Si vous êtes abonné à quelques chaînes YouTube alors vous avez probablement déjà entendu parler de la directive européenne sur les copyrights et ses articles 11 et 13. En effet, les influenceurs du net sont de plus en plus nombreux à pointer du doigt une loi qui pourrait sûrement causer leur perte. De quoi s’agit-il exactement et pourquoi Internet est-il en colère ?
C’est quoi la directive copyright ?
La directive copyright cherche à adapter les droits d’auteur au numérique Elle a été adoptée le 12 septembre 2018 par la Commission européenne, et elle est actuellement en cours d’écriture par quelques représentants du Parlement.
Vouloir protéger les artistes et leur droits d’auteur, c’est évidemment une très bonne chose, mais deux articles posent problème et ont provoqué une véritable colère auprès des géants de l’Internet tels que Google et Facebook, et chez les créateurs de contenus qui utilisent ce type de plateforme.
L’article 11 : il réclame l’instauration d’un « droit voisin » qui va s’appliquer lors de l’utilisation de la totalité ou d’une partie d’un article de presse sur une plateforme numérique. Ainsi, si un internaute publie un article de presse sur son compte Facebook, alors la plateforme devra verser des royalties au média concerné.
L’article 13 : il obligera les plateformes de diffusion de vidéos et les réseaux sociaux à passer des accords avec les ayants droit des contenus protégés, avant la publication d’une vidéo comportant la totalité ou une partie d’une œuvre. Si aucun accord n’est conclu, alors la plateforme est responsable dans le cas de la mise en ligne d’une vidéo utilisant du contenu sous droits d’auteur.
Quel est le problème ?
On pourrait penser qu’il est nécessaire de protéger le travail des artistes, qu’ils soient cinéastes, musiciens, comiques, etc., c’est parfaitement légitime. En revanche, il y a d’autres créateurs sur Internet qui vont critiquer, tester ou parodier des films, des jeux ou des musiques. Pour cela, ils utilisent forcément quelques secondes de musique ou des images qui appartiennent aux œuvres qu’ils traitent.
« Le Joueur du Grenier », qui essaye de vieux jeux vidéo ou fait quelques parodies, serait immédiatement sanctionné pour l’utilisation de la BO du film d’Harry Potter dans une de ses vidéos, alors qu’il n’utilise que quelques secondes d’une musique sur plus de 30 minutes de vidéo, et qu’il y a un gros travail de décors, de costume, d’écriture pour l’ensemble de sa réalisation.
Comment un testeur de jeu comme Julien Chièze pourrait-il parler des jeux qu’il teste sans montrer quelques images pour expliquer l’ambiance ou le game play ? Comment la chaîne « Math se fait des films » pourrait-elle réaliser ses parodies sans montrer quelques très courtes scènes des longs métrages ?
C’est donc tout un travail de création qui est remis en cause. Car le droit à la critique ou à la parodie existe dans de nombreux pays, mais les robots de filtrage, qui vont contrôler les vidéos avant de les mettre en ligne, seront évidemment incapables de faire la différence entre une utilisation illicite d’une œuvre et une parodie ou une critique. Il sanctionnera à la moindre image, à la moindre musique, pour éviter à la plateforme de diffusion d’être sanctionnée.
La révolte est en cours !
Internet semble résolu à ne pas se laisser faire sans broncher. Les géants du web comme Google ou Facebook critiquent sans relâche la décision de la Commission européenne et appellent les internautes à lutter contre ce qu’ils estiment être une atteinte à la liberté de créer.
Des millions de personnes ont déjà signé une pétition contre l’article 13, et on y voit naître des sites qui dénoncent ce projet de loi. Le mouvement SaveMyInternet / SaveTheInternet est en cours, et le monde du web espère bien faire comprendre aux députés européens que l’Internet libre tel qu’on le connaît ne doit pas être muselé.
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