Les agents d’IA s’imposent au travail : comment ne pas se laisser distancer ?

Les robots conversationnels comme ChatGPT ont transformé de nombreux domaines professionnels grâce à leurs capacités linguistiques avancées. Cependant, ils restent limités dans l’exécution de tâches physiques ou complexes nécessitant des actions concrètes.

La prochaine vague de bouleversements liés à l’IA s’annonce différente. Contrairement aux modèles génératifs classiques, les agents d’IA, bâtis sur la même technologie des grands modèles de langage (LLM), vont bien au-delà de la simple production de texte. Ils sont capables d’exécuter des tâches complexes et en plusieurs étapes avec un minimum d’intervention humaine.

Ces agents interagissent avec divers systèmes : certains passent des commandes sur des sites d’e-commerce, d’autres conçoivent entièrement des sites web en exploitant des outils spécialisés. Et lorsqu’aucun outil n’existe pour répondre à un besoin précis, ils peuvent en créer un eux-mêmes, en écrivant et en déployant leur propre code informatique.

Cette évolution pourrait profondément transformer notre façon de travailler. Pour certains, elle accentue le risque de voir les machines remplacer l’homme et menace encore davantage l’emploi. Pour d’autres, elle représente une avancée majeure, libérant du temps et ouvrant la voie à la résolution de défis complexes.

Explorons donc l’impact des agents d’intelligence artificielle sur notre quotidien professionnel et, plus largement, sur l’avenir de nos carrières.

Automatiser les tâches manuelles et routinières

Le traitement des déclarations, l’examen des factures et l’envoi de mises à jour aux travailleurs sur le terrain ne sont que quelques-unes des tâches que Microsoft envisage de déléguer à des agents d’IA.

Contrairement aux outils d’IA classiques, qui se contentent de fournir des recommandations, les agents d’IA exécutent directement les tâches. Ils identifient les ressources nécessaires, exploitent les données disponibles et s’intègrent à des services tiers pour mener les actions à bien.

Microsoft est loin d’être le seul. Des géants de la technologie comme OpenAI, Amazon et Google mettent tous sur le marché des plateformes visant à intégrer les agents dans la vie professionnelle.

En investissant des milliards d’euros dans ce projet et en lançant d’énormes campagnes de vente, ils espèrent que nous serons prêts à confier les tâches fastidieuses et banales de notre travail à des assistants intelligents. Il pourrait s’agir de tâches telles que la saisie de données, l’examen de commandes et de factures, la réponse à des demandes d’assistance de routine ou l’exécution de procédures de sécurité.

L’IA au service d’une prise de décision plus éclairée

Dans un environnement où les décisions doivent être basées sur des faits et non sur l’intuition, savoir exploiter les données devient essentiel pour de nombreux professionnels. Les agents d’IA leur offriront des capacités inédites pour y parvenir.

L’automatisation des décisions au travail ne se limite pas à l’exécution de tâches répétitives. Elle englobe également des systèmes capables de déclencher des alertes, de détecter des anomalies ou d’optimiser des processus en temps réel. Autrement dit, au-delà des tâches routinières soumises à des règles précises, l’IA peut désormais prendre en charge une part du travail d’analyse et de réflexion, en identifiant les meilleures stratégies à adopter.

Voici un exemple. Une IA générative peut analyser votre entreprise et les tendances actuelles en matière de marketing, puis créer une campagne de marketing pour vous, avec tous les actifs dont vous aurez besoin pour commercialiser votre entreprise, et prendre des décisions concernant le budget pour le référencement, le SEM (Search Engine Marketing) ou tout autre élément dont elle pense que vous aurez besoin.

Un agent d’IA pourra aller plus loin dans l’exécution de la campagne en s’interfaçant avec les services de publicité, les médias sociaux et les outils de marketing par courriel. (En théorie, il ne s’arrêtera pas là non plus. Il analysera les résultats, suivra les prospects et ajustera sa stratégie pour qu’elle fonctionne mieux la prochaine fois).

Les organisations sont confrontées à un énorme défi lorsqu’il s’agit d’instiller la confiance dans le fait que la prise de décision augmentée conduit à de meilleures décisions. Cela signifie des décisions qui sont éthiquement meilleures en termes d’impact sur les personnes et la société, ainsi que meilleures pour l’entreprise.

Collaborer avec des collègues dotés d’IA

Que ce soit dans un centre de distribution, sur le terrain ou derrière un bureau, nous prendrons de plus en plus conscience que les intelligences artificielles ne sont pas simplement des outils, mais des « collègues » qui travaillent à nos côtés, observant nos actions et influençant notre quotidien professionnel.

