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Les entrepreneurs doivent désormais concilier performance financière et innovation

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Composite image; all led displays on facades of buildings are made by EschCollection.

Dans le récent ralentissement observé sur la scène tech mondiale, une interrogation majeure émerge : assistons-nous à un simple fléchissement conjoncturel ou à une évolution plus profonde du paysage entrepreneurial ? Alors qu’une partie des fonds d’investissements dédiés à l’innovation rationalisent leurs investissements après les excès des dernières années, l’IA et les deeptech suscitent toutes les convoitises laissant d’autres secteurs en mal de refinancement. Loin d’annoncer le crépuscule d’une époque, cette phase pourrait bien signaler une saine renaissance de l’écosystème, riche en opportunités d’un nouveau genre.

Une contribution d’Emmanuel Papadacci-Stephanopoli – Directeur Startup Studio de la Fabrique by CA, le startup studio du groupe Crédit Agricole.

 

La France compterait 13 000 startups selon une étude menée par EY et France Digitale fin 2023. Face à un tel nombre, l’idée qu’il ne reste rien à inventer pourrait faire son chemin. Passée l’ivresse d’une économie en surchauffe qui a parfois justifié des financements abondants sur la promesse de quelques slides, les entrepreneurs d’aujourd’hui sont contraints d’explorer plus sérieusement les opportunités au-delà d’un voile de complétude, à la recherche de niches inexplorées et de besoins insatisfaits.

 

Mettre la performance financière au service l’innovation

L’histoire nous enseigne que les cycles économiques sont ponctués de ruptures technologiques et organisationnelles qui peuvent rebattre les cartes. À ce titre, si la sophistication technologique croissante, illustrée notamment par les avancées fulgurantes de l’intelligence artificielle, impose des exigences techniques, RH et juridiques redoutables, celle-ci ouvre également des horizons fertiles pour de nouveaux business. Mais au-delà de la technologie, l’innovation doit désormais s’immiscer jusque dans les modèles économiques et la façon dont ils sont opérés. La performance financière, trop longtemps reléguée derrière la tech, le marketing et le produit des entreprises en hypercroissance, redevient stratégique et retrouve ses lettres de noblesse à mesure que la recherche de la rentabilité se substitue à la quète d’une croissance effrénée. Dit autrement, l’augmentation du chiffre d’affaires ou du nombre nouveaux clients sont un feu de paille si les principaux indicateurs de performance financière sont mis en surchauffe. En 2024, innover dans son modèle d’affaires est devenu au moins aussi stratégique que l’invention d’un nouveau produit ou service puisque peu d’entreprises peuvent encore justifier de brûler du cash sans retenue au nom de l’innovation et d’un marché qui doit être éduqué.  Paradoxalement, c’est aussi le temps d’un retour aux bases de la gestion d’entreprise en se focalisant sur des leviers de croissance parfaitement identifiés, un seuil de rentabilité clair, des marges commerciales et un BFR maitrisés, le tout au service d’un résultat net positif à plus court terme.

Le paysage entrepreneurial actuel, bien que parsemé de défis, regorge d’opportunités pour ceux qui seront prêts à adopter une démarche peut-être plus pragmatique qu’elle ne l’a été ces dernières années. Les obstacles actuels liés à la fermeture relative du robinet des financements en fonds propres incitent à aller au-delà des recettes éprouvées en combinant opportunités technologiques et modèles économiques plus robustes, auxquels les investisseurs sont redevenus sensibles. Cette nouvelle règle du jeu est non seulement plus raisonnable, mais à terme aussi probablement plus profitable. Loin d’assister au début du déclin de l’ère des startups, nous serons témoins de sa mue.

 


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