La technologie ne peut plus se contenter de répondre aux seuls objectifs de rentabilité, de productivité ou d’automatisation. Elle doit permettre aux organisations de s’engager durablement pour répondre aux crises actuelles de tout ordre, économiques, sanitaires, environnementales et sociétales et à la défiance de leurs parties prenantes.
Tech for good, un concept à la mode ou une tendance de fond ? Si on en juge par les discours des étudiants de grandes écoles – HEC, AgroParisTech…- la technologie doit se mettre au service du bien commun. En effet, plus question pour eux de rejoindre des entreprises et organismes publics sans garantie préalable de leur engagement avéré pour réduire les impacts environnementaux et sociétaux négatifs de leurs produits et services. Pour la jeune génération, la technologie doit être utilisée à des fins de durabilité et non de rentabilité et d’exploitation de notre capital environnemental fini. Ainsi 76% des étudiants interrogés en 2020 dans le cadre du baromètre « Talents : ce qu’ils attendent de leur emploi » (IPSOS, le Boston Consulting Group et la Conférence des Grandes écoles), confiaient être en quête d’un métier faisant sens à leurs yeux et 62% se disaient prêts à refuser un poste dans une entreprise sans engagement social et environnemental. Des comportements que la crise sanitaire et le réchauffement climatique n’ont fait qu’accentuer. Aujourd’hui tout un pan de la jeune génération attend des entreprises qu’elles produisent des solutions et des technologies au service du bien commun.
La Tech, un support indispensable à toutes les sphères de la société
En exploitant d’immenses quantités de données complexes dans des affaires comme celle des Panama papers, les lanceurs d’alerte et journalistes sont, sans doute, les pionniers de ce mouvement. Ainsi, en mettant à disposition l’information en simultanée partout dans le monde, ils ont fait du numérique une technologie œuvrant pour la transparence. Puis avec le développement de nouvelles technologies comme les objets connectés ou la réalité virtuelle d’autres applications sont venues se greffer. Ainsi la tech s’est mise au service de la santé avec la possibilité d’identifier des tumeurs métastatiques de cancer, d’accéder par visio à des consultations dans les zones enclavées, de partager le dossier médical ou encore de suivre à distance des personnes dépendantes. Ces technologies permettent aussi de répondre aux problématiques de réduction des discriminations, des inégalités ou de l’inclusion des personnes handicapées. C’est aussi un soutien à une agriculture plus écologique, à une meilleure gestion des ressources naturelles, de l’énergie, à une réduction de l’empreinte carbone… Les technologies sont devenues un levier pour servir nos objectifs environnementaux et sociétaux, et donc le bien commun.
Des règlements européens pour encadrer les investissements dans des entreprises à impacts positifs
Toutefois comment être certains que ces technologies œuvrent pour le bien ? Gourmandes en matériaux rares et énergivores, sont-elles réellement bénéfiques ? Comment évaluer les impacts environnementaux et sociétaux de la technologie à une échelle globale ? Une problématique complexe qui intéresse l’Europe. En 2021 la Commission européenne a publié le règlement SFDR dont l’objectif est de contraindre les investisseurs à prendre en compte l’impact environnemental et sociétal des entreprises avant de les soutenir financièrement. Avec le SFDR, les entreprises doivent fournir aux investisseurs des informations sur leurs caractéristiques RSE, afin de permettre aux acteurs des marchés financiers de flécher les activités susceptibles de causer des préjudices importants, que ce soit de leur propre fait ou celui de leurs sous-traitants. Ainsi, toute la chaîne de valeur de l’activité doit intégrer les aspects liés à la durabilité. Si cette réglementation s’inscrit dans les Objectifs de Développement Durables (ODD) de l’ONU, elle n’est néanmoins que déclarative. Ce qui génère, chez les opposants à cette démarche, des attitudes de greenbashing et social bashing. La seule façon de se prémunir du green ou social washing est donc de mettre en place rapidement des méthodes standardisées pour mesurer, auditer et certifier de façon objective et identique tous les impacts environnementaux et sociétaux des entreprises.
Des standards pour mesurer les impacts environnementaux et sociétaux
Évaluer l’impact RSE des activités de production d’une entreprise est un travail éminemment complexe. Aussi, pour simplifier et harmoniser ces évaluations, de nombreux cabinets de conseils et d’études travaillent actuellement à l’élaboration de standards.
Si le législateur doit mettre en place un cadre légal, les entreprises doivent immédiatement s’emparer du sujet en s’engageant dans des démarches environnementales et sociétales positives de leurs activités. Mais une telle démarche nécessite non seulement une acculturation de l’ensemble des collaborateurs à ces problématiques mais aussi un partage des connaissances des impacts pour que chacun puisse nourrir l’intelligence collective de solutions durables. Ainsi, en déployant une plateforme ouverte, l’entreprise donne à tous les collaborateurs les moyens de repenser leurs métiers et d’agir en mettant en place de multiples actions pour le bien commun. Grâce au partage de la donnée, chacun peut participer au développement de process moins gourmands en énergie, en consommation d’eau, moins émetteurs de CO2, plus respectueux sur les conditions de travail des salariés, plus attentifs aux populations riveraines des sites, au développement de l’économie locale, ou aux achats responsables…
Si certaines entreprises n’ont pas encore mesuré l’importance d’orienter leurs activités vers des solutions et des technologies good qui les aident à contribuer positivement pour l’environnement et l’humanité, elles risquent fort de se priver de talents, de voir les consommateurs se détourner de leurs offres ou de limiter leur accès aux financements. L’heure n’est plus à la surenchère technologique. L’heure est aux choix technologiques pour le bien commun !
Tribune rédigée avec le concours de Stéphanie Chrétien, Partner chez Demeter.
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