La conquête de l’espace s’accélère ! De nombreux projets sont à l’œuvre pour le rendre plus accessible. Elon Musk, fondateur de Tesla, est également créateur de SpaceX, qui lance et fait revenir des fusées. Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, a lancé récemment Blue Origin, cherchant à démocratiser l’accès à l’espace.
Quoi de neuf dans l’espace ?
Ça bouge fort dans l’espace. Ces dernières années, les technologies de lancement sont devenues de plus en plus accessibles. Au lanceur d’Elon Musk s’ajoutent les lanceurs Electron de Rocket Lab qui a levé $75M en mars dernier, et élèvera sa charge dans les prochaines semaines moyennant moins de $5M, celui de Virgin Orbit et le Vector R de Vector Space Systems.
Les six agences d’Etat (US, Russie, Chine, Europe, Japon, Inde) sont encore aujourd’hui de principaux financeurs et donneurs d’ordres du spatial, mais de nombreux projets privés sont en germe : l’espace n’appartient (encore) à personne. En 2018, la Station Orbitale Internationale (ISS) propose de soutenir des projets privés, ce qui ouvre la voie à des expériences de nature écosystémique. Il y aura plus de 150 missions en 2018, dont 50 aux Etats-Unis (30 de Space X), 40 en Russie, 35 en Chine, 17 en Inde et 14 en Europe.
Naissance de start-up
Petit à petit, les start-up se développent, des accélérateurs se créent et les financements arrivent. L’European Space Agency soutient 140 start-up par an. Face à l’attractivité de l’espace, un écosystème se construit.
Tout comme celui de la communication ou de la connectivité internet globale avant lui, le marché historique de l’espace, la fabrication de satellite, subit un tournant majeur. Le nombre d’usagers privés explose, dû en partie à des coûts de plus en plus faibles. La forte baisse des prix a provoqué l’accélération du cycle de devellopement. Pesant parfois moins d’un kilo, certains satellites sont créés par des start-up grâce aux composants électroniques grand public. Ces start-up s’inspirent du projet californien créé en 2010, Planet Lab, basé à San Francisco. 450 des quelques 1800 satellites actifs recensés par l’UNOOSA (United Nations Office for Outer Space Affairs) ont été lancés en 2017.
Ça se passe bien entendu sur la côte ouest des Etats-Unis, en Israel, mais aussi en Australie et au Luxembourg. Le micro Etat a fait de l’espace une priorité. Pour preuve, le passage d’une loi sur l’exploration minière et de nombreux financements mis en place laissent à penser qu’il souhaite occuper une place de choix dans ce nouveau marché. Un écosystème s’y crée indubitablement du fait du volontarisme du Duché, ainsi que de nouveaux métiers porteurs d’avenir.
Le cas francais
La France n’est pas en reste et coordonne ses efforts, avec des événements (ActinSpace), des accélérateurs (celui de l’ESA ou encore Starbust Accelerator), de belles start-up à l’instar de Thrustme qui fait des systèmes de propulsion pour les micro-satellite, ou AirMems qui produit des commutateurs RF pour les satellites. Si 360 Capital Partners a investi 3M€ dans la start-up Earthcube qui optimise l’analyse d’image satellite, aucun fond d’Europe continentale n’a valorisé ce secteur de marché en priorité. Au niveau privé, ce sont les Corporate Venture (comme Airbus Venture qui a investi dans Astrocast) et les Family Office se sont emparés du projet. En Grande-Bretagne, Seraphim Venture a levé £70M dans ce secteur.
Les nouveaux secteurs de marché
Le tourisme dans l’espace est un business convoité : l’offre et la demande parviennent à se rencontrer depuis quelques temps pour les personnes désireuses d’aller faire un tour dans l’espace disposent du patrimoine pour y parvenir. SpaceAdventures.com a déjà envoyé sept touristes dans la station orbitale pour environ $75M chacun. Blue Origin devrait envoyer en 2018 ses premiers passagers test à bord de vaisseau New Shepard, à 100km d’altitude et durant dix minutes. Virgin Galactic et plusieurs autres projets souhaitent aussi démocratiser cet accès. Le prix estimé ? Quelques centaines de milliers d’euros pour aller faire un tour en haute atmosphère où la gravité est très faible.
