Après l’accident mortel impliquant une voiture autonome Uber dimanche soir à Tempe en Arizona, la police de la ville semblait penser qu’il s’agissait d’un accident inévitable. Cependant, les images de l’accident dévoilées par la police mercredi semblent démontrer que le système Uber n’a pas su remplir ses fonctions de bases malgré des conditions optimales.
Le rapport de police original donnait l’impression que la femme renversée, Elaine Herzberg, sortait de nulle part avant de se retrouver sur la trajectoire du véhicule. À l’œil nu, elle apparaît soudainement dans le champ de vision car elle porte des vêtements sombres sur une route non éclairée. Lorsque les phares du véhicule l’éclairent finalement, il est en effet trop tard pour essayer de l’éviter.
Cependant, ce n’est pas si simple en réalité. La vidéo montre que le véhicule Uber conduisait sur une route deux fois deux voies, sur la file de droite. Elaine Herzberg traverse la route de la gauche vers la droite. Lorsque la caméra la voit enfin, elle est en train de traverser la file de droite. Elle marche manifestement à côté de son vélo. Ce qui veut dire qu’elle était sur une route dégagée pendant au moins quelques secondes.
Il n’y avait pas de circulation et rien ne pouvait empêcher les capteurs du véhicule de « voir » Elaine Herzberg. Les Volvo XC90 utilisés par Uber pour le développement de cette technologie sont équipés de caméras, de radars et de capteurs lidars. Les radars et lidars sont capables de scanner leur environnement même dans l’obscurité totale. Ils auraient donc dû détecter la présence de la piétonne sur la route à une distance de 50 à 90 m, voire plus, en fonction des capteurs utilisés.
Le véhicule conduisait à 61 km/h, vitesse à laquelle il aurait dû pouvoir freiner sur une distance de 18 à 21 m avant de s’arrêter. Il aurait au moins dû pouvoir éviter Elaine Herzberg sur la gauche sans la percuter.
Bien qu’il soit impossible de savoir exactement pourquoi le système n’a pas fonctionné sans analyser son carnet de bord, il s’agit d’un cas où la conduite autonome aurait pu surpasser la conduite d’un être humain. Même si nous ne pouvons pas demander aux systèmes de conduite autonome d’être irréprochables, nous pourrions au moins attendre d’eux de pouvoir gérer de telles situations sans trop de difficultés. Il y aura toujours des situations plus compliquées ou des conditions moins idéales où la conduite autonome rencontrera des difficultés.
Une réglementation serait la bienvenue
Les entreprises développant les systèmes de conduite autonome pensent qu’il est encore trop tôt pour mettre en place une réglementation, mais elles ont tort. Il est vrai que nous n’avons pas besoin de réglementations qui freineraient l’innovation. Cependant, il est nécessaire de mettre en place un minimum de normes concernant la conduite autonome.
Nous voulons que les nouveaux véhicules puissent freiner de manière fiable, même avec quelques ratés. Nous voulons des phares qui répondent à certaines normes de performances. Nous voulons un certain degré de protection pour les passagers en cas d’accident.
Il est temps de demander aux véhicules automatiques d’être capables de détecter des piétons ou des cyclistes dans certaines conditions de luminosité. Nous n’exigeons pas de technologie particulière tant que les capteurs peuvent « voir ». Si Elon Musk peut « voir » sans lidar, tant mieux pour lui, mais si Uber n’est pas capable de voir un piéton dans des conditions optimales, il ne devrait pas être autorisé à tester ses véhicules sur la voie publique.
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