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La star, le million et le procès : quand les NFT font leur cinéma !

NFT

Après les œuvres d’art, c’est au tour du cinéma de s’emparer de la révolution des NFT (Non fongible tokens) …non sans heurts. Derrière l’usage de cette révolution technologique et une potentielle lame de fond pour le financement et la promotion des films et séries, l’innovation cache une réelle complexité de mise en œuvre.

 

Rien de tel qu’un litige juteux pour lancer le débat. Avec la vente d’un de ses NFT Pulp Fiction à 1,1 M$ le 25 janvier et les poursuites juridiques lancées dans la foulée par les studios Miramax qui lui en dénient le droit, Quentin Tarantino met les pieds dans le plat sur le sujet « Que peuvent apporter les NFT au cinéma » ? Ils peuvent constituer une nouvelle ressource financière certes…mais pas dans n’importe quelles conditions.

 

Avec les NFT, tout un chacun peut posséder une quote-part d’un film

Les NFT sont des certificats d’authenticité d’une œuvre numérique, garantis grâce à la technologie blockchain. Derrière les mots savants, une réalité simple : créer par la technologie l’unicité d’une œuvre digitale (vidéo, image…) dans un monde Internet où la copie et la diffusion sont illimitées. Derrière l’unicité, la rareté liée à la possession des droits de propriété de l’œuvre numérique.

Mais l’application du NFT au secteur audiovisuel soulève des interrogations, notamment d’ordre juridique. Que représente le NFT qui n’est qu’un ensemble de lignes de code ? La question de la propriété intellectuelle se pose en regard de la représentation du NFT : une image issue d’une œuvre existante ? Une représentation du héros d’une série ? Des « rushs », c’est-à-dire des scènes tournées mais non utilisées dans le film, comme dans le cas Tarantino ? Chaque situation relève d’un cadre juridique différent, qui en outre, dépend des contrats signés en vue de l’exploitation de l’œuvre.

 

Si l’application de la technologie NFT est plutôt simple, la question du cadre juridique complexifie le débat.

Tous les NFT ne procurent pas les mêmes contreparties pour leurs acquéreurs et ne répondent pas aux mêmes cadres légaux. Ainsi, le NFT « utility » donne accès à un « cadeau exclusif ». En achetant le NFT de Tarantino, vous accédez au visionnage des « rushs » que le grand public n’a encore vu. Vous pourriez aussi dans la même logique acheter une « carte » NFT et collectionner des personnages incarnés par Uma Thurman, John Travolta… Ces « utility » doivent de ce fait, faire l’objet d’une analyse approfondie des droits existants (merchandising, représentation…) qui peuvent s’y rattacher.

Un autre type de NFT donne droit à une part des revenus du film. Ces NFT sont des « Security token », qui font l’objet d’un cadre règlementaire extrêmement restrictif. Distribuer de tels tokens nécessite des agréments ou des enregistrements auprès des institutions financières telles que l’AMF en France. Créer un acteur de ce type exige souvent 1 à 2 ans de travail en collaboration avec ces institutions. Le faire hors de ce cadre pouvant déboucher sur des poursuites pénales.

Le potentiel lié à l’usage des NFT est indéniable. Mais attention au chant des sirènes…comme toute innovation de rupture, la mise en œuvre des NFT doit faire l’objet d’une attention particulière. Il est probable qu’au-delà du financement, le principal intérêt du NFT soit avant tout de renouveler le marketing communautaire autour des films, séries, jeux vidéo… en particulier avec l’émergence du métaverse. Les NFT seront des portes d’accès incontournables vers ce nouveau terrain de jeu.

 

Tribune rédigée par Yannick Bossenmeyer, dirigeante de Cascade8. 

 

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