Le ravitaillement des stations spatiales, l’entretien et la maintenance autour des satellites sont des segments accessibles aux investissements privés.
Objectif Lune
La Lune est une destination qui devient réaliste. Google a annoncé le lancement du premier Google Lunar XPrize doté de 20 millions de dollars, pour le premier projet privé qui ferait alunir un véhicule, lui faire parcourir 500 mètres et émettre des images de haute qualité sur Terre. 5 projets ont déjà fait acte de candidature.
Pour rendre tout cela possible, de nombreux domaines donnent lieu à la création de start-ups : la transmission (les antennes de la société Phasor qui vient de lever $16M), le stockage, la visualisation et le traitement de l’information notamment. L’observation de la Terre a fait énormément de progrès récemment avec des sociétés comme Orbital Insights (qui vient de lever $50M), Digital Globe ou Spire (qui vient de lever $70M auprès de Luxembourg Future Fund). Mais des sociétés comme Urba Space commencent aussi à utiliser les fréquences radars (SAR) pour accéder à des données sur les réserves en matière première, notamment pétrolières.
Des projets plus lointains comme l’exploitation des minerais des astéroides ont également trouvé des financements au Luxembourg, à l’instar de la start-up Planetery Resource qui y a levé $28M.
La recherche dans l’espace
La gravité est le seul facteur n’ayant pas changé depuis que le monde est monde. Elle a sculpté la vie telle que nous la connaissons. D’ores et déjà, nous savons que les médicaments ne fonctionnent pas dans l’espace de la même façon que sur Terre, et la grande majorité est inefficace. La digestion, le développement des cellules ne s’y déroulent pas de la même façon.
L’expérimentation “Twins Study” qu’a lancé la NASA est édifiante : une large partie de l’ADN d’un frère jumeau a muté lors de son séjour d’un an dans l’espace, dont une fraction significative de façon définitive, sous l’effet de la micro-gravité mais aussi des radiations solaires qui sont très fortes au-delà de l’altitude de la ceinture de Van Allen qui protège la Terre.
Le goût et l’espace
On peut observer dans l’espace de nouvelles formes de développement de la vie, de nouvelles formes d’alimentation qui pourront s’absorber de façon plus efficace par l’organisme, et à force d’experimentation, identifier des façons de les reproduire.
De nouvelles saveurs s’y créent et des sociétés comme Budweiser s’intéressent à la fermentation en micro-gravité, car elle se passera forcément différemment. Des levures plus efficaces pourraient émerger, pouvant agir plus rapidement à des températures plus basses et dégager des arômes différents. Il semble également que les terpenes du whisky vont s’assembler différemment.
La recherche spatiale, qui jusqu’à présent a été menée par des agences publiques (et très orientée sur la recherche fondamentale) a la particularité d’être non déterministe : on ne sait pas ce que l’on va trouver. L’abaissement des prix va là aussi permettre d’augmenter son spectre et de l’ouvrir à des domaines nouveaux. Des acteurs privés, et notamment des grands laboratoires pharmaceutiques et des firmes agro-alimentaires s’y intéressent déjà. Des dizaines de laboratoires sont prêts à faire des expérimentations en micro-gravité. Ici aussi, l’entrepreneuriat a son mot à dire. La start-up Space Cargo Unlimited se propose de faciliter l’accès à la recherche spatiale pour les laboratoires candidats.
Domaine à surveiller
Avec Arianespace, Airbus DS, Safran, le CNES, Eutelsat, la France a eu historiquement un temps d’avance dans le domaine du spatial mais il est en train de se passer ce qui s’est passé voici 25 ans dans le monde de l’internet : le sujet quitte la sphère du public et des grands acteurs industriels pour entrer dans le domaine des jeunes pousses. 2018 sera donc une année charnière dans le domaine spatial. Bien plus silencieux que les cryptomonnaies, l’espace présente d’ores et déjà des opportunités concrètes et attractives. Les retombées économiques sur de nombreux domaines de recherche bien terrestres sont à prévoir. L’exemple du Luxembourg, créateur d’un cluster pour faire émerger l’écosystème tout en mobilisant des financements privés et publics est source d’inspiration. Et pourquoi pas un projet d’inspiration hexagonale au Google Lunar XPrize en 2018 ?
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