La dépendance numérique et de la donnée avérée préoccupe de nombreux pays. Au-delà des questions d’éthique et de sécurité qui avaient jusqu’ici été l’objet de toutes les attentions, la véritable question aujourd’hui est la place de l’Europe dans cette course à l’innovation. Et si le débat s’est souvent cristallisé sur les données personnelles, nous assistons à une véritable prise de conscience du rôle essentiel de la donnée dans l’économie des entreprises européennes.
La donnée pour faire de l’Europe une puissance numérique
La donnée est une matière première qui doit pouvoir circuler librement au sein d’espaces régulés pour permettre aux entreprises d’innover. Ce que l’on est capable de produire à partir de la donnée reste pour beaucoup très théorique, difficile à comprendre et à appliquer. Les Etats-Unis ou la Chine ont participé activement, au travers de la commande publique, à la naissance des GAFAM et BATX, qui eux même ont très vite su tirer parti du potentiel des données. Désormais, l’Europe entend prendre sa place et renforcer son positionnement sur cette nouvelle économie mondiale.
En 2019, les initiatives en faveur d’une libre circulation des données se sont succédé en Europe et dans le monde et, sous l’impulsion du nouveau commissaire européen en charge du numérique, Thierry Breton, la structuration du marché de la donnée s’accélère. Avec ce qu’il a nommé « une approche européenne ambitieuse des données », Thierry Breton positionne l’échange de données au cœur de l’économie européenne avec une ambition affirmée de remporter la bataille des données industrielles, en créant notamment un marché européen unique de la donnée.
Ces données sont devenues le miroir de l’économie à l’échelle mondiale et quels que soient les secteurs, elles sont le facteur déterminant de la compétitivité des entreprises et des Etats.
Vers une régulation des échanges de données
L’Europe souhaite mieux protéger la donnée produite sur son territoire, mais cette régulation ne doit pas se faire aux détriments du développement économique. Pour être la clé du succès, les réglementations à venir devront être particulièrement adaptées aux PME qui sont un véritable moteur de l’économie et représentent à elles seules près de 30% du PIB européen.
D’un côté, il y a la crainte des Etats d’être dépossédés de certaines de leurs fonctions les plus régaliennes, comme l’identification des personnes. De l’autre, il y a l’ambition de développer massivement l’intelligence artificielle, mais aussi le déploiement des smart-cities, de l’usine 4.0 ou encore de la création de services de plus en plus personnalisés proposés par des entreprises dont la structure même se doit d’être agile pour affronter la concurrence internationale. Toutes ces innovations reposent sur la capacité à accéder à la donnée et souvent à les échanger ou les monétiser. Aujourd’hui, nous constatons que 70 % des interactions entre entreprises qui veulent échanger des données se font entre organisations de secteurs différents. Nous prévoyons que ce phénomène va s’accélérer notamment grâce aux places de marché de données qui apportent la sécurité et la capacité de répondre aux contraintes réglementaires de chaque pays. A terme, le marché de la donnée va devenir aussi régulé que le marché financier et, la valeur de ces data répondra aux lois d’économie de marché.
Le levier indispensable de la commande publique
Les entreprises européennes évoluent sur un marché caractérisé par sa très grande ouverture. Elles sont en outre pénalisées par la fragmentation du vieux continent et par une trop faible coopération des grands acheteurs publics. La mise en oeuvre d’une politique européenne permettra d’insuffler la confiance nécessaire et de créer un effet de levier sur la commande publique. Il s’agit en la matière de dépasser les frontières domestiques et de soutenir toutes les initiatives qui permettront de produire de futurs leaders européens.
Des espaces sécurisés tels que les places de marché de la donnée, deviendront des tiers de confiance et permettront à l’acteur public de maintenir sa souveraineté et son indépendance sur ses informations. Il peut initier à la hauteur de ses attentes une infrastructure à la fois technique, contractuelle et économique dans laquelle chaque participant identifié peut accéder à la donnée et en fournir.
En circulant et en étant échangée, la donnée prend une valeur qui dépasse largement sa valeur initiale. C’est selon ce principe qu’il faudra concevoir le futur cadre réglementaire, pour que l’Europe réussisse la deuxième étape de la révolution numérique.
Tribune de Fabrice Tocco, cofondateur et co-CEO de Dawex
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