On ne compte plus les annonces des GAFA, déclarant leur flamme pour le web3 et faisant entrevoir de grands projets pour leurs plateformes. Dernier en date YouTube, dont le CEO fraîchement nommé – Neal Mohan, voit dans les NFT « une manière vérifiable pour les fans de détenir des contenus uniques ». Il y a quelques semaines, c’est Amazon qui annonçait sortir en avril des projets NFTs en lien avec plusieurs industries. Pendant ce temps, Meta investit à coup de milliards dans son métavers…
Ces annonces sont-elles les promesses d’une transformation profonde et durable de ces géants du web2 ? Pour l’heure, ces déclarations donnent plutôt l’impression d’un grand maquillage. Certes, elles attestent que le marché que représente le web3 ne laisse plus indifférent, mais un problème de fond demeure : le modèle économique de ces acteurs repose sur un schéma centralisé, que remet en cause le web3. Pire, ce modèle centralisé s’est développé aux dépends des utilisateurs, dont on a monétisé les contenus et les données pendant des décennies. Le web3 leur en redonne le contrôle.
Plusieurs acteurs se positionnent déjà pour oeuvrer à cette transformation. Je ne parle pas des média sociaux dis décentralisés comme Mastodon, mais de solutions plus ouvertes, qui permettent aux utilisateurs d’emporter leur graph social et de valoriser leurs contenus et données comme ils le souhaitent. Prenons l’exemple de Lens protocol.
“Le dernier compte social que vous allez créer”. Telle est la promesse de ce protocole, qui comme son nom l’indique n’est pas une application mais un protocole permettant de produire des applications. Pourquoi ne créerions-nous plus de compte sociaux, nous qui en créons à chaque fois qu’un nouveau surgit, de peur de ne pas être là où tout le monde se trouve ? Lens rend possible la création d’un graphe social décentralisé, que l’on conserve et qui nous suit d’un réseau à l’autre. Chaque application bâtie sur le protocole Lens a accès aux personnes que nous suivons et qui nous suivent. Dans ces applications, chaque action génère un jeton : le fait de suivre quelqu’un, de commenter ou encore de partager, de produire un contenu.
Ces jetons sont ajoutés à notre profil, certains ont une fonctionnalité (ils correspondent au lien que j’ai avec tel utilisateur), d’autres ont une valeur (selon l’intérêt de mes contenus, ou ma notoriété). Ils nous permettent de monétiser nos contenus, et d’en collectionner ou promouvoir d’autres. D’une certaine manière nous devenons curateur du web, éditant au fil de l’eau une collection de contenus que nous jugeons dignes d’intérêt. Désormais ma navigation entre les réseaux sociaux forme un tout unique est cohérent. Comme une abeille butineuse qui ferait son miel des pollens collectés ici et là, chacune de nos actions donne lieu à la création d’informations, qui structurent nos profil et nos expériences.
Plusieurs applications sont déjà disponibles sur Lens. Tout le monde peut en créer, c’est gratuit. Lenster prend la forme d’un fil d’actualité, sur lequel on retrouve les contenus de toutes les personnes que l’on suit. Au final, l’expérience est là même que sur Twitter ou Facebook, à ceci près que nous devons signer une autorisation sur mon portefeuille à chaque fois que l’on accomplit une action, pour poster un commentaire ou même suivre un utilisateur. Ces frictions sont liées au jeune âge de ces applications, qui seront plus accessibles et fluides à l’avenir. D’un autre côté, elles sont utiles pour empêcher de publier des contenus à tout va et voir ces média sociaux pollués par les messages automatiques de robots.
Le fait de produire et emporter les contenus avec moi s’accompagne de responsabilités. Si je passe en effet mon temps à faire des commentaires désobligeants ou insultants, ces commentaires m’accompagneront où que j’aille. C’est l’avantage de ce dispositif, d’amener chaque utilisateur à rendre compte de ce qu’il produit en ligne. C’est assez vertueux, dans la mesure où c’est précisément le sentiment d’impunité totale qui a permis le développement de comportements haineux et la dissémination de fausses informations. Désormais producteur des données, je suis ce que je dis et ce que je fais. Le bénéfice peut s’avérer substantiel pour les médias, les marques et les institutions dans la mesure où la modération n’a jamais pu être gérée efficacement par les acteurs du web2.
Rencontré à l’occasion d’EthCC5, Stani Kulechov, le fondateur de Aave et Lens, conclue : « Lens redonne aux utilisateur le contrôle mais aussi le bénéfices des contenus et données qu’ils produisent. Ils peuvent non seulement les valoriser, mais à travers eux construire une identité sociale persistante d’une application à l’autre ».
Libre à eux d’utiliser celle qu’ils souhaitent. Et libre aux développeurs de créer celles qu’ils veulent. Le protocol est ouvert et gratuit pour qui veut s’en emparer. Au-delà des applications, on peut imaginer demain des algorithmes divers et variés proposant des services de recommandations, adaptés aux besoins des utilisateurs (et plus des annonceurs).
On comprend à travers cet exemple, en quoi un tel protocole introduit une révolution copernicienne dans l’univers des média sociaux. Reste à créer des expériences utilisateurs aussi fluides et uniques que possible pour garantir l’adoption auprès du plus grand nombre. Mais une chose est sûre, une plateforme ouverte atteindra bien plus rapidement l’effet réseau que n’importe quel média social fermé.
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