Cela peut sembler déroutant, voire inquiétant. En 2024, le PDG d’une entreprise de logiciels RH utilisant l’IA a renoncé à l’idée de confier aux agents d’IA l’accès aux dossiers des employés, aux objectifs de performance et de formation, après avoir reçu de nombreuses critiques.

Nous ne sommes peut-être pas encore prêts à envisager les IA comme des partenaires humains, mais il ne faut pas sous-estimer leur impact : les employés virtuels sont déjà là. Les entreprises espèrent que ce sentiment de réticence disparaîtra une fois que les travailleurs comprendront l’utilité et l’autonomie de ces nouvelles ressources.

Les possibilités sont vastes : des machines agricoles automatisées qui gèrent les cultures, des assistants techniques qui résolvent des problèmes de manière autonome en apprenant à chaque interaction, ou encore des outils capables de gérer intelligemment vos emplois du temps, vos boîtes de réception et vos priorités.

Un travail véritablement valorisant

Ce qui donne toute sa valeur à cette évolution, c’est la liberté qu’elle offre : en laissant les agents d’IA prendre en charge les tâches répétitives, nous pouvons nous concentrer sur ce qui nous motive vraiment. L’opportunité d’accomplir un travail utile, porteur de changement positif.

Pour les enseignants, cela pourrait signifier moins de temps consacré à la correction des copies et à la gestion des devoirs, et plus de moments précieux passés avec les élèves. Les agents du service clientèle, quant à eux, n’auraient plus à répondre à des demandes banales et pourraient consacrer davantage de temps à tisser des liens solides et à comprendre les besoins profonds des clients. Les dirigeants et les cadres auraient la possibilité de se concentrer sur la stratégie à long terme, la constitution d’équipes ou la recherche de nouvelles opportunités de croissance, plutôt que sur des tâches administratives fastidieuses.

En somme, les agents d’IA nous permettent de nous investir dans des activités qui créent véritablement de la valeur, transformant ainsi nos vies professionnelles en expériences plus enrichissantes et gratifiantes.

Les compétences humaines, plus précieuses que jamais ?

À mesure que les agents d’IA prennent en charge des tâches techniques, les compétences humaines, celles qui échappent encore aux machines, deviennent de plus en plus cruciales. Il faudra encore du temps avant que l’IA ne parvienne à remplacer la capacité des dirigeants humains à inspirer et motiver leurs équipes, à résoudre des conflits et à mettre en œuvre des stratégies à long terme. Les personnes dotées d’une grande intelligence émotionnelle, d’une fine perspicacité humaine et de véritables capacités créatives seront plus que jamais recherchées. Ces compétences, désormais essentielles, deviennent un facteur de différenciation majeur. Un conseil de carrière simple mais précieux : cultivez ces talents.

L’éthique de l’IA : un impératif à comprendre

Pour les employés de la première heure dans la révolution de l’IA agentique, il sera essentiel de ne pas attendre que les politiques organisationnelles nous exonèrent de toute responsabilité. Un rapport de 2024 a révélé que seulement 21 % des entreprises ont mis en place des politiques d’utilisation de l’IA. Bien que cette proportion soit appelée à croître, le risque de dommages causés involontairement par l’IA – notamment l’IA agentique – reste considérable.

Prenons l’exemple des écrivains et artistes, qui dénoncent le « vol » de leurs œuvres utilisées pour former l’IA, sans compensation. Récemment, la marque de mode Mango a souffert d’une mauvaise publicité après des accusations selon lesquelles sa campagne publicitaire, mettant en scène des modèles générés par IA, n’avait pas pris en compte les répercussions sur l’emploi. Ces exemples ne font qu’effleurer les nombreux défis éthiques auxquels devront faire face ceux qui intègrent l’IA agentique dans leurs processus de travail, s’ils veulent éviter des erreurs potentiellement coûteuses et nuisibles.

Comment se préparer à cette évolution ?

Face aux avantages potentiels de l’IA, il est clair que l’ignorer n’est pas une option pour les professionnels désireux de rester compétitifs dans leur domaine.

La première étape consiste à évaluer l’impact de l’IA sur votre parcours professionnel, votre carrière et l’avenir de votre secteur. Une fois cette compréhension acquise, il sera temps de rechercher les opportunités d’intégrer les outils et plateformes proposés par les développeurs d’IA, qu’ils soient américains ou chinois.

Il est inévitable que l’IA entraîne des pertes d’emplois, et à mesure qu’elle devient plus performante, le risque d’automatisation augmente. Ceux qui veulent tirer parti des opportunités offertes par la révolution de l’IA agentique, plutôt que d’en subir les conséquences, doivent agir dès maintenant.

Une contribution de Bernard Marr pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

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