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Le GAFAM Doit Désormais Comprendre Un H Comme Huawei !

Huawei est le premier opérateur mobile chinois. C’est aussi le premier opérateur mobile du monde dans le sens où il n’existe pas un smartphone Android qui ne soit produit sans utiliser un composant du constructeur Huawei. Il n’y a pas non plus un pays dans le monde qui n’utilise un composant Huawei pour assurer le transport de nos télécommunications. Et à l’instant où son PDG Ren Zhengfei annonçait fièrement avoir produit plus de 1 million de smartphones sous HongMeng Os, le système d’exploitation concurrent de Google, les États-Unis montent le ton en éditant la liste noire des sociétés représentant un risque pour les intérêts nationaux, coupant de facto toutes possibilités pour l’opérateur chinois de concourir aux appels d’offres de la 5G avec un risque de débordement pour l’ensemble des États membres de l’OTAN. D.Trump a déjà prévenu Theresa May que la Grande-Bretagne devait suspendre ses achats sans quoi les modalités d’échanges avec l’Oncle Sam seraient modifiées. Encore une fois, la guerre des 2 tigres remet en cause le libre arbitre européen.

 

Google perd son leadership.

Google ne pouvant plus vendre son système Android à Huawei pour équiper ses terminaux, il fallait, pour le géant chinois réagir et la réaction n’a pas tardé. Depuis l’initiative de la note 13 invoquant la route de la soie digitale par Ji Xin Ping en 2012, Huawei avait déjà commencé à travailler sur un système d’exploitation souverain pour contourner Android et Google à qui l’on peut reprocher une certaine absence de transparence en ce qui concerne la souveraineté du code et l’existence de backdoors permettant de pénétrer un terminal sans action de l’utilisateur par un acteur étatique du renseignement. En 2012, la Chine lançait son chantier discret, mais énorme, d’un internet souverain et Huawei en est à la fois l’architecte et le concepteur. Cette démarche avait du sens à deux titres. La Chine est depuis 2011 le premier contributeur de contenu sur Internet et représente aussi la plus grande communauté de la planète. La mutation digitale de la société chinoise ne pouvait pas se faire sans un plan Marshall des télécommunications qui aura été financé en grande partie par le projet de surveillance de masse qui impliquait une refonte globale des capacités de télécommunications de la Chine, à commencer par le réseau fibre sur l’ensemble du territoire. Et c’est justement parce que le territoire est dantesque que le développement de la 5G devenait une priorité essentielle pour le gouvernement, car c’est sur elle que repose en partie la politique de surveillance.

 

Autonome avec la 5G, la Chine vend à qui bon lui semble sa technologie.

Ainsi, Huawei est la démonstration que la Chine à désormais l’autonomie technologique et même de l’avance, car pour la première fois, les États-Unis ne savent pas répondre à l’appel du marché des opérateurs qui sont impatients de pouvoir émettre en 5G. Si les discussions économiques entre les États-Unis et la Chine tournent court à chaque fois que le Président Trump menace de taxer, c’est aussi le signe révélateur que les Américains n’ont pas un coup d’avance et n’ont d’autres formes que le chantage pour imposer leur choix et freiner les ardeurs du marché pour permettre à l’industrie US de produire de la 5G à temps. Il y a un autre enjeu à cette guerre des chefs, plus discret, mais essentiel. Il s’agit du pouvoir de contrôle que l’Etat peut avoir sur la technologie. Ainsi reproche-ton à Huawei d’intégrer des backdoors sur ses émetteurs, lui permettant ainsi de collecter les flux d’échanges de chacun de ses clients. L’incident SFR récent démontrant un routage des télécommunications en Chine est en effet une preuve involontaire que la capacité technique existe. Mais les Américains ne sont pas en reste. Un système 5G comprend du chiffrement et par conséquent est soumis aux conditions du Trade Exchange US qui impose la communication des clés à State Department pour pouvoir être exporté.

 

La messe est ainsi dite. Google a désormais 2 concurrents sur la partie mobile, à savoir HongMeng Os de Huawei (et qui en moins d’un trimestre aura conquis plus de 1 million d’usagers avec un potentiel à court terme de 1,5 milliard d’usagers) et Apple iOS. En même temps, l’internet chinois est désormais totalement opérationnel ; enfin la commercialisation de la 5G vis-à-vis des Occidentaux engendre une polémique entre certains États européens et les États-Unis, compte tenu de l’absence de souveraineté garantie par Huawei. Mais ce dernier est aujourd’hui le seul à avoir la capacité de déployer la solution à grande échelle et en un temps record. Désormais, la Chine est devant avec une probabilité que les continents asiatique et africain soient majoritairement équipés de solutions Huawei dans les 2 prochaines années.

A trop vouloir diviser les compétiteurs, D. Trump en aura oublié la vision de son ami chinois qui, en ne s’agitant pas, a réussi un coup de maître en invitant les Européens à prendre une certaine distance avec l’Amérique. En France, la question se pose autrement, car il faut d’abord que l’attribution des licences soit tranchée par l’ARCEP — l’Autorité de régulation des communications et des postes — et publiée. La consultation pour les appels à candidatures pour l’attribution des bandes de fréquences se déroule en ce moment et la décision ne sera pas rendue avant début 2020. Quand bien même il existe plusieurs projets expérimentaux en cours, la société civile ne pourra pas en profiter pleinement avant mi-2020.

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