Un pas en avant dans la loi pour les femmes, un pas en arrière en entreprise. Les choses bougent en France pour le respect de l’égalité professionnelle.
Des articles du code du travail tels que L1142-5 ou L1142-4 prévoient des mesures pour établir l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. Les entreprises de plus de 50 salariés se verront notamment obligées de calculer et publier chaque année un index de l’égalité femmes – hommes. Les récalcitrants et les mauvais élèves s’exposeront à une amende pouvant aller jusqu’à 1 % de la masse salariale.
Mais malgré des avancées dans la loi, la féminisation ne progresse pas dans la tech, elle recule même. Le nombre de femmes diplômées de la tech a baissé de 6% en France entre 2013 et 2017, et de 2% dans la branche du numérique. La baisse du nombre de diplômées s’accompagne d’une baisse de la mixité dans le milieu professionnel. Les femmes ne représentaient que 17% des effectifs dans le numérique en 2018, contre 20% en 2009.
On se rappelle aux USA en 2017, les révélations de harcèlement et de préjugés sexistes dans la Silicon Valley avaient menées à des réclamations en faveur de l’égalité des sexes dans le domaine technologique. James Damore a été licencié par Google après avoir laissé entendre qu’il pourrait y avoir des raisons biologiques aux écarts entre les sexes dans les emplois technologiques. Malgré cela, “la vallée des hommes” n’a pas cherché à se féminiser. Chez Facebook, Apple et Google, environ 7 employés sur 10 sont des hommes. Seuls PayPal et Amazon font mieux avec une part de femmes de 39 et 44 % respectivement.
Des initiatives pour briser le plafond de verre dans la tech
Dès le plus jeune âge, les femmes sont invitées à se détourner de l’informatique. Le livre d’Isabelle Collet, “L’informatique a-t-elle un sexe ?” montre comment le secteur tech a véhiculé une image masculine, “geek”, à partir des années 1980-90, détournant progressivement les femmes de ces métiers. Ainsi, les femmes ne représentaient que 27,9% des effectifs des écoles d’ingénieurs en 2018. Puis, pour celles qui ont les diplômes, très peu réussissent à fonder une entreprise, se heurtant souvent à des comportements discriminatoires quand elles cherchent des investisseurs. Selon une récente étude du Boston Consulting Group sur le montant total des fonds levés depuis 2008 par des startups françaises, celles fondées par des femmes n’ont obtenu que 2% des financements.
Les nouvelles technologies et l’IA en particulier révolutionnent notre monde et construisent le futur. Il est absolument essentiel que les femmes y participent, pour ne pas se voir exclues des opportunités d’avenir. Nous savons déjà que l’IA peut être biaisée par le manque de données et de tests effectués sur des femmes et ainsi propager des “algorithmes misogynes” et des inégalité sexistes. Précisons que ce n’est pas l’IA qui a des préjugés, mais bien la société, et que l’IA ne fait que les apprendre. Par contre, l’IA a le potentiel de renforcer les préjugés existants parce que, contrairement aux humains, les algorithmes ne sont pas équipés pour contrer consciemment les préjugés acquis. Ainsi, le risque de marginalisation des femmes est réel. Une étude d’Oxford a mis en lumière le fait que 47% des emplois pourraient être supprimés par la révolution numérique en cours, et ceux-ci sont majoritairement occupés par des femmes. Ne pas avoir de rôle à jouer dans le numérique représente un risque de régression sociétale pour les femmes.
Heureusement, nombre d’initiatives se mettent en place. Un des thèmes principaux du sommet mondial de l’ONU sur l’IA (AI for Good) cette année était l’égalité des sexe, considérée comme un droit humain fondamental et un principe essentiel pour un monde pacifique et durable. Un certain nombre de pratiques ont été identifiées pour traiter les inégalités dans la tech, et combattre les préjugés sexistes contenus dans les assistants numériques, les outils de recrutement, les moteurs de recherche et les systèmes de reconnaissance faciale – qui ont tendance à comporter plus d’erreurs avec les visages de femmes.
En France, le collectif Sista promeut l’investissement dans les entreprises dirigées par des femmes, et a rédigé une charte de bonnes pratiques à destination des fonds qui investissent dans les jeunes pousses. Girls in Tech, Pink Innov’ ou encore Code First Girls accompagnent les femmes, les forment au code informatique at accélèrent leur entrée sur le marché numérique. Notons également qu’à l’incubateur Station F, 40 % des start-ups sont dirigées par des femmes.
La mixité, c’est l’innovation !
Le monde de l’informatique est extrêmement dynamique. Plus les femmes y trouveront une place, plus l’innovation et l’entrepreneuriat en profiteront. Alors soyons innovants, et dotons-nous d’outils et de méthodes, comme celles proposées par Le Galion Project, pour atteindre la parité dans nos équipes. Par exemple, commençons par mettre en place un vrai congé paternité digne de ce nom. Instaurons la crèche d’entreprise. Recrutons en pensant aux candidates. Faisons attention au langage et au vocabulaire inclusifs. Féminisons nos équipes dès le départ. Les équipes mixtes surperforment économiquement. Pourquoi pas vous?
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