La modernisation du secteur public initiée par l’État dans le cadre du programme Action publique 2022 implique entre autres la dématérialisation de 100 % des services publics d’ici 2022. Un objectif ambitieux qui pousse alors les diverses administrations à repenser leur infrastructure pour adresser les enjeux liés à leur transformation digitale. Un objectif d’autant plus critique que nombre d’entre elles possèdent un ‘legacy’ souvent ancien et, par conséquent, peu évolutif et complexe à maintenir. Or les changements règlementaires permanents les place dans une obligation de rapidité continue. C’est pourquoi les acteurs publics doivent inscrire leur approche dans un schéma d’architecture global et pérenne.
Systèmes en silos interconnectés, manque d’agilité native, réplication inter systèmes des données… Les organisations publiques peinent à disposer d’une infrastructure homogène et d’une vue consolidée sur leurs données. En conséquence, elles ont tendance à multiplier les applicatifs et les outils renforçant ainsi la complexité de leur architecture. Une complexité synonyme de coûts alors que la conjoncture économique impose de réduire les dépenses publiques. Pour relever les enjeux liés au numérique, elles doivent donc pouvoir se reposer sur un système performant, agile et durable.
Du modèle « RIP and Replace »…
Simplification et numérisation des procédures administratives pour les citoyens, environnement de travail modernisé pour les agents, dématérialisation des échanges au sein des administrations… Les multiples obligations légales en matière de digitalisation des services publics ont poussé de nombreux organismes à adopter une démarche dite de « RIP and replace » qui consiste à remplacer l’existant par de nouveaux systèmes d’information, souvent lourds, difficiles et coûteux à administrer. L’infrastructure ainsi mise en place se montre alors peu adaptée aux besoins d’agilité inhérents au numérique. De même, elle implique d’ajouter sans cesse et dans l’urgence de nouveaux outils pour pallier les lacunes et répondre aux exigences des usagers. Une stratégie qui mène souvent à l’échec ! En effet, selon une étude de McKinsey, près de 45 % des projets de ce type échouent et 60 % délivrent moins de valeurs qu’espéré. Pire, 17 % environ sont même jugés « catastrophiques » pour les organisations car ils alourdissent le SI !
… à une approche « wrap-and-renew » !
Difficile dans ces conditions de construire un système pérenne et d’envisager l’avenir. C’est pourquoi il devient urgent de mettre en place une nouvelle approche centrée sur l’agilité. Car non, les administrations ne sont pas obligées de remplacer à chaque fois l’intégralité de leur infrastructure pour gagner en souplesse et en intelligence. En ce sens, le concept de « wrap-and-renew » consiste à intégrer une couche intermédiaire au sein de l’environnement existant capable de communiquer avec l’ensemble des systèmes en place sans répliquer la donnée. Une brique complémentaire qui pourra rénover et construire en parallèle de nouveaux systèmes en remplaçant et en décommissionnant progressivement les blocs applicatifs en place.
Le concept de Minimum Lovable Product
Le principe est simple : la plateforme connectée à l’infrastructure travaille directement là où la donnée est située, et ce où qu’elle soit. Ces ‘golden data’ évitent ainsi de reproduire les silos et permettent d’avancer très rapidement, en quelques mois à peine. Ainsi, les équipes ont la possibilité de sortir en 3 à 6 mois un Minimum Lovable Product pour répondre à un besoin urgent puis de reconstruire les processus back ou front office de l’entreprise. Cette base Minimum Lovable Product permet alors d’appliquer de nombreuses fonctionnalités sans avoir besoin de manipuler du code ou de refondre le système d’information.
De même, inutile de recréer de nouvelles applications, la plateforme intègre différentes couches capables d’adresser les spécificités de chaque infrastructure. Un concept tout à fait en phase avec la politique du gouvernement en matière de cloud computing, véritable accélérateur de leur transformation numérique. En 2018, selon le cabinet Markess, 72 % des décideurs publics envisageaient ou avaient ainsi déjà recours au cloud.
Les acteurs du secteur public n’ont plus le choix. Ils doivent prendre la direction de la digitalisation. Mais leur défi le plus important repose sur la manière de procéder. Pour réussir cette transformation, les services publics doivent opérer un profond changement culturel pour adopter une démarche disruptive, itérative et incrémentale, établie sur le ‘design thinking’ leur permettant d’avancer rapidement et concrètement avec des ‘Minimum Lovable Product’. La clé de succès de ce case management ? La mise en œuvre d’une gouvernance appuyée et d’une plateforme pérenne !
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