Lorsque vous imaginez la Suisse, avez-vous en tête la montagne, les lacs, le chocolat, la fondue et les banques ? Cette image est pertinente, oui, mais incomplète. Car à présent, ce pays alpin est aussi « la Silicon Valley de la robotique, » d’après les termes de Chris Anderson, directeur général de l’entreprise 3D Robotics.
En dehors de la Californie, Zurich est la ville qui arbore le plus grand site dédié à la robotique, employant près de 2 500 ingénieurs, dont plus de 250 spécialistes de l’intelligence artificielle, avec un potentiel d’extension de la main d’œuvre à 5 000 personnes.
La branche suisse de Disney est celle qui s’est chargée des graphiques informatiques réalisés pour le film à grand succès La Reine des neiges. Par ailleurs, le personnel et les technologies clés de Deepmind, l’entreprise d’intelligence artificielle (IA) acquise par Google pour 500 millions de dollars seulement quatre ans après sa création, proviennent de l’institut de recherche suisse Lugano IDSIA Lab, classé dans le top dix mondial de la recherche en IA.
La Suisse se dresse donc en tant que concurrent sérieux face à la Californie, pour ses avancées technologiques, pour sa main d’œuvre et pour les financements qu’elle attire, tous ces éléments ayant de grandes retombées sur la quatrième révolution socio-économique mondiale.
Pays désigné comme le plus innovant au monde ces sept dernières années par l’Université Cornell, par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et par l’INSEAD, l’école d’administration des affaires située à Fontainebleau, la Suisse a également été sélectionnée par le cabinet d’expertise comptable KPMG comme le pays le mieux préparé au monde pour connaître un changement sur le long terme. Cette caractéristique est des plus pertinentes pour des pionniers de la robotique et de l’automatisation qui cherchent à bouleverser le statut quo social.
Les écoles polytechniques ETH Zurich et EPF Lausanne sont constamment classées parmi les meilleures à l’échelle européenne. Par rapport à sa population de seulement 8,5 millions d’habitants, la Suisse compte la proportion la plus élevée de revues scientifiques accréditées par les spécialistes du secteur.
Son infrastructure compte aussi une présence croissante d’entreprises spécialisées dans la technologie blockchain qui, en plus d’être utilisée pour des opérations financières, participe aussi grandement à l’e-gouvernement, aux contrats intelligents, à la robotique en essaim, à l’intelligence artificielle collective et à la vente au détail.
La Crypto Valley
Les technologues ont pour habitude de baptiser des lieux clés du secteur en utilisant le symbole de la vallée, « valley »; en l’occurrence, la Suisse ne manque pas de vallées naturelles. À ces véritables vallées une autre a pourtant été ajoutée : la zone qui entoure la ville suisse de Zoug est appelée Crypto Valley, illustrant le statut grandissant de la ville, d’après lequel cette dernière est le lieu le plus propice au développement de la blockchain dans le monde.
La ville de Lausanne a récemment été choisie pour être la base européenne de Rewired, une entreprise de robotique qui considère que l’amélioration des capacités sensorielles est la clé de la robotique intelligente de la génération à venir et qui investit dans les technologies rendant possible la perception de la machine.
Rewired a pour ambition d’aider à développer des technologies qui permettent aux robots de composer avec des environnements du monde réel, de prendre de bonnes décisions, et d’aider les humains à faire mieux avec moins. L’entreprise prévoit de s’étendre à l’Asie de l’Est et aux Etats-Unis.
Robotique intelligente
« Les environnements du monde réel sont hautement imprévisibles, contrairement aux environnements contrôlés que sont les entrepôts et les usines. La prochaine génération de robots intelligents doit pouvoir rassembler des données diverses au sujet de son environnement et les interpréter de manière holistique afin de modeler le monde et d’interagir avec lui de manière productive, » explique un associé de Rewire.
« Le studio de robotique que nous construisons est un centre mondial de l’innovation interdisciplinaire qui générera de nouvelles formes de collaborations humain-machine dans le cadre d’un spectre toujours plus large d’activités. »
Tej Kohli, le milliardaire indien reconnu pour son travail pionnier dans l’énergie solaire et dans les solutions face à la cécité cornéenne est également engagé dans l’investissement pour l’intelligence artificielle et apporte un soutien à Rewired.
Il pense que les avancées dans la robotique ne feront pas qu’alimenter la prochaine révolution industrielle mais qu’elles créeront aussi une opportunité massive pour l’amélioration de la qualité de vie des êtres humains.
« Je suis profondément engagé dans l’aide au modelage de ces technologies en vue de résultats qui sont de toute évidence immensément précieux pour la société, et j’ai pleinement confiance dans le fait que Rewired atteindra ses nobles buts, » s’émerveille t-il.
« Ce que j’aime chez Rewired c’est qu’il s’agit d’une entreprise animée par une vision plus humanitaire de la robotique et de l’intelligence artificielle. »
Parmi les conseillers de Rewired se trouve Thomas Estier, un entrepreneur de la robotique basé en Suisse qui a travaillé sur des projets pour l’Agence spatiale européenne.
Rewired déclare avoir été attiré par la Suisse du fait de la nature hautement multiculturelle du pays, les étrangers représentant plus de 20% de la population, 60% ayant un passé lié à l’immigration.
L’entreprise approuve également le régime fiscal du pays, son climat favorable à la recherche et à l’investissement pour le développement ainsi que son abondance en experts technologues.
Google se joint aux louanges formulées à l’égard de Rewired: » Parce que Google a commencé dans un garage, nous croyons que les grandes idées débutent souvent humblement, » a commenté Patrick Warnking, le directeur de la branche suisse de Google.
Google est membre fondateur de digitalswitzerland, une association travaillant au positionnement de la Suisse en tant que centre digital international.
« Nous croyons que les partenariats – en économie, recherche et stratégie – sont des facteurs importants du succès de la Suisse, » poursuit Patrick Warnking.
« C’est ce pourquoi nous nous délectons de l’opportunité d’être au cœur de Zurich pendant une période si passionnante, poursuivant les initiatives d’éducation pour les PME, et les initiatives comme digitalswitzerland pour promouvoir l’innovation. Nous sommes optimistes concernant la dernière expansion réalisée et à l’idée de continuer à travailler avec nos partenaires au déploiement de l’innovation en Suisse afin de dessiner le futur. »
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