Au cours de l’année écoulée, les deepfakes alimentés par l’intelligence artificielle ont prouvé leur redoutable efficacité en matière de falsification. Ces outils, autrefois simples imitations d’emails, ont évolué grâce à des techniques de phishing avancées qui exploitent des trucages audio et des vidéos. Ces attaques trouvent leur origine dans les vulnérabilités structurelles du format email, parmi lesquelles l’absence de dispositifs stricts pour vérifier l’identité des expéditeurs. Cette vulnérabilité permet désormais aux cybercriminels d’exploiter les nouvelles capacités de l’intelligence artificielle, qui allient avancées technologiques et stratégies d’ingénierie sociale de plus en plus sophistiquées, pour lancer des attaques d’une complexité et d’une portée sans précédent.
Une contribution de James Tucker, Head of Field CISO, chez Zscaler
Les deepfakes se présentent principalement sous deux formes : arnaques audio et arnaques vidéo. Si les manipulations audio existent depuis un dizaine d’années, elles ont récemment évolué pour inclure des appels téléphoniques truqués. En revanche, les vidéos falsifiées et générées par l’intelligence artificielle qui exploitent des enregistrements accessibles au public, sont désormais beaucoup plus fréquentes et plus sophistiquées. Le véritable défi réside dans le fait que la création de contenus artificiels est désormais à la portée du plus grand nombre, sans besoin de compétences avancées. Il suffit d’utiliser des outils d’IA qui automatisent une grande partie du processus. Cette démocratisation des technologies de deepfake représente une menace sérieuse, car elle permet à des utilisateurs peu expérimentés de produire des imitations convaincantes, souvent sans véritablement réaliser les implications éthiques et les risques associés à leur utilisation.
Les risques associés aux deepfakes
Au-delà même de la désinformation ou de l’incitation au paiement émanant des auteurs de malwares, les deepfakes ont des répercussions profondes sur la confiance des utilisateurs, que ce soit dans leur espace personnel ou professionnel. La confiance, principe fondamental des relations, risque alors de se trouver gravement compromise lorsque la frontière entre réalité et fiction devient floue. Dans un tel contexte, les liens sociaux se fragilisent.
Cette méfiance à l’égard des nouvelles capacités de création de contenu ne se limite pas aux scénarios les plus dangereux. Les deepfakes peuvent en effet être utilisés de manière malveillante et nuire gravement à la réputation des entreprises. Désormais diffusés rapidement et massivement sur les réseaux sociaux, l’impact de ces contenus prend une ampleur considérable et nourrit une culture dominée par la peur et l’incertitude.
L’impact psychologique
Les conséquences psychologiques des deepfakes peuvent être dévastatrices, tant pour les individus directement affectés que pour la société dans son ensemble. La diffusion de faux contenus, notamment pornographiques, porte gravement atteinte à la dignité et à la vie privée des victimes et peut laisser des séquelles psychologiques profondes. Les manipulations de contenus politiques, quant à elles, peuvent alimenter une méfiance généralisée envers les personnalités et les institutions publiques et fragiliser les fondements du processus démocratique. En effet, les paroles déformées et truquées d’une figure politique risquent de provoquer une rupture de la confiance en la chose publique. Si ces discours peuvent être manipulés, à qui pouvons-nous nous fier ? Comment la société peut-elle discerner la vérité et prouver l’authenticité d’un contenu dans un tel climat de doute et de confusion ?
Comment lutter contre les deepfakes ?
Face à la prolifération des deepfakes, d’importants efforts sont consacrés à l’utilisation de l’intelligence artificielle, pas seulement pour générer du contenu, mais surtout pour le détecter. Dans les années à venir, de nombreuses entreprises pourraient se spécialiser dans le développement de technologies d’IA dédiées à l’identification des deepfakes. Parallèlement, des initiatives réglementaires, notamment au sein de l’Union européenne, prévoient d’établir des normes et des protections pour prévenir les usages malveillants de cette technologie.
En attendant, il est indispensable de sensibiliser les individus pour qu’ils soient capables de détecter ces manipulations. Cela doit faire partie intégrante des programmes académiques et des formations professionnelles. Préparer la société à naviguer dans un monde numérique de plus en plus complexe et potentiellement dangereux est une étape cruciale pour limiter les effets néfastes de cette technologie.
Il convient de favoriser une culture de la prudence et de l’esprit critique. Devant les évolutions technologiques rapides, la société devra constamment se réinventer pour s’ajuster aux nouveaux défis. La lutte contre les deepfakes exigera à la fois vigilance et innovation, et les conséquences de l’immobilisme sont bien trop graves pour être ignorées. La confiance, une fois rompue, est incroyablement difficile à restaurer. L’enjeu est donc majeur. Dans ce contexte, le principe du Zero Trust apparaît comme le cadre idéal pour aider les entreprises à regagner la confiance numérique perdue et à s’imposer durablement dans un environnement de plus en plus incertain.
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