavant des semaines voire des mois, il est désormais possible de réaliser des esquisses en quelques minutes. Ces nouveaux outils d’optimisation et d’aide à la décision offrent la possibilité aux équipes de conception d’explorer plus d’options et de scénarios, de manière itérative, en prenant en compte très en amont beaucoup plus de critères qu’auparavant. Trouver le meilleur compromis entre la surface construite, l’ensoleillement des logements, la réduction des nuisances sonores, la prévention des îlots de chaleur, et l’impact sur les riverains est désormais possible. Ce changement de paradigme doit pour autant s’accompagner d’une transformation des méthodes de travail et d’un accroissement de la collaboration entre les différentes parties prenantes.

 

Le défi de concevoir les villes durables de demain ne pourra qu’être relevé à l’aide des nouvelles technologies. Il est important que l’ensemble de l’industrie en prenne conscience, s’empare des nouveaux outils à sa disposition, et transforme ses méthodes de travail pour résoudre collectivement ce gigantesque défi.

 

Par Jean-Baptiste Watine, directeur du développement chez Spacemaker France

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