Inaugurées en 2020 par Tesla, reprises depuis par d’autres constructeurs à travers le monde, les machines de moulage sous pression permettent de fabriquer des parties entières d’un véhicule en un seul bloc. Appelée « giga-casting », cette méthode de production aurait cependant un impact environnemental, mais aussi financier pour les automobilistes. Explications.
Dans le milieu automobile, c’est une innovation dont Tesla a senti le potentiel, sans doute avec le plus d’ambition. « Avec nos machines de moulage géantes, nous essayons littéralement de fabriquer des voitures grandeur nature de la même manière que les petites voitures », expliquait Elon Musk sur X (ex-Twitter) en janvier 2021. Cela faisait alors quelques mois que l’homme d’affaires avait mis la main sur le programme Giga Press du fabricant italien Idra Group. Pour les marques, ce processus de fabrication nommé giga-casting représente de grosses économies. Chez Tesla, ce sont 600 robots d’assemblage qui ont été supprimés pour la conception de la Model 3. Il suffirait ainsi de deux ou trois énormes pièces moulées pour remplacer un assemblage originellement composé de 70 éléments. Un gain économique conséquent, qui peut également se concrétiser par une réduction du poids final du véhicule – un autre élément prépondérant de la production d’une voiture à batteries.
Ainsi, si Tesla semble avoir été visionnaire sur l’utilité de ces machines de moulage, d’autres constructeurs étudient attentivement les possibilités qu’elles offrent. Avec l’arrivée de nouveaux fournisseurs tels que le Suisse Bühler ou le Chinois LK Group, c’est tout un secteur industriel qui pourrait bien être chamboulé. Volvo et Hyundai ont d’ailleurs d’ores et déjà fait connaître leur intérêt.
Un désastre environnemental ?
C’est un système très coûteux mais qui peut s’avérer parfaitement rentable lorsque la marque n’a pas un catalogue trop développé. Le giga-casting serait-il la raison de la bonne et rapide rentabilité de Tesla à travers le monde ? Sur le papier, le recours aux « méga-pièces » pour remplacer les petits éléments semble tout à fait bénéfique pour les constructeurs. D’autant plus lors de la fabrication de voitures électriques.
Mais quid de l’aspect écologique de cette solution ? Elle réduirait les émissions de carbone grâce à sa réduction du nombre de pièces embarquées. Mais quelques acteurs commencent à se questionner sur le réel impact de ces machines de moulage haute pression. En France, c’est notamment le cas de la FEDA qui a publiquement mis en garde le gouvernement début octobre. Ce processus comporte « d’importants effets pervers, qui méritent d’être anticipés et, autant que possible, évités », dénonce la Fédération de la distribution automobile, qui rappelle qu’il n’est pas « écologiquement vertueux de remplacer des blocs entiers d’un véhicule – dont la production nécessite bien plus de matière et d’énergie, là où une pièce détachée de plus petite taille fait l’affaire aujourd’hui. » Ce risque d’un « désastre environnemental » vient s’ajouter à celui relatif au budget des automobilistes. De fait, le remplacement d’une méga-pièce est bien plus coûteux puisque ce n’est plus un petit élément qui sera à changer mais bien un bloc entier. Lors d’un accident, la question de la réparabilité pourra également se poser. Ce qui représente à la fois un problème économique et écologique.
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