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Le Futur De Niantic

La société Niantic s’attache à réaliser des connexions entre monde virtuel et monde réel via mobile. On leur doit la réalisation des jeux Pokémon Go et Ingress. Matthieu de Fayet, VP Strategic Partnerships de Niantic, présent lors de la conférence rio.Futuro, a répondu à nos questions.

Pouvez-vous nous parler de Niantic ?

Mathieu de Fayet : La magie de Niantic tient en 5 mots : adventures on foot with others (des aventures à pieds avec les autres). Tout se résume avec cette phrase, car on essaye de réconcilier des choses qui paraissaient irréconciliables. La technologie paraissait être un moyen d’explorer, de découvrir, donc « adventure », et « on foot », pour marcher sans s’en rendre compte grâce a la technologie et ne pas rester derrière un écran. Enfin, rencontrer des gens dans le monde réel, ce à quoi, nous ne sommes plus trop amenés. Les éléments les plus basiques de rencontre sont de plus en plus rares : rencontrer des personnes en allant faire des courses est limité de nos jours. Avec Amazon par exemple,  tous les produits convergent à domicile. La philosophie de Niantic : utiliser et non combattre la technologie pour changer cette perspective. On a commencé avec Ingress en partant sur un concept de jeu qui ressemble à Risk, soit la conquête de lieux et de territoires réels qu’on avait activés. À l’époque, on était chez Google, donc les lieux du monde entier avaient une géolocalisation, un tag, une description et une photo. Assez rapidement, les joueurs ont participé en demandant d’activer des lieux près de chez eux et l’on est passé de 250 000 à 5 millions de lieux. Il nous en reste 10 millions à activer, c’est une question de temps. Il y a cette logique de faire découvrir son quartier, ou plus loin, certains sont même partis au Pôle Nord ou en Amazonie.  

J’ai lu que vous souhaitiez développer sur Pokémon Go, cet aspect communautaire, local, découverte de quartier ?

MF : Ce qui a marché avec Ingress c’est le côté communautaire en effet. 1,5 million de personnes jouent chaque jour. Les gens passent du temps, ils préparent la conquête. J’avais rencontré des joueurs parisiens qui partaient en weekend pour conquérir Rouen par exemple. Avec Pokémon Go, il y a cette possibilité de chasser en équipe, mais le rôle de ces équipes n’est pas encore super clair. On nous l’a beaucoup reproché, car on a un feedback important. On nous a demandé de donner du sens au choix des équipes, donc on a tout un nouvel aspect du jeu qui arrive dans un mois autour de cette idée.

 

Par ailleurs, il y aurait sur Pokémon Go, l’arrivée prochaine des créatures légendaires ?

MF : Ce sont un peu les Beatles d’aujourd’hui ! J’aime bien cette comparaison, car quand le jeu est arrivé il y a eu des regroupements en masse à Central Park par exemple, ou encore Bordeaux comme pour l’arrivée des Beatles aux USA. Ils étaient passionnés d’avoir un nouveau Pokémon et de l’ajouter à leur Pokedex. On a commencé avec 200 Pokémons de la génération 1. Et même si certains Pokémons ne sont qu’à un certain endroit comme le Taurus aux USA, en deux mois certains avaient déjà tous les Pokémons. Il y a donc cette vision d’un Pokémon légendaire, qui fait rêver… C’est un jeu qui a attiré plus de 200 millions de fans depuis 20 ans et les joueurs ont grandi avec, certains sont dans la trentaine et n’ont qu’une seule envie c’est de continuer à jouer, mais dans cette forme que l’on a développée… Imaginez ce qui peut se passer en termes de mouvements de foule quand on aura un Pokémons légendaire comme Mewto quand les gens se déplacent déjà massivement pour des Pokémons moins légendaires !

 

Quelques chiffres, quels sont vos revenus ?

MF : L’essentiel de nos revenus vient de l’achat d’éléments dans le jeu qui peuvent aider les joueurs à progresser dans le jeu comme un incubateur pour un œuf de Pokémon. Mais, avec les Pokestop, il est aussi possible de les avoir gratuitement. Cela représente 90 voire 95 % de nos revenus. Les sponsorships c’est plus une manière de relayer le jeu dans le monde réel. Le jeu est tellement dans la réalité virtuelle qu’il faut aussi avoir des éléments physiques qui rappellent le jeu comme les magasins sprint qui sont des Pokestop etc. C’est une logique intéressante, car une toute petite base dépense et le reste joue de façon gratuite et d’un point de vue publicitaire cela peut être intéressant à explorer.

Est-ce que d’autres aspects technologiques vont entrer en jeu ?

MF : On a cette ambition de créer cette plateforme. Un développeur de jeu peut avoir des succès universels, mais il est difficile d’avoir un succès pérenne dans le monde du jeu vidéo. Comme le cinéma en fait, on peut lancer un super film et faire un gros flop 2 ans plus tard. Nous sommes des experts en géolocalisation et nous avons cette capacité à animer de façon virtuelle des lieux réels. Cela nous donne une activité importante, et le succès de Pokémon Go a attiré de très belles franchises dans le monde du cinéma par exemple. Nous voulons lancer une plateforme qui met a disposition des outils pour des médias par exemple, ou des séries tv etc. Cela pourrait être fait depuis notre plateforme sur le domaine de la géolocalisation. Cela serait un Wikipedia de la géolocalisation.  

Et les données dans tout ça, quelle utilisation en faites-vous ?

MF : Les seules données que nous ayons sont celles correspondants aux connections avec les lieux physiques et le fait de pouvoir traquer par exemple la capture des Pokémons. On sait qu’il y a 300 000 millions de Pokémons capturés par jour depuis le début du jeu. Mais ces données nous ne les exploitons pas, on se concentre sur l’expérience, sur l’utilisation. On ne veut pas de bug, on respecte notre base de joueurs, on a une logique de confiance.

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