Les Smart Speakers envahissent les grandes surfaces pour Noël. Ces objets sont des enceintes, mais en plus elles sont « intelligentes ». Vous leur parlez et elles répondent. Vous pouvez leur demander une recette de cuisine, les bons films autour de chez vous, l’heure d’ouverture d’un musée, de réserver un transport, de vous lire un livre ou une blague… Bref, une infinité d’interactions conduites avec la voix, qui sont maintenant reconnues à plus de 95%.
On estime qu’il y aura dans le monde 80 millions de foyers équipés fin 2018, dont 2 en France, sur un marché dominé par Amazon Echo et Google Home. Apple a riposté avec Homepod et Orange avec Djingo. Et la même technologie vocale marche sur n’importe quel smartphone. Pourquoi un tel engouement ? C’est un mode d’interaction nouveau, fondé sur la voix. Qui par définition est plus simple, plus immédiate et surtout… plus collective.
Jusque-là, le digital isolait car il est construit sur une interaction univoque entre l’utilisateur et son écran, séparant cet utilisateur des autres personnes en présence, alors que la télévision avait eu le mérite d’être regardée dans un moment collectif. Les études qui commencent à proliférer sur cet isolement croissant au sein des familles, ne font que confirmer un constat que chacun a pu observer : les gens passent de plus en plus de temps à faire des choses assez peu utiles sur leur écran individuel en se coupant pendant ce temps du monde autour d’eux. D’où la multiplication des offres de « Digital Detox », ou le fait que certains parents finissent par interdire tout court les écrans. La dernière version de l’iOS Iphone iOS12, met d’ailleurs le contrôle de la durée d’écran très en avant dans son interface.
Ainsi la force d’adoption derrière les Smart Speakers est la capacité à créer des interactions collectives, des jeux en familles, de la musique choisie et partagée par tous, des choix en commun, de façon aussi collective que la radio, avec l’interaction et la personnalisation en plus.
Le phénomène de masse des Live Quizz interactifs est intéressant à plus d’un titre. Lancé en 2017, le succès de HQ Trivia aux Etats-Unis a été foudroyant. Il réunit certains soir près de 2 millions de spectateurs participants, avec des prix à partager entre $5000 et $400000, sur un principe proche de « Questions pour un Champion », mais qui permet à tout le monde de participer avec une application mobile Iphone ou Android. Time Magazine l’a choisie comme application de l’année 2017. En France c’est Quidol qui s’impose sur ce même format. La plupart des spectateurs jouent en groupe, à la maison ou au café pour regarder et participer ensemble. Sur leur smartphone, un animateur « TV » dans un décor de studio leur souhaite la bienvenue puis il démarre son émission. Dont ils sont les héros. Ensemble.
En moins de 15 minutes, il va emmener son audience dans le monde de Charlemagne, des Pokémon, de Beyoncé… Et à chaque fois il va le faire en commençant par une question : « Quand Charlemagne a-t-il été sacré empereur ? », « Qui a écrit les paroles de cette chanson de Beyoncé que vous êtes en train d’écouter ? », qui supposent de réunir des savoirs culturels, des gens différents pour jouer ensemble. Les questions sont de plus en plus difficiles, et tout ceux qui auront répondu juste en moins de 10 secondes aux 11 questions se partagent ce soir-là 10 000 €…
L’intégration dans un même concept de la comédie, du participatif et du live ressemble fortement à la TV du futur, avec l’engagement des audiences en plus. Pour pouvoir jouer, les spectateurs participants posent leurs téléphone sur une table, car il faut en même temps entendre et interagir avec son téléphone. Cela devient donc par définition un moment collectif, un moment partagé en famille, entre collègues ou amis. Et comme les questions et sujets sont vastes, plus on est nombreux à interagir en même temps, plus on a de chances de s’amuser et de gagner. Ceci est d’autant plus encouragé que si vous êtes plus de trois à joueurs ensemble physiquement dans la même pièce, le jeu vous offre un petit bonus vous donnant plus de chances de gagner.
Face à l’adoption massive du digital, il existe de nombreuses et légitimes inquiétudes sur l’isolement des gens qui passent des heures face à leur écrans. Mais la révolution digitale trouve aussi en elle les idées et les concepts qui permettent de pallier à cela. Une grande partie du futur de l’interaction sera collectif. C’est donc une bouffée de fraîcheur positive de voir tous les concepts qui construisent l’usage collectif de l’interaction numérique si rapidement et massivement adoptés. Ces usages viennent en plus des usages individuels et de la télévision et de la radio du passé. C’est le digital qui réunit, crée des échanges, permet de rire et échanger ensemble physiquement, « In Real Life ». Nous aurons dans la prochaine décennie des robots domestiques avec qui il faudra aussi interagir de façon collective… et les nouvelles technologies évoluent et progressent en permanence sous l’impulsion des utilisateurs, de leurs envies, de leurs besoins. Et nous n’en sommes qu’au début.
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