On l’entend depuis des années : les robots arrivent pour détruire nos emplois. Cela sera plus rapide que prévu, et plus sérieux qu’on ne le pense. En jeu, des centaines de millions d’emplois : parfois transformés, parfois supprimés. Un rapport de McKinsey parlait en fin d’année dernière de 400 à 800 millions… Et voilà qu’une étude publiée par Korn Ferry nous apprend ces jours-ci que les économies du G20 manqueront bientôt de plus de 80 millions de travailleurs. Explications.
Menée sur trois secteurs différents (services financiers, TMT (technologies, media et télécommunications) et industrie manufacturière), l’étude se penche sur trois niveaux de compétences pour apprécier l’adéquation des profils aux besoins des entreprises entre 2020 et 2030. Sa conclusion est sans appel : » D’ici 2030, la demande pour les travailleurs qualifiés dépassera grandement l’offre, et créera de fait une pénurie de talents à l’échelle internationale, représentant environ 85 millions de personnes. «
En définitive, toutes les études disent la même chose. La 4ème révolution industrielle voit des secteurs entiers se transformer, et avec eux les emplois qui les portent. Les nouvelles technologies rendent certains métiers inutiles, mais créent ailleurs le besoin d’autres métiers, tout aussi qualifiés que les précédents, mais différemment. C’est là, nous dit Korn Ferry, que réside le problème : dans l’inadéquation entre les avancées technologiques (notamment l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle) et les compétences de travailleurs qui doivent pouvoir tirer parti de ces innovations.
Quelles conséquences aura ce grand « talent crunch » ?
D’abord un manque à gagner plus ou moins important selon les pays et les industries concernés, qui se chiffre à chaque fois en plusieurs centaines de milliards de dollars. Ensuite sans doute par des flux migratoires bien plus importants à l’avenir, les talents quittant certains pays pour en rejoindre d’autres. Des pays comme le Japon, le Brésil ou encore l’Indonésie sont ainsi en passe de perdre 10 à 15 millions de personnes qualifiées chacun. D’autres comme l’Inde s’imposent contre toute attente comme des leaders sur le marché du travail de demain, avec un surplus de plus de 200 millions de personnes qualifiées que le pays saura probablement tourner à son avantage.
Que nous enseigne cette étude ?
Il est d’abord important d’en souligner les limites, puisqu’elle se base sur le niveau d’éducation pour apprécier les compétences. Cela semble insuffisant. Dans le même temps, difficile de définir aujourd’hui quelles seront les compétences requises ne serait-ce que dans 10 ans. Il est probable que le tableau, en se basant sur les compétences des travailleurs et des étudiants aujourd’hui, soit plus noir encore. Au-delà de ces limites – inhérentes à l’exercice – la leçon paraît claire : les gouvernements et les entreprises doivent faire de l’éducation et de la formation une priorité. Pour faire en sorte que les entreprises ne manquent pas de main d’œuvre bien sûr, mais aussi et surtout que les personnes les moins qualifiées – qui se compteront par centaines de millions – ne restent pas sur le carreau, cantonnées à jouer le rôle d’inutiles sur un marché du travail qui les dépasse. Le problème n’est pas seulement économique, mais également social et politique. Ce qui fait de l’éducation une priorité absolue, non seulement pour les entreprises, mais à plus forte raison encore pour l’Etat.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits